Le Parti Socialiste voit ses effectifs baisser de 40% dans certaines fédérations

Revue de presse · 3 jan. 2008 à 13:38

Adhérents au Parti Socialiste

Il est toujours difficile de connaître le nombre exact de militants d'un parti politique. Dans ce domaine en particulier, les Etats majors pratiquent la gonflette : les chiffres sont systématiquement surévalués. Depuis que Nicolas Sarkozy a pris la tête de l'UMP, la bataille des chiffres fait rage entre les grandes formations politiques. Le président de l'UMP avait fait de l'augmentation des adhérents son baromètre pour la présidentielle. D'environ 150 000 adhérents en 2004, l'UMP était passée au début de l'année 2007 à près de 330 000 adhérents. Le Parti Socialiste avait riposté en créant une adhésion à 20 euros pour la présidentielle afin d'inciter les militants à prendre leur carte du PS pour la primaire socialiste de 2006. Mais les périodes post-électorales sont toujours difficiles pour les partis. Selon les derniers chiffres qui circulent, c'est encore plus difficile pour le Parti Socialiste.

Des chiffres souvent surévalués

Connaître le nombre exact d'adhérents à un parti politique relève d'une mission souvent impossible. Tous les partis politiques pratiquent la surévaluation car ce qui fait la force et la vitalité d'un parti, c'est avant tout le nombre de ses militants. Pour truquer les chiffres, rien de plus simple : une personne qui a adhéré une année à un parti politique n'est pas rayée des fichiers du parti. Même si l'adhérent n'a plus payé sa cotisation depuis des années, il disparaîtra rarement des listings. Même au moment des congrès des partis, le nombre de participants est surévalué. Le jour de l'investiture du candidat Sarkozy, le 14 janvier 2007, l'UMP avait annoncé plus de 100 000 participants alors qu'il n'y avait que 20 000 places assises et que les hangars ne pouvaient accueillir au grand maximum que 25 000 à 30 000 personnes, bien loin des 100 000 participants annoncés.

Parti Socialiste : Qui sont les militants à 20 euros ?

Pour contrer le rouleau compresseur de l'UMP, le Parti Socialiste a eu l'idée de créer une adhésion moins chère pour la présidentielle 2007. Ces fameux adhérents à 20 euros sont venir grossir les effectifs d'un Parti Socialiste vieillissant. La plupart des commentateurs estiment que ces nouveaux adhérents s'étaient inscrits pour la première fois dans un parti politique pour soutenir Ségolène Royal lors de la primaire 2006.
Au moment où la campagne de recrutement a été lancée le 9 mars 2006, le PS comptait 130 000 adhérents. A la veille de la clôture des adhésions pour pouvoir voter lors de la primaire socialiste, le parti a dépassé le nombre de 200 000 adhérents, record historique. Le PS a profité de cette nouvelle vague pour refaire une cartographie des militants PS de 2006. Ils sont plus jeunes (43 ans en moyenne contre 55 ans auparavant), plus diplômés (54% a au moins un bac +3) plus urbains (un tiers vit dans une ville de plus de 100.000 habitants), plus féminins aussi. Avec 70 000 adhérents, Paris devient ainsi la première fédération de France et détrône le Pas-de-Calais et le Nord, fédérations traditionnellement les plus importantes, et donc les plus influentes.

Les premières estimations 2008 s'annoncent catastrophiques au PS

Dans son édition du mercredi 2 janvier 2007, le Canard Enchaîné révèle que les effectifs des fédérations socialiste sont en chute libre selon les premières estimations. Le parti se base sur les chiffres de participation des militants à la désignation des candidats PS aux municipales. Or, les taux de participation sont très mauvais au point que François Rebsamen, numéro 2 du parti, parie en privé qu'il y aura une baisse de 40% des effectifs. Si les bastions traditionnels (Nord, Seine-Marine, les Landes) connaissent une érosion habituelle dans une période post-présidentielle (entre 10 et 20% de baisse), les défections dans certaines fédérations, comme à Paris, atteignent 60%. Et selon un premier secrétaire fédéral qui requiert l'anonymat, les partants ne sont pas simplement des militants à 20 euros. Des militants de longue date se lassent également des querelles sans fin des éléphants du PS. A cet égard, les livres assassins sur Ségolène Royal ont eu des effets dévastateurs pour l'image du parti.
Résultat : en novembre 2006, 218 771 adhérents avaient participé à la désignation de Ségolène Royal comme candidate à la présidentielle. Début 2008, au moment de la reprise des cartes par les militants, leur nombre pourrait chuter autour de 150 000. Pas sur que cette chute soit un bon signe pour Ségolène Royal, elle qui avait le plein de voix parmi ses nouveaux adhérents.



*** Sources
- Brève « Soldes d'hiver », Le Canard Enchaîné n°4549, mercredi 2 janvier 2008, page 2
- Brève « Le PS affiche 200 000 militants », Le Figaro, octobre 2006

*** Liens

- 14 janvier 2007 : Les faux chiffres du congrès de l'UMP
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Portrait de François Rebsamen, numéro 2 du Parti Socialiste
- Désirs d'avenir, l'outil de conquête de Ségolène Royal
- Les hésitations stratégiques de Ségolène Royal

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Quiz : En quelle année a été créé le Parti Socialiste ?

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