Enquête · 23 déc. 2007 à 15:53
Agé de 56 ans, Claude Bartolone a fait toute sa carrière politique dans l'ombre de Laurent Fabius. Fidèle de l'ancien Premier ministre, il a toujours défendu son mentor tout au long de sa carrière politique. Claude Bartolone a toujours été convaincu que Laurent Fabius accéderait aux plus hautes fonctions de l'Etat. Bras droit du député de Seine-Maritime, il joue généralement le rôle de porte-flingue contre les opposants à Laurent Fabius. Dernièrement, il a dressé un bilan sans concession de la campagne présidentielle de Ségolène Royal. En 2008, il devrait jouer un rôle central au congrès du PS en tant que porte-parole des Fabiusiens.
Portrait de Claude Bartolone. Série 15/20
Pendant deux mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Claude Bartolone est né en Tunisie le 29 juillet 1951, au sein d'une famille d'immigrés siciliens et maltais ayant fui le fascisme. A Tunis, son père trouve un emploi dans le domaine de la viticulture mais à cause de la réforme agraire du président Bourguiba, créant le mécontentement général, la famille Bartolone décide de quitter le pays en 1960. Elle choisit de s'installer en France, aux abords de Paris, au Pré-Saint-Gervais, dans un petit appartement. Son père trouve un emploi de nuit aux Halles.
Claude Bartolone entre dans le très réputé lycée Turgot dans le 3ème arrondissement de Paris. A cette époque, il commence à s'intéresser de près à la politique. Il veut défendre non seulement les idées de la République mais surtout celles de l'égalité pour tous. En 1974, tandis que sa mère adhère au Parti socialisme, Claude Bartolone s'engage également aux côtés de François Mitterrand et colle des affiches pour soutenir sa candidature à l'élection présidentielle.
Après avoir obtenu son baccalauréat avec mention, il s'inscrit à l'université de Jussieu pour y faire des études de mathématiques et de physique. Il s'engage dans la vie professionnelle en travaillant dans l'industrie pharmaceutique.
En 1980, Claude Bartolone fait la connaissance de celui à qui il restera fidèle, Laurent Fabius alors qu'il vient d'adhérer au Parti socialiste. Laurent Fabius donne des cours aux jeunes cadres du Parti sur le budget. Les deux hommes s'apprécient. Grâce au soutien de son mentor, Claude Bartolone est propulsé en quelques mois à peine secrétaire de section. Ses missions, par la suite sont multiples. En tant que résident du Pré-Saint-Gervais, ville à laquelle il demeure également fidèle, il contribue à la victoire de Marcel Debarge aux élections municipales de 1977. Fort de ce triomphe, il continue son ascension politique grâce aux soutiens de François Mitterrand et Laurent Fabius : en 1979, il est élu aux élections cantonales conseiller général. Enfin, en 1981, il remporte les élections législatives et devient député de Seine-Saint-Denis.
Même si Claude Bartolone a rencontré Laurent Fabius en 1980, leur véritable alliance date de 1986, quand Lionel Jospin demande aux membres du conseil national de décider qui, de lui ou de Laurent Fabius, mènera la campagne des élections législatives. Claude Bartolone qui est devenu député grâce au soutien notamment de Laurent Fabius décide de s'engager à ses côtés et rejoint les fidèles du candidat, Jean-Michel Bichat et Maurice Benassayag. Mais pour devenir vraiment indispensable, il crée de nouveaux réseaux et devient une sorte de confident politique prêt à tout pour sa réussite. Ainsi, la presse rapporte que Claude Bartolone et Laurent Fabius ont élaboré une tactique bien huilée : le premier mène les attaques de front tandis que le second apparaît plus posé et mesuré. En 1990, une véritable guerre est ouverte entre les deux poids lourds du Parti socialiste lors du congrès de Rennes : Fabius et Jospin. Claude Bartolone continue de défendre son mentor malgré la dureté des conflits.
Quand en 1997, Lionel Jospin lui propose de devenir secrétaire d'Etat à la Santé dans son gouvernement, Claude Bartolone n'hésite pas longtemps : il refuse l'offre estimant ne pas obtenir un poste à la grandeur de ses ambitions et de ses capacités. Si son ennemi, le communiste Jean-Claude Gayssot, est nommé ministre des transports, lui ne peut devenir simple secrétaire d'Etat. Finalement, il attendra 1998 pour obtenir le poste de ministre délégué à la ville.
Claude Bartolone s'est toujours opposé à l'Europe et a convaincu son mentor, Laurent Fabius, de le suivre dans ce combat. Il refuse pour commencer le traité de Maastricht de 1992 estimant que l'Europe à l'anglo-saxonne n'est pas un modèle à poursuivre. Il souhaite au contraire ouvrir le débat sur l'Europe sociale et démocrate.
Par la suite, il s'engage pour le « non » à la Constitution européenne en 2005 aux côtés de Laurent Fabius qu'il a convaincu sans mal. La victoire du « non » au référendum apporte ainsi un nouveau crédit au couple Fabius/Bartolone.
Lors des primaires socialistes en novembre 2006, Claude Bartolone a apporté son soutien au candidat Laurent Fabius. Il mène en coulisses la pré-campagne de l'ancien Premier ministre. Finalement, c'est Ségolène Royal qui a remporté la primaire et s'est présentée à l'élection présidentielle, refusant par la suite l'appui des éléphants. Pourtant, Claude Bartolone a été appelé par la candidate pour faire partie de l'équipe du « Pacte Présidentiel », équipe qui ne s'est en réalité jamais vraiment réunie.
Dès 1977, Claude Bartolone est parvenu à s'implanter dans la ville du Pré-Saint-Gervais puis dans le département de Seine-Saint-Denis. En 1979, il est élu aux cantonales conseiller général et depuis 1981, il est réélu sans discontinuité député de Seine-Saint-Denis. Entre 1995 et 2001, il est membre du conseil municipal du Pré-Saint-Gervais puis maire du Pré-Saint-Gervais. Gravissant encore les échelons, il devient en 1998 membre du conseil régional d'Île-de-France. En juin 2007, il remporte de nouveau les élections législatives de Seine-Saint-Denis. Mais ses ambitions sont plus grandes : il se présente aux élections cantonales de 2008 et espère remporter la présidence du Conseil général de la Seine-Saint-Denis.
Au congrès du Parti Socialiste, Claude Bartolone assurera son rôle de bras droit de Laurent Fabius en faisant en sorte que les fabiusiens ne soient pas écartés de la nouvelle direction avec l'espoir que son mentor soit en situation de se présenter à la présidentielle de 2012.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
Les électrons libres
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
- Vincent Peillon, un docteur en philosophie qui veut devenir Premier secrétaire du PS
Les proches de Ségolène Royal
- Jean-Marc Ayrault, l'incontournable président du groupe socialiste à l'Assemblée
- Jean-Louis Bianco, la seconde jeunesse du Secrétaire général de Mitterrand
- Julien Dray, un dirigeant socialiste aux multiples facettes
- Aurélie Filippetti, la plus proche conseillère de Ségolène Royal
- François Rebsamen, un fin connaisseur des arcanes du PS
Les proches de Dominique Strauss-Kahn
- Jean-Christophe Cambadélis, le successeur de DSK ?
- Jean-Marie Le Guen, le spécialiste des questions de santé au PS
- Pierre Moscovici, le spécialiste de l'Europe au PS
Les proches de Laurent Fabius
- Guillaume Bachelay, la plume de Laurent Fabius
- Claude Bartolone, le bras droit de Laurent Fabius