Enquête · 6 jan. 2008 à 21:31
Portrait de Stéphane Le Foll. Série 17/20
Bras droit de François Hollande, Stéphane Le Foll travaille au cabinet du Premier secrétaire depuis 1997. A ce titre, il participe régulièrement à tous les points de presse du Parti Socialiste. Omniprésent dans les médias, il reste pourtant méconnu du grand public. C'est tout le paradoxe de celui qui est l'un des rares responsables socialistes à être resté fidèle à François Hollande.
Pendant deux mois, Politique.net propose une série de 20 portraits de
personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans
un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire
socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page
des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un
congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur
de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Stéphane Le Foll est né le 3 février 1960 au Mans. Il passe son enfance dans un village de 300 habitants, Longnes, situé à une bonne dizaine de kilomètres de Mantes-la-Jolie. Il n'a jamais quitté la région. Aujourd'hui encore, il habite une petite ferme de ville à Longnes, dans l'ancien quartier Renault. Stéphane Le Foll demeure très attaché à ses origines bretonnes et terriennes. L'un de ses grands-pères possédait un grand terrain de huit hectares où broutaient quelques équidés. Son père est venu à Paris pour travailler à la poste puis a déménagé au Mans pour devenir instituteur dans un petit village, dans une école à classe unique. C'est donc au Mans que Stéphane Le Foll voit le jour. Après l'obtention de son baccalauréat, il s'inscrit à un BTS agricole.
Même s'il est Sarthois, il se considère comme un véritable breton et cultive son appartenance à la région. Il s'intéresse à l'histoire des Celtes, participe au festival du chant de Marin. De même, entre 1978 et 1981, comme de nombreux bretons, il manifeste contre le projet d'installation d'une centrale nucléaire à Plogoff.
En 1983, il se présente au conseil municipal de son village, Longnes, et remporte les élections. Il conserve pendant douze ans son poste. En 1997, il devient Conseiller Technique auprès de Louis Le Pensec, ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il poursuit son implantation dans la région sarthoise. En mars 2001, il est élu conseiller municipal du Mans.
En 2004, il se présente aux élections européennes et devient député européen. Fort de ses expériences agricoles, il s'intéresse à la production ainsi qu'à l'écologie.
Parallèlement à ce travail d'élu, il entre au cabinet de François Hollande en 1997 et gravit tous les échelons au Parti. En 2001, il est membre du Conseil national. Entre 2003 et 2005, il devient Secrétaire national à la coordination. En 2006, il participe à la création du groupe Saint-Germain qui réunit différents experts, chercheurs et responsables politiques et anime un groupe de réflexion sur les questions alimentaires et agricoles. En 2007, il entre au Bureau national du Parti socialiste. Il parvient ainsi à devenir une figure importante au PS même s'il reste d'une grande discrétion.
Stéphane Le Foll entre dans le cabinet du premier secrétaire du Parti socialiste, en 1997, pour en assumer la direction. Tout oppose les deux hommes : tandis que Stéphane Le Foll a la réputation d'être impulsif, franc du collier et plutôt bourru, François Hollande au contraire est facétieux, diplomate. Mais, tous deux parviennent à partager les rôles : le premier secrétaire s'affiche sympathique et jovial en public et son directeur de cabinet donne les coups en coulisses.
Alors qu'il demeure fidèle à François Hollande, Stéphane Le Foll n'aime guère l'arrivée de Ségolène Royal sur le devant de la scène politique, et même si de nombreux socialistes semblent apprécier ce duo, lui préfère se tenir à l'écart et continuer sa route politique dans sa région sarthoise.
Stéphane Le Foll se montre loyal à l'égard de François Hollande qu'il a tenté de convaincre de se présenter aux primaires socialistes en novembre 2006. Finalement, comme le premier secrétaire du PS a accepté de céder sa place à sa compagne Ségolène Royal, Stéphane Le Foll a voté pour sa candidature, sans grande conviction.
Malgré sa marque de soutien en donnant sa voix à Ségolène Royal, il ne peut s'empêcher de manifester son scepticisme tout au long de la campagne présidentielle. Au moment du bilan de la campagne, il apparaît que le PS et ses principaux responsables n'ont pas vraiment joué le jeu en apportant un réel soutien à la candidate. Si François Hollande est plus moins épargné par les critiques, il n'en est pas de même de son directeur de cabinet. Par exemple, on accuse Stéphane Le Foll d'avoir manoeuvré pour faire revenir Jospin en politique et donné son point de vue plus que négatif sur Ségolène Royal jugée incompétente. Stéphane Le Foll nie en bloc ses accusations. A chaque mauvais tour joué à la candidate, c'est pourtant lui qui est tenu pour responsable.
Contrairement aux anciens amis de François Hollande, tels Julien Dray et François Rebsamen qui ont changé leur fusil d'épaule et soutenu la candidate, Stéphane Le Foll a toujours été fidèle au Premier secrétaire du PS. Aujourd'hui, il se retrouve isolé dans un contexte où François Hollande s'apprête à passer la main.
Lors des Législatives 2007, Stéphane Le Foll se présente dans la Sarthe. La campagne est d'autant plus difficile que c'est le Premier ministre lui-même qui se présente dans cette circonscription. Comme Stéphane Le Foll, François Fillon est parfaitement intégré à la région : il s'est installé avec sa femme et ses cinq enfants à Sablé-sur-Sarthe où il est député. Au cours de la campagne, Stéphane Le Foll essaie de montrer les vraies valeurs terriennes de sa région, son attachement profond à la Sarthe par opposition à un candidat qui vivrait dans un véritable manoir.
Mais face au rouleau compresseur Fillon, Stéphane Le Foll est battu dès le premier tour, François Fillon étant élu avec 53,3% des suffrages contre 30,02% pour le candidat socialiste.
Aujourd'hui, Stéphane Le Foll s'apprête à passer la main au sein de la direction du parti socialiste. Son sort est scellé avec celui de François Hollande. Mais si ce dernier parvient à revenir sur le devant de la scène grâce à une liberté de ton retrouvée, nul doute que Stéphane Le Foll pourrait revenir dans le jeu interne du PS.
La situation du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Quelles sont les différences idéologiques au sein du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants
- Ségolène Royal, les raisons d'une défaite qu'elle ne reconnaît pas
Les électrons libres
- Benoit Hamon, le fondateur du Nouveau Parti Socialiste
- Arnaud Montebourg, le trublion du PS
- Gaëtan Gorce, un homme politique discret qui s'affirme
- Manuel Valls, un social-libéral au Parti Socialiste
- Vincent Peillon, un docteur en philosophie qui veut devenir Premier secrétaire du PS
Les proches de Ségolène Royal
- Jean-Marc Ayrault, l'incontournable président du groupe socialiste à l'Assemblée
- Jean-Louis Bianco, la seconde jeunesse du Secrétaire général de Mitterrand
- Julien Dray, un dirigeant socialiste aux multiples facettes
- Aurélie Filippetti, la plus proche conseillère de Ségolène Royal
- François Rebsamen, un fin connaisseur des arcanes du PS
Les proches de Dominique Strauss-Kahn
- Jean-Christophe Cambadélis, le successeur de DSK ?
- Jean-Marie Le Guen, le spécialiste des questions de santé au PS
- Pierre Moscovici, le spécialiste de l'Europe au PS
Les proches de Laurent Fabius
- Guillaume Bachelay, la plume de Laurent Fabius
- Claude Bartolone, le bras droit de Laurent Fabius
- Henri Weber, le co-fondateur de la LCR devenu fabiusien