Livres politiques · 15 jan. 2008 à 21:18
L'afflux de livres "politiques" dans les librairies ne tarit pas. Depuis l'élection présidentielle de 2007, jamais autant de livres consacrés à la politique n'auront été publiés. Et la fin de la séquence électorale n'a pas marqué un ralentissement éditorial, bien au contraire. Après les livres sur les candidats à l'élection, les livres racontant la success story de Nicolas Sarkozy, les livres de règlements de compte des responsables socialistes, les ouvrages qui racontent les coulisses de la campagne, voici venu le temps des livres de révélations sur la politique people. Le succès de la femme fatale en mai 2007 avait ouvert la voie à des livres mêlant politique et vie privée. Rien que la semaine dernière, trois livres sur Cécilia Sarkozy sont parus en même temps. Tout y passe : des informations sur la vie privée, les gardes du corps armés en Libye, l'hospitalisation secrète de Sarkozy. Les responsables politiques eux-mêmes sont responsables de cette dérive. Et les journalistes n'ont rien fait pour éviter cette peoplisation de la vie politique tant que cela fait vendre, à la fois dans les journaux, les magazines, mais aussi, maintenant, dans les librairies. Retour sur les 5 vagues éditoriales depuis la présidentielle.
Le début du raz-de-marée des livres politiques a débuté dès 2005 avec la parution d'ouvrages de candidats potentiels. A ce petit jeu, Jack Lang a été le plus prolixe : pas moins de 4 livres en deux ans. En 2005, il y a eu "Changer, livre programme pour 2007", en 2006, "Vaincre le chômage : 8 chantiers pour le plein emploi", "Faire la révolution fiscale" et "Immigration positive". Les nègres littéraires de Jack Lang ont eu beaucoup de travail. Les autres prétendants ont imité Jack Lang : Lionel Jospin a écrit "Le Monde comme je le vois", Dominique Strauss-Kahn a publié un journal de bord "365 jours", François Hollande a exposé ses "Devoirs de vérité". A droite, la moisson est beaucoup plus décevante, le bulldozer Sarkozy ayant limité le nombre de ses rivaux. Michèle Alliot-Marie a tenté de relever "le chêne" et Jean-Louis Borloo a exprimé ses idées dans "l'architecte et l'horloger".
Les livres sur l'élection présidentielle approchent la centaine. Soit ces ouvrages sont le fait de journalistes chevronnés comme Alain Duhamel qui, dans son livre sur "les prétendants 2007", avait tout de même oublié de mentionner Ségolène Royal, soit il s'agit de livres écrits par les candidats eux-mêmes. Nicolas Sarkozy avait ouvert le bal en juillet 2006 avec "Témoignage", qui selon l'éditeur Bernard Fixot (Éditions XO) s'est écoulé à 350 000 exemplaires. Il avait récidivé avec son livre "Ensemble" tiré à 145 000 exemplaires. Tous les autres candidats ont publié des livres programmes : Maintenant de Ségolène Royal (tirage de 80 000 exemplaires), Projet d'espoir de François Bayrou (vendu à près de 100 000 exemplaires). Les "petits" candidats n'étaient pas en reste : "Candidat rebelle" de José Bové et "Une France qui gagne" de Philippe de Villiers ont été par exemple édités à 25 000 exemplaires.
Dès le lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, des biographies du nouveau président de la République étaient proposées à la vente. Rédigés à l'avance, certains ouvrages ont été terminés et imprimés dans la nuit du 7 mai 2007 pour ajouter un dernier chapitre sur la victoire.
Dans les semaines qui ont suivi, de nombreux livres sont sortis, racontant les coulisses de la campagne : "La femme fatale" pour Ségolène Royal, "Nicolas Sarkozy : De Neuilly à l'Elysée" pour le vainqueur.
En septembre 2007, tous les responsables socialistes ont écrit un livre sur la campagne présidentielle, la plupart du temps pour régler leurs comptes avec Ségolène Royal avec des titres plus ou moins assassins : La défaite en chantant (Claude Allègre), Désert d'avenir (Guillaume Bachelay), Une élection imperdable (Claude Bartolone), L'impasse (Lionel Jospin), Au revoir Royal (Marie-Noëlle Lienemann), Règlements de compte (Julien Dray).
Nicolas Sarkozy a voulu mettre en scène sa vie privée. Ségolène Royal l'a imité en annonçant sa séparation avec François Hollande dès le soir de la défaite socialiste aux législatives. Depuis, les journalistes de la presse traditionnelle n'hésitent plus à verser dans le people. Les Unes des magazines sur le divorce du président ou sur sa relation avec Carla Bruni en témoignent. Et depuis quelques jours, la politique people est en librairie, avec comme star du moment : Cécilia Sarkozy. Par moins de 3 livres sont sortis la même semaine : "Cécilia" (Anna Bitton), "Ruptures" (Yves Derai), "Cécilia, la face cachée de l'ex-première dame" (Denis Demonpion).
A chaque fois, tous ces livres sont vendus entre 15 et 20 euros. Malgré la piètre qualité de certains livres, les lecteurs sont visiblement très friands de ce type d'ouvrages. La manne financière dégagée par ce type de livre est une aubaine pour des maisons d'édition qui sont souvent dans des situations financières délicates. Et qu'importe s'il y a un risque d'asphyxie du marché. Certains éditeurs n'hésitent pas à publier jusqu'à 2 ou 3 livres sur le même sujet, la réussite médiatique d'un seul étant la promesse de bénéfices substantiels. Les vagues politico-éditoriales ne sont donc pas prêtes de s'arrêter.
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