Municipales 2008 · 14 jan. 2008 à 20:45
Ce week-end, Bertrand Delanoë a surpris tout le monde, y compris ses collaborateurs. Le maire de Paris devait présenter son programme municipal et s'adresser aux "Parisiens et aux Parisiennes". Mais c'est un discours d'une autre ampleur qu'il a tenu devant la presse. Bertrand Delanoë a bien présenté son programme pour les municipales de mars prochain à Paris mais en interpellant à plusieurs reprises le président de la République. Autrement dit, il s'est placé en opposant direct à Nicolas Sarkozy en le prenant aux mots, lui qui veut faire des municipales un enjeu national. Ainsi, le maire de Paris fait d'une pierre deux coups : présenter un programme municipal qui répond aux préoccupations des habitants de la capitale tout en faisant une campagne à dimension nationale en vue du congrès du PS et de l'élection présidentielle de 2012.
- Le Figaro : Delanoë se concentre sur Paris et garde un oeil sur le Parti
- Libération : Delanoë mise sur le logement et la circulation propre pour son deuxième mandat
- Le Monde : A Paris, M. Delanoë s'affiche en "maire libre" de "toute influence" pour présenter son programme
A l'origine, Bertrand Delanoë devait s'adresser aux habitants de la capitale pour leur exposer son programme municipal en insistant sur les enjeux locaux. Mais le maire de Paris a choisi d'ignorer sa concurrente de l'UMP, Françoise de Panafieu, pour attaquer directement le Président de la République. Puisque ce dernier souhaite faire des municipales un enjeu national, Bertrand Delanoë ne s'est pas fait prier pour attaquer Nicolas Sarkozy, lui permettant ainsi de donner une autre dimension à une campagne locale pour l'instant assez terne, notamment en raison de la faiblesse politique de sa principale concurrente.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la faiblesse de la candidate UMP dans les sondages n'arrange pas forcément Bertrand Delanoë. En position de favori pour un deuxième mandat, le risque de Bertrand Delanoë est de mener une campagne municipale qui ne mobilise pas les électeurs et ne lui permette pas de mettre en valeur ses qualités. Si une défaite apparaît improbable, une victoire sans panache ruinerait les ambitions nationales de Bertrand Delanoë. A l'inverse, une victoire éclatante lui permettrait de poursuivre sur la dynamique de campagne pour s'imposer face à Ségolène Royal et prendre le contrôle du Parti Socialiste en novembre 2008.
Voila pourquoi ce week-end, le maire de Paris a tenu un discours à double impact : local et national. Il a négligé son adversaire "sous influence" du chef de l'Etat pour s'en prendre directement à Nicolas Sarkozy. D'emblée, le maire de Paris a ironisé sur la politique de civilisation du président : "Il y a la politique de civilisation et il y a les actes". Pour éviter d'être accusé de ne penser qu'à 2012, Bertrand Delanoë a pris soin d'expliquer les mesures concrètes de son programme. Mais à chaque fois, il n'a pas pu s'empêcher d'interpeller le chef de l'Etat, comme sur l'architecture : "Il faut 130 000 m2 pour le tribunal de grande instance de Paris, voilà une ambition architecturale, Monsieur le Président!".
N'oubliant pas l'enjeu local, l'essentiel du discours de Bertrand Delanoë a consisté à expliciter son programme axé sur six priorités : logement, transports, environnement, innovation, chômage et urbanisme. Parmi ses multiples promesses, il y a celle de créer 400 000 logements sociaux (par opposition aux 7 800 logements sociaux prévus dans le programme de la candidate de l'UMP) pour parvenir d'ici à 2014 au seuil de 20% fixé par la loi Solidarité et renouvellement urbain.
Bertrand Delanoë prévoit également la rénovation de 170 000 logements et l'installation de 200 000 panneaux solaires et quatre couvertures supplémentaires du périphérique.
Au niveau des transports, le maire de Paris souhaite prolonger le tramway, construire 200 km de pistes cyclables, mettre en place une navette fluviale sur la Seine et créer un service "Autolib" de 2 000 voitures propres en libre-service.
Pour financer toutes ces dépenses, Bertrand Delanoë a joué la transparence et a admis qu'il faudrait augmenter les impôts pendant deux ans.
La campagne municipale qui s'ouvre est donc à double tranchant pour Bertrand Delanoë. S'il parvient à enclencher une dynamique et à nationaliser la campagne, il apparaîtra à la fois comme un candidat proche des préoccupations de ses concitoyens défendant des idées concrètes tout en se forgeant une stature de dimension nationale. Car Bertrand Delanoë a aussi en tête le congrès de 2008 et une probable bataille contre Ségolène Royal pour prendre le contrôle du Parti Socialiste. Dans le cas contraire, si sa victoire est peu flamboyante, la percée médiatique de Bertrand Delanoë face à celle qui a été candidate à la présidentielle risque d'être plus difficile.
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