Le Canard enchaîné · 20 déc. 2007 à 19:38
Le directeur de cabinet de Christine Boutin a donc annoncé sa démission, suites aux révélations du Canard Enchaîné? En un peu plus de dix ans, le journal satirique d'investigation a sorti au moins trois scandales immobiliers qui ont abouti soit à la démission, soit au déménagement des intéressés. En 1995, Alain Juppé est contraint de déménager. En 2005, le ministre de l'Economie, Hervé Gaymard, est obligé de démissionner. Aujourd'hui, c'est donc autour du directeur de cabinet de la ministre du Logement. Rappel des faits.
- Libération : Boutin, les 48 heures qui ont conduit à la démission de son directeur de cabinet
- Le Figaro : L'ex-bras droit de Boutin se rebiffe
- L'Express : Bolufer réclame une enquête
La pression sur Jean-Paul Bolufer, directeur de cabinet de Christine Boutin, était trop forte. Depuis les révélations du Canard Enchaîné hier, de nombreux responsables politiques avaient réclamé sa démission. Martin Hirsch, le Haut Commissaire aux solidarités actives, avait dégénéré le premier dès le jour de la publication de l'article du Canard en déclarant que Jean-Paul Bolufer devait "proposer sa démission". Après discussions, Christine Boutin et le Premier ministre en sont arrivés à la même conclusion. Exit donc le directeur de cabinet. Depuis 1981, ce dernier occupait un logement à Paris dans des conditions très avantageuses puisqu'il payait un loyer d'environ 1200 euros pour 192m², au lieu d'environ 4800 euros (prix du marché). Il bénéficiait de cet arrangement depuis qu'il avait pris ses fonctions de directeur adjoint de cabinet de Jacques Chirac, maire de Paris. Depuis, il avait pu rester dans ce logement aux mêmes conditions.
L'affaire du directeur de cabinet de Christine Boutin rappelle celle d'Hervé Gaymard en 2005. A l'époque, Le Canard enchaîné révèle qu'Hervé Gaymard, ministre de l'Economie, loge avec sa femme et ses huit enfants dans un luxueux appartement payé par l'Etat. Le loyer de ce duplex de 600 m2 s'élève à 14 400 euros par mois. L'affaire est révélée par le 15 février 2005. Pendant 10 jours, Hervé Gaymard va tenter de se défendre en multipliant les maladresses. Dans son édition du 22 février, le journal satirique va en remettre une couche en discréditant la défense du ministre de l'Economie. Devant l'ampleur de la polémique, il quitte ses fonctions le 25 février 2005. En septembre de la même année, il a remboursé à l'Etat 58 894 euros correspondant aux frais d'aménagement de cet appartement parisien.
En juin 1995, le Canard Enchaîné se procure un document interne de la Ville de Paris, signé par Alain Juppé, qui demandait aux services des logements de la mairie de diminuer le loyer de son fils Laurent. Ce dernier bénéficiait de conditions très avantageuses en payant un faible loyer pour un appartement luxueux de 89 m2 dans le VIe arrondissement. Alain Juppé bénéficiait également de ce même type d'avantages. Après le dépôt d'une plainte de l'Association des contribuables parisiens, le Premier ministre avait du déménager en 1996 pour mettre un terme à la polémique.
Si le Canard Enchaîné s'est spécialisé dans les scandales immobiliers, parfois, ceux-ci n'aboutissent pas. C'est le cas, par exemple, de la polémique sur les travaux de réfection du logement de Nicolas Sarkozy. Selon le Canard Enchaîné du 28 février 2007, Nicolas et Cécilia Sarkozy ont acquis une maison sur l'Ile de la Jatte en 1997 à Neuilly-sur-Seine, pour un montant nettement inférieur au prix du marché. L'ancien maire de Neuilly aurait également bénéficié d'une petite ristourne sur les travaux de réfection. Au total, le couple aurait bénéficié d'environ 2 millions de francs d'économies. Cette révélation intervenue en pleine campagne présidentielle n'a pas eu les effets escomptés auprès de l'opinion. Elu président de la République en mai 2007, Nicolas Sarkozy est écarté de toutes poursuites. L'affaire a été classée sans suite.
- Qu'est-ce que le droit au logement opposable ?
- Les mal-logés embarrassent Christine Boutin
- Logement : les cafouillages de Sarkozy et du gouvernement
- Christine Boutin à Lyon : une opération médiatique de 300 000 euros
- Débat à la télévision : Christine Boutin choisit ses contradicteurs
- Silence ou langue de bois, le dilemme de Christine Boutin
- Le nouveau coup médiatique de Boutin : un Don Quichotte au ministère ?
_____________________________________________________
Quiz : Quel ancien président de la République siège à l'Académie française ?