Revue de presse · 23 jan. 2008 à 21:24
En baisse dans les sondages, Nicolas Sarkozy vient d'opérer un virage stratégique à 180 degrés. En décembre, lorsque les députés UMP commençaient à faire remonter du terrain le mécontentement de la base à propos de la surmédiatisation de sa vie privée, Nicolas Sarkozy ne voulait rien entendre. Mais suite à l'accumulation de mauvais sondages depuis la semaine dernière, le chef de l'Etat a dû reconnaître que le retournement de l'opinion en sa défaveur venait de débuter. Avec ses conseillers, il vient donc de changer de fusil d'épaule en retournant sur le terrain et en revenant à des thèmes de droite pour rattraper un électorat bien particulier : les séniors.
- Le Monde : Nicolas Sarkozy cherche à reconquérir les seniors
- Le Figaro : Municipales : Sarkozy prend ses distances
- Libération : Les députés UMP en ont assez d'être les jouets de l'Elysée
La baisse de Nicolas Sarkozy dans les sondages est perceptible sur une cible bien précise : la tranche d'âge des plus de 65 ans, qui avait voté au 2/3 pour lui lors de l'élection présidentielle. Selon les différents instituts de sondage, le président de la République aurait perdu de 10 à 18 points d'opinions favorables dans cette tranche d'âge. Cette baisse auprès des retraités est d'autant plus inquiétante qu'en temps normal, il s'agit de la tranche d'âge qui conteste le moins la légitimité d'un président.
Pour reconquérir son électorat traditionnel, Nicolas Sarkozy est donc revenu aux fondamentaux : la sécurité. Il est donc retourné en banlieue, pour la première fois depuis son élection à l'Elysée. En visite à Sartrouville le 21 janvier, il a pu se vanter la baisse des chiffres de la délinquance. Avec ce thème de la sécurité, il veut revenir à un clivage gauche/droite en vue des municipales et tenter de faire oublier la question du pouvoir d'achat sur laquelle il n'a aucun résultat tangible. Au passage, ce retour à la sécurité fait les affaires de Michèle Alliot-Marie qui revient un peu sur le devant de la scène. Elle l'accompagnait à Sartrouville, et elle était également présente à Pau et à Bordeaux.
A Rome, puis à Riyad, le chef de l'Etat a tenu ses derniers temps des discours très offensifs sur la religion. Il est persuadé que ses "prêches" vont faire revenir les catholiques traditionnels de droite qui n'ont pas aimé la séquence vie privée et vacances de luxe. A deux reprises, il a donc évoqué le thème de la religion en mettant plusieurs couches. Il est même allé trop loin de l'avis de ses conseillers en expliquant que l'instituteur ne pourrait jamais remplacer le prêtre !
Le président de la République avait axé toute la campagne présidentielle sur le pouvoir d'achat : "travailler plus, pour gagner plus". Mais ce slogan ne touche pas les retraités, tout comme la question des heures supplémentaires. De fait, Nicolas Sarkozy a délaissé toute une tranche de son électorat. Surtout qu'en décembre, le gouvernement avait songé supprimer l'exonération du paiement de la redevance pour les retraités les plus modestes. 800 000 retraités ont failli payer la redevance. Le projet a finalement été retiré à temps.
Pour renouer avec les retraités, Nicolas Sarkozy veut remettre au centre du débat public la question de la revalorisation du minimum vieillesse. Avant les municipales, il devrait donc annoncer toute une série de mesures pour augmenter le niveau des pensions des retraités.
Enfin, dernier virage stratégique, l'enjeu des élections municipales. Nicolas Sarkozy voulait en faire un enjeu national : un vote sanction ou un vote d'adhésion. Il avait même laissé entendre qu'il participerait à la campagne électorale en tenant un meeting UMP et en venant soutenir quelques proches sur le terrain.
Suite au décrochage dans les sondages, le chef de l'Etat vient d'opérer un revirement spectaculaire en refusant de politiser des élections locales. En déplacement à Pau, il a surpris tout le monde par ses déclarations : "Je ne veux pas me mêler du détail des municipales. Ce n'est pas mon travail". Dix jours plutôt, avant que les mauvais sondages ne soient rendus publics, il avait affirmé exactement le contraire lors de sa conférence de presse : "Le concept d'élection dépolitisée est absurde. Bien sûr que je m'engagerai".
Le chef de l'Etat vient donc de prendre au sérieux sa baisse dans les sondages en changeant complètement de stratégie. Délaissant les paillettes et le luxe, il entend revenir à ses fondamentaux, en découpant l'électorat en tranches, avec à la clé, l'espoir de remonter dans les sondages à la veille des élections municipales.
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