Municipales 2008 · 18 jan. 2008 à 19:25
Depuis ses bons résultats aux élections législatives en juin 2007, la fille de Jean-Marie Le Pen a le vent en poupe. Profitant du retrait partiel pour raisons médicales de son rival, Bruno Gollnisch, Marine Le Pen manoeuvre en coulisses pour remplacer prochainement Jean-Marie Le Pen au Front National. Afin d'asseoir un peu plus sa légitimité, elle compte donc réitérer son score dans le Nord, où elle avait été l'unique candidate du Front National à pouvoir se maintenir au second tour des élections législatives. Cette fois-ci, elle remet le couvert pour les élections municipales dans une commune du Pas de Calais, à Hénin-Beaumont. Et dans cette commune de plus de 25 000 habitants, les divisions de la gauche pourraient offrir sur un plateau une victoire électorale pour le Front National et Marine Le Pen.
- Le Monde : Marine Le Pen entend profiter des divisions de la gauche à Hénin-Beaumont
- Rue89 : Marine Le Pen et Tariq Ramadan débattent sur l'immigration
- NouvelObs : Le FN met en vente son siège de Saint-Cloud
En juin dernier, la fille de Jean-Marie Le Pen s'est présentée aux élections législatives dans une circonscription du Pas-de-Calais. Contre toute attente, Marine Le Pen fut la seule candidate d'extrême droite à avoir pu se maintenir au second tour et obtenir lors de celui-ci 41,06% des voix, soit 9 points de mieux qu'en 2002. Cette performance lui a permis de consolider sa position de challenger au FN pour succéder le cas échéant à Jean-Marie Le Pen. Et elle compte bien récidiver lors des élections municipales de mars prochain.
Dans la circonscription où Marine Le Pen s'était présentée en juin 2007, les délocalisations et les fermetures d'usine ont fait exploser le taux de chômage, bien supérieur à la moyenne. A Hénin-Beaumont, ville de plus de 25 000 habitants, le taux de chômage avoisine les 19%. Devant l'impuissance des responsables politiques locaux et face à cette montée du chômage, Marine Le Pen a fait une percée électorale spectaculaire dans cette terre historiquement à gauche. Ainsi, lors du deuxième tour des législatives de juin, elle a obtenu près de 45% des voix à Hénin-Beaumont.
Marine Le Pen est donc devenue la numéro 2 de la liste d'extrême droite menée par Steeve Briois. Non seulement, elle espère se maintenir au second tour, mais elle pense même pouvoir remporter la mairie, notamment en raison des divisions de la gauche.
Gérard Dalongeville, le maire sortant d'Hénin-Beaumont, est très contesté. Il avait été élu en 2001 sur une liste dissidente du Parti Socialiste. Ses détracteurs dénoncent la gestion financière de la commune et les dépenses infinies faites par le maire, au point que la gestion municipale a été épinglée par la Cour régionale des Comptes. En sept ans, les impôts locaux ont augmenté de près de 85%. Les alliés naturels du PS ont donc contesté lorsqu'ils ont appris que le maire sortant souhaitait se représenter.
Très décrié pour sa gestion, le maire sortant n'a pas eu le soutien du PS pour se représenter. C'est l'ancien ministre de Lionel Jospin, Marie Noëlle Lienemann, qui a obtenu l'investiture du conseil fédéral du Pas-de-Calais pour conduire une liste d'union de la gauche.
Depuis, l'actuelle vice-présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais tente de réconcilier les forces de gauche pour convaincre les uns et les autres de présenter une liste d'union. Pour l'instant, l'obstacle à cette liste d'union est le maire sortant. Gérard Dalongeville a d'ores et déjà fait savoir qu'il se représenterait, quoi qu'il arrive.
Marie Noëlle Lienemann tente de convaincre les autres socialistes, les communistes, les radicaux et les Verts d'accepter de faire une liste commune, quitte à ce qu'elle figure en deuxième position derrière le maire sortant. Mais les négociations s'avèrent difficiles. Les Verts ont pour l'instant refusé d'y participer.
Quoi qu'il en soit, Marie Noëlle Lienemann joue gros. Si elle parvient à faire cohabiter tout le monde sur une liste d'union, elle pourrait alors mener une campagne médiatique avec en arrière fond la bataille contre l'extrémisme et se replacerait dans le jeu interne du PS. En revanche, si la gauche n'arrive pas à se rassembler, tous les élus locaux, dont Marie Noëlle Lienemann, porteront la responsabilité de la division et d'une probable victoire de Marine Le Pen. L'effet serait alors désastreux pour la gauche et le retour de l'extrême droite sur la scène nationale rappellerait de mauvais souvenirs.
Encyclopédie
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