Le Canard enchaîné · 12 fév. 2008 à 23:56
Rachida Dati n'hésite pas à s'afficher en robe Yves Saint Laurent ou Christian Dior lors de soirées mondaines ou de séances photos, comme celle pour pour Paris Match. Les maisons de haute couture prêtent régulièrement leurs plus belles pièces à des ambassadrices de charme, le plus souvent des mannequins ou des actrices. Qu'une femme ministre fasse partie de ces modèles peut surprendre et casse les codes de l'austérité du pouvoir. Mais quand on apprend que celle-ci ne restitue par les vêtements et ne règle pas les factures, l'affaire prend une toute autre tournure. C'est ce que révèle Le Canard Enchaîné dans son édition du mercredi 6 février 2008. Explications.
Source : "Les frasques et les frusques de Rachida", Le Canard Enchaîné n°4554, 6 février 2008
Les maisons de haute couture prêtent régulièrement des vêtements à des personnalités pour des soirées. Les deux parties y trouvent leur intérêt : les personnalités deviennent des mannequins bénévoles et s'habillent à la mode pour des séances photos qui auront des retombées médiatiques pour elles.
Les modalités du prêt sont identiques d'une maison de luxe à l'autre : une facture est établie entre la personnalité et la maison de couture. Au retour du prêt, la facture est annulée. Mais si la personnalité veut garder le vêtement, elle devra s'acquitter du montant la facture. Voilà pour la théorie. Dans les faits, certaines personnalités se permettent parfois de garder quelques pièces sans que la maison de couture ne les réclame. Pour les personnalités les plus en vue, la fidélité à une marque est à ce prix.
Jusqu'en septembre 2007, Rachida Dati se faisait prêter régulièrement des robes Yves Saint Laurent. Mais le 17 septembre 2007, la ministre de la Justice s'est rendue à la soirée organisée pour les 60 ans de la maison... Dior. Les deux groupes de maison de luxe appartiennent à deux grands patrons rivaux : le chiraquien François Pinault possède Yves Saint Laurent Couture, et le sarkozyste Bernard Arnault possède Dior. La ministre de la justice a donc changé d'enseigne. En novembre, lors du voyage de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis, Rachida Dati a assisté à la soirée de gala en robe Dior, d'une valeur estimée à 15 000 euros. Le mois suivant, elle a participé à une séance photo pour Paris Match, habillée... en Dior.
François Pinault n'aurait pas apprécié le revirement de la ministre pour la maison de couture concurrente au point d'avoir menacé d'assigner Rachida Dati en justice si elle ne réglait pas une note de 39 000 euros. Ce serait le montant des robes, tailleurs et pantalons empruntés par la ministre de la justice et qu'elle n'aurait pas rendus. En temps normal, ces "oublis" se font avec la bienveillance de la maison de couture en question qui espère ainsi s'assurer de la fidélité du mannequin bénévole. Mais puisque Rachida Dati était passée à la concurrence, Yves Saint Laurent réclamait le règlement de la facture.
Depuis que le Canard Enchaîné a commencé à enquêter et que l'affaire s'est ébruitée, les deux parties ont décidé de trouver un accord à l'amiable. Interrogé par un journaliste du Canard, le directeur de cabinet de la ministre a expliqué qu'il s'agissait d'un malentendu : "La ministre avait reçu des vêtements Yves Saint Laurent aux Etats-Unis, mais cela ne lui allait pas du tout ! Ils ont été rendus". Même son de cloche du côté d'Yves Saint Laurent qui affirme qu'il n'y a aucun problème avec Rachida Dati.
Pour mettre un terme à un début de polémique, Rachida Dati a donc du rendre les vêtements Yves Saint Laurent d'un montant de 39 000 euros. Elle pourra toujours se rattraper chez Dior.
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