Enquête · 19 déc. 2007 à 23:28
A 34 ans, Guillaume Bachelay fait figure de benjamin au Parti Socialiste. De sa génération, il est l'un des rares à ne pas avoir basculé dans la social-démocratie. Nostalgique des années Mitterrand d'avant le tournant de la rigueur de 1983, Guillaume Bachelay est avant tout un idéologue et défend un Parti Socialiste ancré très à gauche. Plume officielle de Laurent Fabius, il a fait jusqu'à présent tout son parcours politique dans l'ombre de l'ancien Premier ministre. Lorsque ce dernier a décidé de quitter le bureau national du PS, c'est lui qui a repris son siège. Situé très à gauche par rapport à la majorité du PS, il compte bien peser dans les débats préparatifs au congrès du parti en 2008.
Portrait de Guillaume Bachelay. Série 14/20
Pendant deux mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Guillaume Bachelay est né en 1974 en Normandie. Sa mère est contrôleuse des impôts et vote à gauche, son père est ouvrier en chaudronnerie avant de devenir patron de PME, il vote à droite, fervent partisan de Raymond Barre. Après un bac passé à Elbeuf près de Rouen, Guillaume Bachelay monte à Paris pour une hypokhâgne au lycée Henri IV. En 1995, étudiant en philosophie politique, il anime un club d'étudiants qui accueille des hommes politiques pour débattre des principaux enjeux de société. Après Douste-Blazy, Lang, Sarkozy, vient le tour de Laurent Fabius, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Cette rencontre va être décisive. Les deux hommes veulent travailler ensemble. Guillaume Bachelay met sa thèse de côté et ses cours à Paris IV pour entrer dans l'équipe de Laurent Fabius.
En 1997, Guillaume Bachelay devient conseiller de Laurent Fabius. D'abord à la présidence de l'assemblée nationale, puis au ministère des Finances lorsque Laurent Fabius a été nommé dans le gouvernement Jospin. A chaque fois, Guillaume Bachelay rédige des notes, des argumentaires pour son mentor. Lorsque la gauche perd les élections en 2002, Laurent Fabius se recentre sur le Parti Socialiste pensant la voie dégagée après le départ de Lionel Jospin. Guillaume Bachelay travaille rue de Solferino au siège du Parti Socialiste. Il met notamment en place la maison des élus socialistes, un dispositif qui mutualise les moyens octroyés aux élus sur tout le territoire.
Fidèle soutien de Laurent Fabius, il s'émancipe progressivement avec la bienveillance de l'ancien Premier ministre. Adjoint au maire de Cléon, village de 6 000 habitants situé en Seine-Maritime, Guillaume Bachelay est rentré au bureau national à la place de Laurent Fabius, suite à la prise de distance de ce dernier avec le parti l'été dernier.
Guillaume Bachelay, c'est avant tout une plume redoutée. Il s'est spécialisé notamment dans les formules assassines, les phrases choc qui résument une situation complexe et qui feront le tour des médias. Il fournit Laurent Fabius en "petites phrases". A ce sujet, Guillaume Bachelay déclarait au journal Libération : "La forme brève crée du mouvement et du chaos, réveille l'assistance et relance le jeu. L'humour est l'arme politique la plus efficace. Un peu comme un silencieux".
Parmi ses cibles privilégiées figure en premier Ségolène Royal. Il dénonce sa dérive social-démocrate et son "goût dégénéré du pouvoir". Il déplore le niveau des forums participatifs qui ressemblent à des réunions Tupperware. Dans son livre qui vient de paraître, Désert d'avenir, il passe rapidement sur Ségolène Royal pour revenir sur les temps anciens du PS, à l'époque où le parti de Mitterrand se positionnait vraiment à gauche.
En faisant partie du clan Fabiusien, Guillaume Bachelay se place volontairement dans la minorité du PS, située plus à gauche de la position officielle du parti. Si la ligne social-démocrate l'emporte, il y a fort à parier que le clan fabiusien reste à l'écart pour toujours. Mais si la culture de la synthèse, qui a pourtant paralysé le PS pendant des années, perdure, alors il peut légitimement prétendre à un poste au prochain congrès du PS en tant que représentant des fabiusiens.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
Les électrons libres
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
- Vincent Peillon, un docteur en philosophie qui veut devenir Premier secrétaire du PS
Les proches de Ségolène Royal
- Jean-Marc Ayrault, l'incontournable président du groupe socialiste à l'Assemblée
- Jean-Louis Bianco, la seconde jeunesse du Secrétaire général de Mitterrand
- Julien Dray, un dirigeant socialiste aux multiples facettes
- Aurélie Filippetti, la plus proche conseillère de Ségolène Royal
- François Rebsamen, un fin connaisseur des arcanes du PS
Les proches de Dominique Strauss-Kahn
- Jean-Christophe Cambadélis, le successeur de DSK ?
- Jean-Marie Le Guen, le spécialiste des questions de santé au PS
- Pierre Moscovici, le spécialiste de l'Europe au PS