Rétention de sûreté : Elisabeth Guigou s’emporte

Revue de presse · 9 jan. 2008 à 19:33

Elisabeth Guigou à l'Assemblée

Les députés de l'Assemblée nationale débattent depuis hier autour de l'amendement visant à modifier le principe de la rétention de sûreté qui permet de placer les criminels les plus dangereux dans des centres socio-médico-judiciaires après avoir effectué la totalité de leur peine en prison. Lors des débats, Elisabeth Guigou, ancienne garde des Sceaux, s'est emportée en assimilant cette mesure à celles des pires moments de l'Allemagne nazie. Ambiance.

Revue de presse du mercredi 09 janvier 2008

- Le Figaro : Dati veut durcir la loi sur la rétention de sûreté
- Libération : Rétention de sûreté : ce que prévoit la loi Dati
- Le Monde : L'UMP dénonce des "propos indignes" d'Elisabeth Guigou

Qu'est-ce que la rétention de sûreté ?

La rétention de sûreté est destinée à placer les criminels jugés trop dangereux pour retrouver la société civile dans des centres socio-médico-judiciaires. C'est une commission spéciale qui se réunit et décide si ces personnes concernées sont aptes à retrouver leur liberté ou bien si elles doivent être encore surveillées un an. Cette rétention est renouvelable chaque année si bien qu'un criminel après avoir purgé sa peine en prison peut passer le reste de son existence en prison.
Jusqu'à présent, seuls étaient concernés par cette rétention de sûreté les criminels sur des mineurs de moins de 15 ans. Mais la garde des sceaux, Rachida Dati veut amender cette loi en la durcissant. Deux amendements ont été prononcés. D'abord, la commission des lois de l'Assemblée nationale a estimé que tous les criminels sur les moins de 18 ans sont concernés par cette rétention de sûreté. Ensuite, le député UMP Georges Fenech envisage d'appliquer cette loi à tous les dangereux criminels que leurs crimes soient mineurs ou majeurs.

La violente attaque d'Elisabeth Guigou

Cet amendement n'a pas été accueilli par l'opposition avec les applaudissements. L'ancienne garde des sceaux, la socialiste Elisabeth Guigou s'est emportée violemment mardi soir contre le projet de loi considérant que cette rétention de sûreté, appliquée de la sorte, peut mener aux «pires débordements de l'Allemagne nazie». Pour elle, Rachida Dati et Georges Fenech veulent appliquer une loi régressive proche du philosophe Lombroso au détriment de Cesare Baccaria, philosophe des Lumières. A la fin du 18ème siècle, en effet, Cesare Beccaria envisage pour la première fois de punir un criminel par une peine pénale pour le délit qu'il a commis. Au contraire, le médecin légiste Cesare Lombroso, au 19ème siècle, a passé sa vie à étudier la morphologie des crânes de criminels. Il a montré que certaines personnes étaient programmées physiquement pour commettre des crimes. Aussi, toute peine de prison est inutile, mieux vaut-il se débarrasser de ces personnes nuisibles et irrécupérables. Les nazis eux-mêmes se référèrent à ce philosophe pour justifier certaines exterminations.

L'UMP exige des excuses

L'UMP et en particulier Jean-François Copé n'ont pas apprécié cette comparaison. Ils demandent une excuse de la part d'Elisabeth Guigou ainsi qu'une remise en cause de ses propos. Mais celle-ci reste campée sur ses positions estimant qu'elle n'a pas dit que ce texte provoquerait nécessairement des dérives mais qu'il y a des risques puisque désormais les spécialistes se réuniront non pas pour juger les délits commis par un criminel mais sur ce qu'il serait susceptible de faire. Par conséquent, la députée socialiste ne présentera pas ses excuses.
C'est tout un nouveau système qui se met en place depuis quelques années. On se souvient que pendant sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il considérait comme inné le fait d'être pédophile. De même, en 2005, le rapport de l'Inserm, soutenu par Nicolas Sarkozy, conseillait de détecter dès l'âge de 3 ans des troubles de conduite chez l'enfant. Selon eux, plus tôt les enfants dangereux seront repérés et suivis moins ils commettront d'actes violents.
Dès lors, ce sont moins les délits qui sont jugés que tous les actes pouvant mener à des comportements dangereux.

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