Municipales 2008 : Les gagnants et les perdants du premier tour

Municipales 2008 · 10 mar. 2008 à 20:00

Résultats des municipales 1er tour

Les résultats du premier tour sont paradoxaux. La gauche a gagné, mais les ministres candidats ont réalisé de très bon score. Le PS est majoritaire, mais le PC a gagné toutes les primaires contre le parti socialiste dans les villes de Seine-Saint-Denis. La droite a perdu, mais résiste mieux que prévu à Marseille, Toulouse, et reprennent quelques mairies à la gauche. François Bayrou est en difficulté à Pau, mais le MoDem peut jouer le rôle d'arbitre dans de nombreuses villes. Retour sur les gagnants et les perdants du premier tour.

Les gagnants du premier tour des municipales

- La gauche. Avec 47% des voix sur le plan national contre 45% à la droite, la gauche est désormais majoritaire dans le pays. Si la baisse de participation (65,67 % contre 67,18 % en 2001) explique qu'il n'y ait pas eu le raz-de-marée socialiste annoncé, dix mois après la présidentielle, la gauche est devenue majoritaire.

- Les ministres candidats. Paradoxalement, alors que la gauche a bénéficié d'un vote sanction contre la politique du gouvernement Fillon, les ministres candidats s'en sortent bien. 14 des 23 ministres candidats (sans compter le Premier ministre) aux élections municipales et aux cantonales ont été élus ou réélus dès le premier tour. A noter que Luc Chatel (secrétaire d'Etat à la Consommation) et Laurent Wauquiez (porte-parole du gouvernement) ont réussi à faire basculer les villes de Chaumont et Puy-en-Velay à droite.
- Le Parti Communiste. Le Parti Socialiste avait présenté des candidats dans certaines municipalités détenues par les communistes pour tenter de récupérer certains bastions historiques du PC. Dans toutes ces "primaires", le PC est sorti vainqueur. C'est le cas dans la plupart des villes d'Ile de France : Champigny, Ivry-sur-Seine, Malakoff, Nanterre. C'est plus serré à Aubervilliers ou Bagnolet. Mais le PC résiste bien, et a même récupéré des villes à la droite. C'est le cas de Dieppe.
- Le MoDem. Si le nouveau parti de François Bayrou n'est pas en mesure de remporter de villes majeures, il confirme, avec ces élections, son rôle d'arbitre dans le jeu politique entre le Parti Socialiste et l'UMP. Dans de nombreuses villes, ce sont les voix centristes qui vont faire la différence. D'ores et déjà, le PS et l'UMP font des appels du pied aux électeurs du MoDem.
- Les personnalités politiques en position de force. A Bordeaux, Alain Juppé est réélu dès le premier tour alors qu'il avait perdu son siège de député en juin dernier. L'ancien Premier ministre relance donc sa carrière politique. A Lyon, le maire sortant, Gérard Collomb, obtient une victoire historique dès le premier tour face à Dominique Perben. A Paris, Bertrand Delanoë améliore très nettement son score de 2001 et s'achemine vers un triomphe pour le deuxième tour. A Lille, Martine Aubry aborde le deuxième tour en position de force au point qu'on murmure au PS qu'elle pourrait briguer le poste de Premier secrétaire du PS en novembre prochain.

Les perdants du premier tour des municipales

- La droite. Avec 45% des voix, la droite est désormais minoritaire dans le pays. Si le score est moins sévère que ce que prévoyaient les sondages, le retournement de situation est tout de même spectaculaire, moins de 10 mois après remporté haut la main l'élection présidentielle et les élections législatives.
- Le Front National. Le parti poursuit son déclin. N'étant pas en capacité de présenter autant de candidatures qu'il l'aurait souhaité, le FN enregistre de très mauvais score dans les grandes villes, en passant souvent sous la barre des 10%. L'échec de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont illustre l'affaiblissement de l'Extrême droite. Alors qu'elle avait obtenu 45 % des voix dans cette ville du nord aux législatives de juin 2007, elle n'a obtenu que 28,53 % des voix au premier tour des municipales contre 43,09 % au maire sortant.
- Les personnalités politiques affaiblies. A Pau, François Bayrou est dans une situation délicate. Celui qui était arrivé troisième de la présidentielle et qui avait capitalisé sur son nom près de 7 millions de voix, n'est arrivé que deuxième aux municipales à Pau avec 32,61 % des voix contre 33,87 % à sa rivale socialiste. Faute d'une alliance avec l'UMP, François Bayrou est en ballotage défavorable. A Paris, l'échec de Françoise de Panafieu est cuisant. Les listes UMP sont reléguées à plus de 10 points par rapport aux listes de Delanoë. Et des personnalités comme Jean-Marie Cavada et Christine Lagarde sont littéralement balayées. A Périgueux, le ministre de l'Education, Xavier Darcos, sort affaibli du premier tour. En 2001, il avait été réélu avec 59,7% des voix. Cette fois-ci, il est légèrement devancé par son concurrent socialiste : 45,70% contre 45,25%. Le report de voix des petits candidats fera la différence.

Les résultats du premier tour sont donc paradoxaux. La victoire de la gauche n'est pas aussi forte que prévu, mais la droite est bien minoritaire dans le pays. Si la volonté d'un vote sanction a pesé sur le scrutin, il semble que les enjeux locaux l'ont plutôt emporté sur les enjeux nationaux.

*** Liens

- A quoi sert un maire d'arrondissement ?
- A quoi servent les élections cantonales ?
- Les villes qui pouvaient basculer
- Les conséquences des précédentes défaites du pouvoir exécutif

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Quiz : Contre qui Alain Juppé avait-il perdu les élections législatives en juin 2007 ?

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