Revue de presse · 24 jan. 2008 à 21:35
Mercredi 23 janvier, l'ancien conseiller du président Mitterrand, Jacques Attali a présenté son rapport proposant 316 décisions pour « relancer la croissance ». Loin de faire l'unanimité, il a essuyé des attaques de gauche comme de droite. Pour le moment, seul Nicolas Sarkozy semble accepter ce rapport dans son ensemble même si quelques propositions ne lui paraissent pas envisageables. Face aux critiques, Jacques Attali s'est montré pugnace.
- Le Monde : La commission Attali vue de l'intérieur
- Le Figaro : Raffarin dénonce un rapport hémiplégique
- Libération : Ségolène Royal salue le rapport Attali
A l'Assemblée nationale, le consensus est de mise : le rapport Attali n'a pas convaincu, notamment les décisions radicales comme la suppression des départements, la libéralisation de la grande distribution ou la fin du numerus clausus de plusieurs professions réglementées comme les pharmaciens ou les taxis. A gauche, certains pensent que ce rapport annonce un plan de rigueur par l'augmentation de la TVA et de la CSG. A droite, on n'accepte pas les propos de Jacques Attali concernant son rapport qui doit être appliqué à la lettre ou rejeté en bloc. De même, les députés ne sont pas prêts à renoncer aux départements ne percevant pas le rapport entre leur gestion et la croissance.
De tous côtés, les critiques fusent. Si les partis n'entrevoient pas de la même manière les conséquences de l'adoption de ces propositions, ils estiment que celles-ci puissent être néfastes et ne pas aboutir à l'objectif visé : la croissance.
Même si Jacques Attali est attaqué de toutes parts, il ne compte pas se laisser faire. Habitué aux polémiques, c'est avec vigueur qu'il a défendu son projet envers et contre tous. Ce matin même, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, il a répondu vertement à ses détracteurs de gauche comme de droite. Il pointe d'abord l'expert Elie Cohen qui estime que ce rapport n'est guère faisable. Celui-ci serait en fait rancunier car Attali n'aurait guère voulu de lui dans son équipe. Raffarin ensuite a attaqué son projet mais il hausse les épaules rappelant que lorsqu'il était au gouvernement, ce député n'a fait qu'aggraver la situation déjà fragile. Attali répond aux attaques de Claude Goasguen qui préfère la « République des imbéciles » à « la République des experts ». Quant aux socialistes, il se contente de rappeler que le parti est noyé, perdu, rappelant qu'ils sont plus en quête de coalition que d'idées. Il n'y a que Ségolène Royal qui sort indemne de l'interview, la seule d'ailleurs qui l'a félicité pour son rapport.
Mercredi 23 janvier, Jacques Attali a remis en main propre son rapport à Ségolène Royal. C'est la seule, à gauche, qui a félicité le travail parce qu'il avait le « mérite d'être là », de proposer des idées pour rétablir une situation économique désastreuse. Selon elle, la France peut connaître une certaine croissance à condition de proposer des idées, de prendre des initiatives et de ne pas craindre les réformes. Elle est particulièrement intéressée par la décision de proposer une rémunération à ceux qui, en formation, cherchent un emploi.
Jacques Attali a voulu remettre ce rapport à Ségolène Royal montrant ainsi que les rapports entre eux demeurent satisfaisants contrairement à ceux que Jacques Attali entretient avec les autres membres du PS.
Si tous les députés ont rejeté majoritairement le rapport Attali, l'homme peut encore compter sur deux alliés : Ségolène Royal et surtout Nicolas Sarkozy qui, jusqu'à présent, affirme être en accord avec la plupart des décisions. Reste à savoir si Attali acceptera que le président délaisse certaines idées d'une part, et si, sous la pression des députés comme des Français, le projet aboutira complètement.
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