Enquête · 6 déc. 2007 à 23:09
Portrait de Jean-Christophe Cambadélis.
Pendant longtemps, Jean-Christophe Cambadélis a joué les seconds couteaux dans l'ombre de Lionel Jospin puis Dominique Strauss-Kahn. Empêtré dans de multiples affaires judiciaires, notamment celle de la MNEF à la fin des années 1990, Jean-Christophe Cambadélis voit l'horizon s'éclaircir aujourd'hui. Il a désormais les mains libres pour incarner la social-démocratie au PS depuis le départ de DSK au FMI. Député de Paris, il connaît bien le Parti Socialiste pour y avoir exercé de multiples fonctions d'encadrement. C'est lui qui a notamment été chargé d'organiser l'université d'été du PS en 2007. Mais pour passer à l'étape suivante, Jean-Christophe Cambadélis devra surmonter un déficit de notoriété auprès du grand public. (Série 11/20)
Pendant deux mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Jean-Christophe Cambadélis est né le 14 août 1951 à Neuilly-sur-Seine. Fils d'un restaurateur grec, il a fait des études de Sciences économiques, notamment en présentant une thèse à l'université de Jussieu sur les "Mouvements sociaux sous la Ve République". Etudiant engagé, il milite à l'OCI (Organisation communiste internationaliste) et a participé au congrès de scission de l'UNEF en 1971. En 1976, il est l'un des principaux animateurs du mouvement étudiant contre la réforme Saunier-Séïté. En 1980, Jean-Christophe Cambadélis participe à la réunification d'un certain nombre de syndicats étudiants et crée avec d'autres l'UNEF-ID. Il en prend la présidence jusqu'en 1984.
En 1986, il quitte le Parti Communiste Internationaliste (ex-OCI) pour rejoindre le PS et emmène avec lui près de 450 membres du parti d'extrême gauche. Grâce à ce coût médiatique et à son ancien poste à l'UNEF-ID, Jean-Christophe Cambadélis fait une entrée remarquée au PS. Deux ans plus tard, il décroche la 19ème circonscription de Paris contre le députés PS sortant. Battu aux législatives de 1993, il retrouve sa circonscription en 1997.
Pendant cette première période de sa carrière politique, Jean-Christophe Cambadélis est proche de Lionel Jospin, il fut notamment l'un des porte-paroles de la campagne présidentielle de 1995 et devient en 1997 le numéro 2 du PS en charge des relations extérieures.
Mais son ascension rapide au PS est stoppée à la fin des années 1990 et au début des années 2000 avec une succession d'affaires judiciaires, notamment celle sur les emplois fictifs de la MNEF. A chaque fois, Jean-Christophe Cambadélis est condamné. Il doit payer de lourdes amendes mais parvient à éviter des peines d'inégibilité synonymes de fin de carrière politique. Malgré tout, l'affaire de la MNEF va le tenir à l'écart de tous les postes de premier plan sous le gouvernement de Lionel Jospin.
Pendant que Jean-Christophe Cambadélis doit affronter tous ses ennuis judiciaires, la gauche connaît le traumatisme du 21 avril 2002 et l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. Dès lors, Cambadélis se rapproche de Dominique Strauss-Kahn et défend un réformisme de gauche destiné à amener le Parti Socialiste vers la Social-démocratie. Depuis, le député de Paris a poursuivi sa carrière politique en animant le courant de DSK et en se montrant très actif au sein du Parti Socialiste. Il a notamment présidé l'Université d'été du PS en août 2007 à La Rochelle.
En France, le courant socialiste-réformiste qui s'approche de la social-démocrate européenne s'est toujours incarné en une personnalité issue du PS. Après Michel Rocard et sous une autre forme Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn incarnait cette tendance depuis 2002. Mais suite au départ de ce dernier au FMI, le courant baptisé "Socialisme et Démocratie" est orphelin. Or, le courant de DSK représente environ 20% des militants au PS et est l'objet de tous les convoitises de la part de François Hollande, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë.
Mais les strauss-khaniens n'ont nullement l'intention de brader l'héritage de DSK et les années de travail qui ont été nécessaires pour constituer un réseau de militants au sein de chaque fédération socialiste. Jean-Christophe Cambadélis, ancien bras droit de DSK, souhaite donc maintenir intact le courant de DSK au Parti Socialiste pour en prendre le leadership.
En défendant ouvertement une rénovation social-démocrate au PS, il compte bien être un acteur incontournable lors du congrès de 2008.
*** Quelques sources pour cette biographie
- Nathaniel Herzberg, "Camba, Spithakis et les autres", Le Monde, 11 décembre 1999
- Isabelle Mandraud, "Au PS, les fidèles de Dominique Strauss-Kahn veulent résister aux appétits des ténors du parti", Le Monde, 1er septembre 2007
*** Quelques ouvrages de Jean-Christophe Cambadélis
L'Avenir de la gauche plurielle, Plon, 1999
Le Chuchotement de la vérité, Plon, 2000
L'Etrange Echec, Plon, 2002
Parti pris, Plon, 2007
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