Enquête · 16 déc. 2007 à 19:23
Depuis le départ de DSK au FMI, ses lieutenants veulent maintenir leur courant au sein du Parti Socialiste. Ancien bras droit de Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici peut prétendre au leadership des sociaux-démocrates, en concurrence avec Jean-Christophe Cambadélis. A 50 ans, cet énarque peut enfin jouer sa propre carte au PS. (Série 13/ 20)
Pendant deux mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Pierre Moscovici est né à Paris le 16 septembre 1957 au sein d'une famille d'intellectuels. Sa mère est analyste et son père, psychosociologue, a une réputation internationale en tant que chercheur. Il est aussi engagé en politique puisqu'il commence sa carrière en tant que trotskiste et a co-fondé le parti des Verts. Grâce à la situation aisée de ses parents, Pierre Moscovici a fait de nombreuses études et tout en multipliant ses centres d'intérêts. Dès le lycée, il s'intéresse à la politique et s'engage dans la lutte aux côtés des « cercles rouges » qui rassemblaient les sympathisants de la Ligue communiste révolutionnaire d'Alain Krivine.
Son baccalauréat en poche, il entame des études à l'université. Il obtient ainsi un double DEA en sciences économie et en philosophie. Il intègre l'Institut d'études politiques de Paris puis l'ENA. C'est dans cette école qu'il rencontre Dominique Strauss-Kahn, l'un des ses professeurs, rencontre décisive lui ouvrant grand les portes du Parti socialiste.
En 1984, il quitte la LCR d'Alain Krivine, se rapprochant alors des socialistes. Mais ce n'est que deux ans plus tard qu'il adhère au Parti. Grâce à Dominique Strauss-Kahn, il adhère au PS dans le groupe des experts dirigé par Claude Allègre. Tout naturellement, il obtient le poste de chargé de mission au cabinet de Lionel Jospin à l'Éducation nationale en 1989. Claude Allègre a joué un rôle dans cette promotion, lui qui est alors conseiller spécial du même cabinet. Pierre Moscovici s'occupe des affaires budgétaires. Sa mission est de taille puisqu'il doit gérer le budget le plus important de l'Etat, la gauche ayant fait de l'éducation nationale sa priorité. Il doit également prendre en charge les relations entre la télévision et l'éducation.
Entre 1990 et 1994, il est Chef de service de la modernisation du service public et du financement au Commissariat général du Plan. D'autre part, grâce à sa formation et son parcours professionnel, il entre à la direction du Parti socialiste en 1990 et s'occupe du secrétariat national aux études, puis de la trésorerie.
Il obtient une légitimité par les urnes en 1994 quand il est élu député européen. Il siège à Strasbourg pendant trois ans. La même année, il entre au conseil régional du Doubs. Implanté dans le département, il se présente aux élections législatives et y devient député en 1997. Il étend alors son influence dans la région en devenant conseiller régional de Franche-Comté.
En 1997, lorsque Lionel Jospin est nommé Premier ministre, Pierre Moscovici se rappelle à son bon souvenir espérant obtenir le poste de ministre de l'Economie mais il est finalement nommé ministre délégué chargé des Affaires européennes. En 2002, il doit s'occuper du programme de Lionel Jospin candidat à l'élection présidentielle. Après l'échec de Lionel Jospin dès le premier tour, Pierre Moscovici avouera ne pas avoir été surpris. Sur le terrain, il a vite perçu une rupture entre le PS et son électorat habituel.
En 2004, aux élections européennes, il obtient le poste de vice-président du Parlement européen. Il entre au Bureau du Parlement européen et devient responsable du Comité des organismes spécialisés dans les affaires communautaires. Il s'occupe également du groupe de travail sur le statut des députés européens.
En 2006, lors de la campagne interne de désignation du candidat socialiste pour l'élection présidentielle, Pierre Moscovici a dû choisir dans un premier temps entre ses deux anciens protecteurs : Dominique Strauss-Kahn et Lionel Jospin. Il a préféré soutenir son ancien professeur parce qu'il estime qu'il était le candidat le plus apte à comprendre les attentes des Français. L'ancien candidat à la présidentielle n'a pas accepté ce choix et a pris ses distances avec lui. Dominique Strauss-Kahn a perdu les primaires et le PS a échoué une nouvelle fois à l'élection présidentielle. Un vent nouveau est donc à prévoir au Parti. A cinquante ans, Pierre Moscovici veut incarner la relève en se présentant éventuellement au poste de premier secrétaire du PS en 2008.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
Les électrons libres
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
- Vincent Peillon, un docteur en philosophie qui veut devenir Premier secrétaire du PS
Les proches de Ségolène Royal
- Jean-Marc Ayrault, l'incontournable président du groupe socialiste à l'Assemblée
- Jean-Louis Bianco, la seconde jeunesse du Secrétaire général de Mitterrand
- Julien Dray, un dirigeant socialiste aux multiples facettes
- Aurélie Filippetti, la plus proche conseillère de Ségolène Royal
- François Rebsamen, un fin connaisseur des arcanes du PS
Les proches de Dominique Strauss-Kahn
- Jean-Christophe Cambadélis, le successeur de DSK ?
- Jean-Marie Le Guen, le spécialiste des questions de santé au PS
- Pierre Moscovici, le spécialiste de l'Europe au PS