Le Canard enchaîné · 29 déc. 2007 à 19:01
On se souvient qu'en janvier dernier, une polémique opposait les différents principaux candidats à l'élection présidentielle : les proches de Nicolas Sarkozy avaient jeté le doute sur la déclaration de l'ISF du couple Royal-Hollande. Quelques jours après, tous les candidats avaient rendu public leur patrimoine. Le Canard enchaîné daté du 14 mars 2007 a ainsi révélé pourquoi et comment le président centriste, François Bayrou ne paie pas l'impôt sur la fortune contrairement à ses petits camarades.
En cette fin d'année, tous les journaux, les radios, les télévisions proposent des rétrospectives de l'année 2007. En politique, on pourrait revenir sur le sacre de Nicolas Sarkozy, les cafouillages de Ségolène Royal pendant la campagne, les épisodes du Sarko Show depuis le 6 mai. Mais, au lieu de vous resservir des informations réchauffées, Politique.net vous propose une série en 7 épisodes des informations qui sont quasiment passées inaperçues pendant l'année.
Episode 4 : François Bayrou est un agriculteur pour le fisc
Tout au long de la campagne présidentielle, François Bayrou n'a cessé de répéter ses origines modestes béarnaises. Pour les médias, il a accepté de poser pour des photos sur son vieux tracteur Ford de 1965 dans sa vaste propriété, revendiquant ainsi ses origines. Et de déclarer le jour de l'annonce de sa candidature à la présidentielle : « l'authenticité aujourd'hui est une arme. Il faut s'adresser à son pays avec ce qu'on est ».
François Bayrou est, aux yeux du fisc, non pas un homme politique, député des Pyrénées-Atlantiques, il est avant tout un exploitant agricole cotisant à la Mutualité sociale agricole et détient un numéro de TVA professionnelle. Par conséquent, son patrimoine relève,d'un point de vue juridique, de « biens professionnels » lui permettant ainsi de ne pas payer, quel que soit le montant de sa fortune, d'ISF. Pour le fisc en effet, un élu n'exerce pas une profession mais remplit une « fonction élective ». Par conséquent, Bayrou n'est pas un homme politique mais un éleveur-naisseur de pur-sang !
François Bayrou possède ainsi une douzaine de juments reproductrices qui lui permettent de faire des saillies et d'élever des pur-sang pour remporter des courses hippiques. C'est en août 1995 qu'il s'offre sa première poulinière à Deauville grâce aux droits d'auteur de son livre Henri IV. L'animal vaut 70 000 francs mais en fait gagner bien plus à son propriétaire grâce aux juments qu'elle engendre. Ces chevaux remportent des courses et rapportent près de 50 000 euros à François Bayrou, selon les sources du Canard Enchaîné. Pour enrichir ses écuries, l'exploitant Bayrou multiplie les saillies et les ventes. D'après le France Galop, ces chevaux auraient rapporté à leur propriétaire 37 257 euros en 1999 et 43 642 euros en 2000.
François Bayrou possède dans son village natal de Bordère, une propriété de 9 hectares qu'il a acheté en 1978 lorsqu'il était professeur à Pau. A l'époque, la maison et le terrain valaient 150 000 francs. Grâce à ses promotions professionnelles, il a pu agrandir son domaine. En 1981, il achète la grange avoisinante d'une valeur de 80 000 francs. En 1994, alors qu'il est désigné ministre de l'Education, il acquiert une maison dans la même rue pour 230 000 francs. En 2002, il s'achète, toujours dans cette rue, une grange d'une valeur de 80 000 francs. Dans le coin, les ennemis de François Bayrou ont baptisé ce domaine la « Maison blanche », qui rappelons-le n'est pas à être déclaré au fisc puisqu'il fait partie des « biens professionnels ».
Pour ses séjours à Paris, François Bayrou possède un petit pied à terre dans le VIIème arrondissement, près du siège de son parti et de l'Assemblée nationale. Il s'est acheté ce deux pièces de 50 m² en 1997 pour un montant de 179 890 euros. Selon les agents immobiliers, le bien en vaudrait plus du double.
François Bayrou a beau s'afficher en photo sur son vieux tracteur et prôner les valeurs terriennes, il n'en reste pas moins que ses ennemis le considèrent comme un pingre. En 2002, pour se préparer au mieux à la présidentielle, il s'était acheté des costumes, chez le couturier parisien Hartwood, pour la somme de 42 566 euros, essayant de l'inclure dans ses comptes de campagne. Le Conseil constitutionnel l'a épinglé et a réduit le remboursement de ses frais d'habillement à 5 000 euros.
Enfin, grâce à son best-seller, Henri IV, vendu à plus de 250 000 exemplaires, François Bayrou a pu s'acheter sa belle jument et se constituer une écurie de pur-sang, tandis que l'on rapporte que ses trois nègres n'ont rien touché puisque selon l'auteur, ils l'ont aidé « à titre amical ».
Rétro 2007 : les épisodes précédents
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- Enquête sur la fortune de Jean-Marie Le Pen : le leader du FN contourne l'ISF
Rétro : élections 2007
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Sarkozy, six mois pour succéder à Chirac
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Ségolène
Royal échoue, mais veut préparer 2012
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Les
divisions de l'extrême gauche et la percée d'Olivier Besancenot
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Chirac, un retraité rattrapé par la Justice
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