Enquête · 22 fév. 2008 à 19:59
Dernier volet de notre série sur les 20 socialistes qui devraient compter en vue du renouvellement de la direction du Parti Socialiste en novembre 2008. Bertrand Delanoë fait partie des proches de Lionel Jospin. Depuis sa victoire aux municipales à Paris en 2001 et le retrait de son mentor de la vie politique, Bertrand Delanoë joue désormais sa propre carte. En tant que maire de la capitale, il est le seul au PS à pouvoir rivaliser avec Ségolène Royal.
Politique.net propose une série de 20 portraits de personnalités politiques du Parti Socialiste qui pourraient compter dans un avenir proche. La victoire de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste en 2006 avait montré l'envie des militants de tourner la page des Eléphants du PS. Exit Jospin, Fabius, DSK, Hollande. En 2008, un congrès exceptionnel doit se tenir pour désigner le successeur de François Hollande. Qui va prendre le contrôle du PS ?
Portrait de Bertrand Delanoë (20/20)
Bertrand Delanoë est issu d'une famille bretonne. Il naît le 30 mai 1950 en Tunisie mais passe son adolescence à Rodez, dans l'Aveyron. Contrairement à la plupart des éléphants ayant accédé à des postes à hautes responsabilités, il n'a pas fait de grandes écoles parisiennes. Il est diplômé d'économie. A 18 ans, il vit mai 1968 comme le début de son engagement en tant que citoyen. Mais ce n'est qu'en 1972, à l'âge de 23 ans, qu'il s'engage véritablement en politique en adhérant au Parti socialiste.
Dès son entrée au Parti socialiste, en 1972, il gravit très rapidement les échelons. Il commence par être secrétaire de la Fédération des socialistes de l'Aveyron. Grâce à ce poste, il se fait remarquer par François Mitterrand qui note chez lui des qualités d'orateur. Poussé par l'ambition et des projets politiques de plus grande envergure, il part à Paris. Il peut ainsi siéger au Conseil de Paris sur la liste menée par le communiste Louis Baillot. Parmi les candidats figure celui qui deviendra son mentor : Lionel Jospin. Il conserve ce mandat jusqu'en 1995. Parallèlement, en 1986, il espère pouvoir retrouver sa région, l'Aveyron en se présentant aux élections législatives, mais sa candidature n'est pas la bienvenue. Il échoue et décide de retourner à Paris.
Dans les années 1990, il est premier secrétaire adjoint de la Fédération socialiste de Paris. Il se fait ensuite élire député PS de Paris, mandat qu'il conserve de 1995 à 2001. On lui propose alors le poste de secrétaire national adjoint chargé de la presse. Pendant deux ans, il occupe le poste de secrétaire national du Parti socialiste, chargé des fédérations, de l'organisation et du contentieux. Dans le même temps, il devient président du groupe socialiste au Conseil de Paris.
En tant que socialiste s'occupant de Paris depuis plusieurs dizaines d'années, il symbolise l'une des figures les plus importantes d'opposition au maire de Paris, Jacques Chirac, élu depuis 1977. Lors des élections municipales en 1995, adversaire de Jean Tibéri, il parvient à conquérir six des vingt arrondissements de Paris, un exploit pour une ville habituée à donner la majorité à la Droite. En 2001, il en gagne six supplémentaires.
En 2001, Bertrand Delanoë est élu maire de Paris grâce à son alliance avec les communistes et les Verts, mais surtout aux divisions au sein de la Droite. En effet, deux candidats, Jean Tibéri (maire sortant) et Philippe Seguin, se disputent la place. Pour les socialistes, cette victoire relève de l'exploit puisque cela faisait 100 ans que Paris était aux mains de la Droite. Bertrand Delanoë gagne les élections de peu avec 49,59% des suffrages. Comme il l'avait énoncé au cours de la campagne, il ne souhaite pas cumuler les mandats : il cède donc son siège de député.
A la mairie, au lieu de choisir ses trente trois adjoints parmi les maires des différents arrondissements, il préfère prendre auprès de lui les candidats perdants comme Anne Hidalgo par exemple qui s'était présentée à la mairie de 15ème arrondissement.
Il se donne de nombreux objectifs à atteindre notamment dans le domaine de l'environnement, de la culture et du logement.
Dès son arrivée, il a voulu transformer la capitale pour en faire un modèle culturel. Il a instauré la gratuité d'une quinzaine des Musées municipaux, Paris-Plage, la Nuit Blanche, Paris Cinéma.
Pour mettre en oeuvre Paris-Plage chaque année pendant un mois d'été, il aménage les quais de la Seine pour accueillir les vacanciers qui peuvent se croire au bord d'une plage aménagée en s'offrant un bain de piscine, un cocktail, un massage. Ils peuvent surtout assister à diverses manifestations culturelles (comme des concerts, des spectacles) consacrées à un thème ou un pays différent chaque année.
La Nuit blanche propose aux spectateurs de visiter la capitale de nuit, de visiter gratuitement les musées et de voir diverses manifestations artistiques à travers la ville.
Paris Cinéma est un festival qui a lieu en juillet et permet de voir des films très divers à un prix modique.
Très intéressé par les progrès technologiques, Bertrand Delanoë a souhaité doter la ville de Paris d'un réseau Wi-fi gratuit accessible dans des parcs, bibliothèques et autres lieux municipaux.
Bertrand Delanoë n'est pas un écologiste à la base. Pourtant, il souhaite réduire considérablement le taux de pollution à Paris. Pour y parvenir, il adopte des projets stricts qui métamorphosent considérablement le paysage urbain. Il commence par agrandir les voies des bus et des taxis, réduisant ainsi l'espace réservé aux voitures. Certains opposants s'agacent des embouteillages créés par ce réaménagement des voies. Ensuite, il développe les pistes cyclistes et en été 2007 installe des milliers de vélib'. Pour garantir des déplacements plus commodes, il propose le lancement d'un troisième tramway, sur les Maréchaux. Pour encourager les consommateurs à se débarrasser de leur voiture, il augmente sensiblement le prix des parcmètres.
Contrairement à ses prédécesseurs, Bertrand Delanoë souhaite plus de transparence en ce qui concerne l'attribution des logements sociaux. C'est lui qui dénonce les frais de bouche mirobolants de Jacques Chirac du temps où il était maire de Paris. Pour lutter contre la misère et les incendies dus à la vétusté des locaux, le maire de Paris fait détruire de nombreux immeubles insalubres.
Parce que Paris manque de place en crèche, Bertrand Delanoë lance la construction de nouveaux établissements. Dès son arrivée à la mairie, il aménage une crèche au sein même de l'Hôtel de ville pour accueillir les enfants des salariés. Lorsqu'en 2008, Xavier Darcos, le ministre de l'Education nationale, propose d'organiser le service minimum dans les écoles en cas de grève des enseignants, Bertrand Delanoë s'y est fortement opposé estimant que les fonctionnaires de la Mairie de Paris n'avaient pas à saper les manifestations de fonctionnaires nationaux.
Bertrand Delanoë souhaite briguer une seconde fois la mairie de Paris. Pour mener à bien sa campagne, il s'est entouré d'un directeur de campagne, Patrick Bloche (président de la fédération socialiste de Paris) ainsi que de deux porte-parole : Anne Hidalgo et Annick Lepetit. Sa principale adversaire est la candidate UMP, Françoise de Panafieu, qu'il devance pourtant de très loin dans les sondages. Ses principaux thèmes de campagne sont l'environnement : le maire sortant souhaite poursuivre ses aménagements à Paris pour lutter contre la pollution et réduire un maximum le nombre de voitures circulant dans la capitale. Son second thème de campagne est le logement puisqu'il reste de nombreux habitats insalubres à détruire pour les remplacer par de véritables logements sociaux. Ces deux thèmes étaient déjà au coeur de sa campagne en 2001.
Dès à présent, certains de ses opposants voient en sa candidature à la mairie de Paris une façon de tester son opinion auprès des électeurs et se porter candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Or, ce poste clef permet en général d'être le candidat du parti à l'élection présidentielle. Il est actuellement la seule personnalité politique de gauche à tenir tête dans les sondages à Ségolène Royal. Pour l'heure, le candidat à la mairie de Paris affirme ne pas vouloir se préoccuper d'échéances lointaines pour se consacrer à sa campagne.