Le Canard enchaîné · 28 jan. 2008 à 20:58
L'ancienne présidente de l'association « Ni putes, ni soumises », Fadela Amara, est entrée au gouvernement pour s'occuper des banlieues. Depuis six mois, elle travaille sur un plan banlieue, multipliant les consultations et les rencontres sur le terrain. "Plan anti-glandouille", "Plan Egalité des chances", le plan finalement appelé "Espoir Banlieue" devait être annoncé en grande pompe le 22 janvier dernier à Vaulx-en-Velin. Mais, surprise, la secrétaire d'Etat à la Ville n'a fait que présenter quelques principes de son plan. Le "vrai" plan sera présenté par Nicolas Sarkozy en personne le 8 février. Or, à l'origine, le chef de l'Etat devait être présent à Vaulx-en-Velin. La visite de Christine Boutin, Fadela Amara et de Nicolas Sarkozy dans cette ville symbole devait avoir un caractère présidentiel avec tout le déploiement de moyens qui s'ensuit.
Finalement, le président de la République n'était pas là, le plan n'a pas été dévoilé, mais les dépenses de ce déplacement ont été maintenues : la journée à Vaulx-en-Velin a coûté 600 000 euros selon Le Canard Enchaîné.
Fadela Amara devait annoncer les mesures de son plan banlieue à Vaulx-en-Velin. Faute d'avoir obtenu les derniers arbitrages de l'Elysée, la secrétaire d'Etat à la ville a dû se contenter d'énoncer quelques grands principes : investissement dans la formation et la création d'emplois. Elle a ainsi promis de créer 45 000 emplois en trois ans et de réduire de 40% le chômage des jeunes en banlieue. Aujourd'hui, il existe plus de 750 zones urbaines sensibles bénéficiant d'un dispositif particulier. Fadela Amara veut mettre un terme à ce saupoudrage inefficace et veut concentrer l'effort financier sur 100 à 200 quartiers.
A peine annoncés, les principes du plan banlieue ont aussitôt été contestés par Christine Boutin, ministre de tutelle de Fadela Amara. Mardi soir, la ministre du logement a déclaré que sa secrétaire d'Etat avait "manqué peut-être un peu de prudence" en proposant à Vaulx-en-Velin de créer 45 000 emplois en trois ans et de réduire de 40% le chômage des jeunes en banlieue. Selon elle, cette promesse est hasardeuse.
Fadela Amara a répliqué le lendemain dans les médias en réaffirmant sa bonne foi : "On a eu des discussions, moi je pense qu'il faut des politiques particulières pour les quartiers en difficulté et elle a une approche globale (...) On est ambitieux. Ce ne sera pas du blabla mais de vrais emplois".
La séquence médiatique de Vaulx-en-Velin a donc connu quelques ratés : absence du président de la République, annonce différée des mesures concrètes, divergence de vue entre Fadela Amara et Christine Boutin sur la philosophie du plan. Mais le pire, c'est le coût de ce plan média manqué. Dans son édition du mercredi 23 janvier 2008, Le Canard Enchaîné révèle que le déplacement à Vaulx-en-Velin a coûté environ 600 000 euros car jusqu'à la dernière minute, la venue du président de la République a été envisagée. De fait, la préfecture avait vu les choses en grand : "un hôtel, le Palais des Sports, le centre culturel Charlie-Chaplin ont ainsi été réquisitionnés pour accueillir et nourrir 1500 personnes" indique Le Canard Enchaîné. Une école d'ingénieur a également été mobilisée (profs et étudiants ont été dispensés de cours) et une suite de chapiteaux ont été dressés dans le centre-ville. Enfin, un important dispositif de sécurité a été déployé pour anticiper tous risques de débordement dans cette banlieue difficile.
L'annonce du Plan banlieue aura donc coûté une fortune pour un résultat médiatique mitigé et une inefficacité politique totale puisque le "vrai" plan ne sera annoncé que le 8 février prochain par le Président de la République en personne. Et le Canard de conclure, perfide : « Encore un peu, et l'annonce du plan va coûter plus cher que le plan lui-même ».
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