Revue de presse · 21 jan. 2008 à 21:06
Eléphants, c'est le mot du jour qu'on retrouve un peu partout dans la presse. L'arrivée surprise de Dominique Strauss-Kahn au dernier forum de la rénovation a fait sensation. En faux modeste, le président du FMI qui n'est parti à Washington que depuis quelques mois est revenu "en simple militant" a-t-il déclaré. Les principaux responsables du PS étaient d'ailleurs tous là : DSK, Fabius, Delanoë, Hollande et même Ségolène Royal qui n'avait plus mis les pieds dans le parti depuis le mois de juin. Tous ont donc pris la parole pendant 10 minutes chacun afin de lancer la campagne pour les municipales. Ce jeu de rôle en a agacé plus d'un au PS, notamment ceux qui avaient vraiment travaillé sur le thème "Les socialistes et l'individu". La danse des éléphants est repartie de plus belle au Parti Socialiste.
- Libération : DSK se rappelle au bon souvenir du PS
- Le Figaro : Le retour surprise de DSK complique le jeu au PS
- Le Monde : Le PS affirme avoir perdu près d'un quart de ses militants en un an
Il est assez étonnant de lire partout dans la presse l'utilisation du terme "éléphants" pour désigner les principaux responsables du Parti Socialiste. Cette expression renvoie au congrès de Grenoble quand un militant s'était amusé de voir "les éléphants aller boire", c'est-à-dire voir les principaux responsables PS de l'époque se réunir dans une salle pour négocier des postes. Cette image, ayant une connotation péjorative, s'est banalisée dans la presse. Cela révèle un affaiblissement considérable du parti, qui ne se résume plus qu'à l'ambition des mêmes responsables qui se partagent les postes depuis des décennies. Curieusement, alors que la droite n'a pas particulièrement renouvelé ses cadres, aucun qualificatif péjoratif n'est utilisé par les médias pour désigner les responsables UMP. Du temps de De Gaulle, on parlait des "barons", mais aujourd'hui, c'est terminé. Tout laisse à croire que les médias ne s'intéressent plus qu'au jeu de rôle entre trois ou quatre dirigeants qui veulent s'emparer d'un parti qui n'a plus aucune prise avec la réalité.
A l'origine, les conclusions du rapport devaient être au centre des interventions de ce dernier "forum de la rénovation". Or, qui a lu ce rapport de 23 pages ? Le style des premières pages du rapport est souvent très obscur, ainsi "Si l'individualisation est envisagée sous l'angle de l'individualisme, qui qualifierait une forme de repli sur soi et un moindre intérêt pour l'engagement collectif, le constat, qui est pour partie réel, mérite surtout que nous en interrogions les causes". Limpide...
Plus loin, on en arrive enfin aux propositions politiques qui résultent de cette réflexion : assouplissement de la carte scolaire, mixité sociale à l'école, soutien personnalisé. Des idées communément partagées par l'ensemble de la gauche depuis des années. Et lorsqu'arrivent les premières difficultés, le rapport ne tranche pas. Par exemple sur la question de l'université, certains considèrent que seul l'Etat doit les financer, alors que les caisses sont vides, d'autres qu'il faut aussi faire rétribuer les familles par le biais de droits d'inscription...
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La crise du Parti Socialiste est plus grave qu'on ne le pense car si les structures du parti (fédérations, militants historiques) sont toujours là, les querelles de personnes et les réelles batailles doctrinales (DSK et Jean-Luc Mélenchon ont une vision opposée sur quasiment tous les sujets) paralysent le parti depuis 2002. Sur la construction européenne, le parti est même durablement coupé en deux camps.
La présence de l'extrême droite au second tour de la présidentielle de 2002 aurait du être un électrochoc. Il ne s'est rien passé. Pire, le Parti Socialiste n'a tiré aucune conséquence de sa 3ème défaite d'affilée à une élection présidentielle en 2007. François Hollande, dont le bilan après 11 années à la tête du Parti s'avère catastrophique, ne démissionnera qu'en novembre 2008, soit 1 an et demi après la défaite.
Il y a donc comme un décalage horaire entre les pratiques du Parti Socialiste et la modernisation de la vie politique. Après la défaite présidentielle, le nombre d'adhérents a fondu. Et les forums de la rénovation ont attiré peu de monde.
En coulisses, tous les responsables socialistes savent d'ailleurs que ces forums sont totalement inutiles puisque déconnectés de la question de la direction. Or, c'est parce qu'il y a une crise de leadership qu'il n'y a plus aucune ligne politique. Il faudra donc attendre novembre pour qu'un travail de refondation débute réellement. La lenteur du calendrier devrait pourtant inquiéter les socialistes. François Mitterrand est resté 23 ans dans l'opposition avant d'être élu président de la République. Le PS de la génération post-Mitterrand en sera à la 10ème année en 2012.
- Qui sont les éléphants du PS ?
- Les divisions du Parti Socialiste
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- Bilan de l'université d'été du PS
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- Dominique Strauss-Kahn, du PS au FMI
- Bertrand Delanoë, candidat en 2008 et en 2012 ?
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