Nicolas Sarkozy durcit le ton avec sa majorité et ses ministres

Revue de presse · 7 fév. 2008 à 18:11

Sarkozy sur le perron de l'Elysée

En décembre, lorsque ses conseillers l'ont averti que sa baisse dans les sondages s'était anormalement accélérée, il n'avait rien voulu entendre. Puis la baisse s'est transformée en décrochage. Entre la visite impopulaire de Kadhafi en France en novembre et la médiatisation de sa nouvelle idylle en décembre, la baisse s'est amorcée. L'Elysée a perdu la main, la communication s'est grippée. Au journal Le Monde, un membre de son cabinet affirme même qu'il "a psychologiquement déserté la fonction". Lorsque le président de la République a pris conscience de l'ampleur des dégâts mi-janvier, c'était déjà trop tard, la chute était ancrée dans l'opinion. Malgré le pessimisme ambiant de la majorité UMP, l'heure est désormais à la double contre-attaque à l'Elysée : ces derniers jours, le chef de l'Etat a multiplié les promesses à l'égard de son électorat et il a durci le ton avec sa majorité dont il apprécie de moins en moins la défiance à son égard.

Revue de presse du jeudi 07 février 2008

- L'Express : La déception Sarkozy
- Le Nouvel Observateur : Le président qui fait pschitt...
- Le Figaro : Sarkozy appelle sa majorité à la discipline

Sarkozy à la Une du Point

Nicolas Sarkozy abandonne la "rupture" et dépense à nouveau

En janvier, il n'y avait "plus un sou dans les caisses" dixit Nicolas Sarkozy pendant sa conférence de presse. En février, à un mois des élections municipales, il y a semble-t-il de nouveau de l'argent dans les caisses. Depuis quelques jours, Nicolas Sarkozy multiplie les promesses à ses électeurs : reprenant sa promesse de campagne, il vient de confirmer l'augmentation de 25% du minimum vieillesse d'ici à 2012 avec un acompte de 200 euros versé dès le mois d'avril de cette année. Aux chauffeurs de taxi qui manifestaient contre les propositions du rapport Attali, l'Elysée a fait savoir qu'elle ne reprendrait pas ces propositions impopulaires. Lors de ses derniers déplacements dans des usines menacées de fermeture, le chef de l'Etat s'est engagé à investir pour empêcher ces fermetures. Les syndicats de Mittal ou de Kléber sont restés dubitatifs.

Le président de la République rappelle à l'ordre ses ministres

"J'écoute, je lis, j'entends tout ce qui se dit. Après les municipales, je prendrai avec sang- froid les décisions qui s'imposent". Cette phrase prononcée par Nicolas Sarkozy mercredi 6 février en conseil des ministres a jeté un froid parmi ceux qui étaient autour de la table. A un mois des municipales, après une période de flottement, le président de la République a tenu à rappeler à l'ordre ses ministres. Un remaniement ministériel devrait avoir lieu fin mars et le chef de l'Etat entend régler ses comptes avec ceux dont il estimera qu'ils n'auront pas été loyaux envers lui pendant cette période difficile.

L'Elysée s'agace de plus en plus des critiques de l'UMP

Depuis que la baisse dans les sondages s'est amorcée, les députés UMP ne se cachent plus pour critiquer l'Elysée : certains parlementaires ont dénoncé les conclusions du rapport Attali et se sont agacés de voir que l'ancien conseiller de François Mitterrand avait rédigé un nouveau programme de gouvernement. Les conseillers de l'Elysée, à commencer par Henry Guaino, sont montrés du doigt. Même le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, vient d'être pris pour cible.
Face à cette pluie de critiques, le président de la République encaisse, et contre-attaque. Selon l'Elysée, ce sont les élus locaux et les parlementaires UMP qui ne font pas leur travail de relais avec l'opinion et n'insistent pas assez sur le bilan positif de ces 9 premiers mois. Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée, est accusé de ne pas savoir tenir ses troupes.

A un mois des municipales, Nicolas Sarkozy entend donc reprendre la main et tenter d'éviter une débâche de son camp. D'ici là, il va continuer à multiplier les promesses et tenter d'apaiser les tensions. Une fois la séquence électorale passée, le chef de l'Etat poursuivra alors les réformes de structure en s'attaquant à la réforme des régimes de retraite et de la sécurité sociale. Une politique de rigueur qui ne dit pas son nom sera appliquée afin d'éviter de laisser filer les déficits. Nicolas Sarkozy veut croire que les premiers résultats de sa politique se feront sentir en 2009.

*** Liens

- Les rumeurs de remaniement
- Les premières tensions entre Nicolas Sarkozy et les députés UMP
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