Municipales 2008 · 20 fév. 2008 à 19:43
Sauf catastrophe de dernière minute, Bertrand Delanoë devrait être réélu maire de Paris. Son avance dans les sondages et les multiples couacs de la campagne de Françoise de Panafieu laissent peu de place au suspense. Le bon bilan de Bertrand Delanoë et les attaques maladroites et souvent infondées de la candidate UMP ont rythmé cette non-campagne gagnée d'avance. Mais un sujet a été étrangement absent... l'économie et l'emploi. Depuis près de 15 ans, la capitale perd des emplois. Dans les années 1970, les géographes résumaient l'aménagement du territoire en une formule : "le désert français", c'est-à-dire une concentration des activités à Paris et une province délaissée. Le mouvement a désormais basculé. Les emplois se déplacent vers la banlieue et la ville se transforme en musée.
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Tous les indicateurs économiques indiquent la même tendance : depuis 15 ans, la croissance économique en Ile de France est inférieure à la moyenne nationale. Si l'Ile de France reste la première région économique, son recul s'est accéléré de manière spectaculaire ces dernières années. Petit à petit, la ville semble perdre inexorablement ses emplois. Entre 1990 et 2004, Paris intra-muros a perdu 260 000 emplois. Dans le même temps, le nombre de RMIstes a augmenté de 25% entre 2000 et 2004, contre une hausse de 11% en province.
En plus de ce problème d'emplois s'ajoute le problème de la hausse des loyers. Se loger à Paris devient impossible pour la classe moyenne qui est rejetée vers la périphérie. L'emploi s'est donc dispersé, et les distances domicile-lieu de travail se sont allongées, les kilomètres de bouchon se sont multipliés. La principale cause de ce déclin économique réside donc dans la difficulté de la capitale à maintenir des activités économiques rentables pour les entreprises. La hausse des coûts pousse les entreprises à s'installer à la périphérie, de plus en plus loin.
Ce déclin économique est le grand absent de la campagne des municipales. Pour deux raisons. D'abord parce qu'il s'agit d'un problème global et non partisan. Le déclin économique n'est pas lié à la politique de Bertrand Delanoë même si les responsables politiques peuvent influer à la marge sur l'attractivité de leur ville. Preuve que ce problème ne se cantonne pas à une politique municipale, le projet de "Grand Paris" censé mieux articuler Paris et sa périphérie est défendu par le Président de la République en personne.
Par ailleurs, le déclin économique arrange les responsables locaux. La ville de Paris ne souffre pas de ce déclin économique car son prestige international reste intact. Et le rejet des emplois vers la périphérie arrange les maires de banlieue qui voient leur taux de chômage diminuer et les rentrées fiscales liées à la taxe professionnelle augmenter.
La capitale est donc en train de devenir une ville musée. Le patrimoine culturel et historique attire toujours autant de touristes. Et les bobos qui ont réussi à se maintenir dans la capitale ne ressentent pas le besoin d'un retour des emplois industriels dans Paris. D'ailleurs, les thèmes de campagne reflètent cette dérive vers une ville musée : hausse des places en crèche, amélioration de la propreté des transports, multiplication des complexes sportifs. L'économie est absente, seul compte désormais l'amélioration du confort des habitants d'une ville musée.
Dans un contexte de mondialisation, où les métropoles rivalisent d'innovation pour être à la pointe des nouvelles technologies et pour favoriser dynamisme économique, le retard de la ville de Paris pourrait poser des problèmes à moyen terme. Le rayonnement culturel, dans une logique de compétition mondiale, passe aussi par le dynamisme économique.
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