breve · 15 jan. 2008 à 20:39
L'évaluation du travail des ministres devait illustrer la culture du résultat, chère à Nicolas Sarkozy. Mais non seulement la presse a dénoncé l'incohérence de ce qui paraît être un gadget de communication, mais voilà que maintenant le coût de cette opération ratée commence à faire grincer des dents chez certains responsables politiques.
Pour la première fois en France, des ministres seront évalués. Comme dans certaines entreprises privées, il leur est demandé de faire du chiffre. Pour mettre en oeuvre ce bulletin d'évaluation, le gouvernement a fait appel à un cabinet en stratégie, Mars & CO pour déterminer les critères d'évaluation. L'été dernier, les ministres ont reçu des lettres de mission leur détaillant précisément la feuille de route à suivre.
Brice Hortefeux à l'immigration et à l'identité nationale, sera jugé sur le nombre de sans-papiers renvoyés dans leur pays d'origine. Christine Albanel, la ministre de la Culture, doit inciter les gens à se rendre au musée. Bernard Kouchner doit aussi obtenir des résultats chiffrables. On l'évaluera entre autres, au nombre de ministres se rendant aux conseils de ministres à Bruxelles. Certains critères jugés fantaisistes n'ont pas été au goût de tous les ministres. Devant le flop médiatique et le caractère ridicule de certaines annonces, Matignon a rejeté la responsabilité de ce bide au cabinet privé "Mars & Co". Un membre du cabinet de François Fillon aurait même confié que le cabinet d'audit ne connaissait visiblement pas grand-chose aux politiques publiques si bien qu'une partie entière du rapport aurait été réécrit.
Selon le site d'informations, Bakchich.info, le recours à ce cabinet d'audit a fait l'objet d'un appel d'offre publié le 17 décembre 2007 au Journal Officiel. Et la conception de ce bulletin gouvernemental aurait coûté au minimum 86 650 euros. Pour l'instant, les services du Premier ministre n'ont pas officiellement confirmé la somme. Nul doute qu'en la matière, l'opacité la plus complète restera la règle. D'ailleurs, selon une information révélée par France Inter, la société de conseil Mars & Co (250 consultants présents dans 6 pays) ne publie pas ses comptes annuels et est en infraction avec la loi. C'est sans doute pour cette discrétion que le cabinet d'audit a été choisi.
En l'occurrence, ce n'est pas la première fois que des responsables politiques ont recours à des cabinets d'audit privés. En 2006, BCG (Boston Consulting Group), cabinet concurrent de Mars & Co, avait été chargé de réécrire le programme de l'UMP pour les législatives et de réaliser des séances de coaching pour affiner l'argumentaire des responsables politiques.
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