Revue de presse · 31 jan. 2008 à 17:52
L'été dernier, Michel Rocard avait accepté de participer à une commission sur la revalorisation du métier d'enseignant. Sa participation à cette commission avait permis à Nicolas Sarkozy d'ajouter le nom de l'ancien Premier ministre socialiste à la longue liste de personnalités d'ouverture à gauche acceptant de travailler pour la droite. Mais coup de théâtre, alors que le rapport définitif doit être rendu dans une semaine, Michel Rocard vient d'annoncer sa démission de cette commission car il y aurait eu une "exploitation politique mensongère et manipulatrice" de son travail. Mais que s'est-il vraiment passé ?
- Libération : Rocard claque la porte de la commission Pochard
- Interview du Figaro : Rocard souhaite améliorer l'évaluation des enseignants
- Le Monde : Le temps n'est pas encore venu d'une rémunération à la performance des enseignants
Jeudi 31 janvier, un certain de nombre de journaux ont relayé les différentes pistes de la commission sur la revalorisation du métier d'enseignant, qui doit rendre son rapport définitif lundi 4 février.
Plusieurs mesures sont proposées :
- accorder une plus grande autonomie aux établissements pour que chaque collège et lycée puisse définir un projet pédagogique particulier tout en sachant que les programmes et les diplômes resteraient nationaux. Les établissements seraient alors évalués sur les résultats de leur politique éducative.
- assouplir le métier d'enseignant : redéfinir les missions, annualiser le temps de travail pour plus de souplesse (un prof pourrait travailler un peu plus pendant une période, et rattraper les heures de repos à un autre moment de l'année).
- renouveler les modalités de recrutement : la commission suggère de créer des dispositifs de prérecrutement (consistant à payer des étudiants se destinant à l'enseignement) afin que le concours soit moins universitaire et plus centré sur la pratique et la capacité à enseigner.
Michel Rocard a accordé une interview au Figaro dans laquelle il explique certaines mesures proposées dans le rapport. Parmi les sujets sensibles, la rémunération des enseignants au mérite. Aujourd'hui, le niveau de rémunération d'un enseignant dépend avant tout de l'ancienneté. Il y a bien une notation, mais les professeurs sont systématiquement notés entre 18 et 19,5 sur 20. Une réforme de l'évaluation serait donc à l'étude.
Mais au cours de l'entretien, Michel Rocard est catégorique : "Je veux être clair : nous n'évoquons pas directement dans notre rapport une rémunération au mérite. Mais c'est certain : il faut améliorer la prise en compte de la performance dans le déroulement des carrières des enseignants".
Le Figaro a bien publié l'interview de Michel Rocard, mais le titre de Une ne correspond pas au contenu de l'Interview. Ainsi, le journal titre "Rocard propose de payer les profs au mérite" avec une accroche sans équivoque : "L'idée centrale de ce document, dont Le Figaro a pris connaissance, consiste à élaborer un nouveau système de paiement des enseignants. Derrière ce principe, se profile une ébauche de rémunération au mérite".
L'ancien Premier ministre n'a jamais parlé d'un salaire au mérite. Dans un communiqué, il a dénoncé une "exploitation politique mensongère et manipulatrice" de ses propos. Non seulement le rapport de la commission n'est pas encore terminé, mais il estime que jamais il n'a été question d'un salaire au mérite. Il explique que cela voulait dire "clairement que dans l'esprit de la commission comme dans le [sien], la reconnaissance du mérite doit affecter essentiellement le déroulement des carrières, et non pas la paie directe". "Je suis là-dessus solidaire des enseignants", a-t-il ajouté.
Ce couac plus médiatique que politique aura une conséquence politique immédiate : le PS va pouvoir s'empresser de démontrer les limites de la politique d'ouverture avec cette démission précipitée.
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