Le ministre de l'Education nationale va-t-il chuter à Périgueux ?

Municipales 2008 · 15 mar. 2008 à 18:17

Darcos à Périgueux

Depuis 1995, Xavier Darcos est maire de Périgueux. Candidat pour un troisième mandat, il apparaît en difficulté à l'issue du premier tour. En 2001, il avait été réélu avec 59,7% des voix. Cette fois-ci, il est légèrement devancé par son concurrent socialiste : 45,70% contre 45,25%. Le report de voix des petits candidats fera la différence au second tour.
En l'espace d'une semaine, Périgueux est devenu un peu le centre de la France : le Premier ministre François Fillon, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, sont venus soutenir le ministre de l'Education. Sa réélection à la mairie de Périgueux a pris une tournure nationale. Alors que tous les autres ministres ont plutôt obtenu de bons scores, Xavier Darcos est le seul poids lourd du gouvernement à être en difficulté. Même si Nicolas Sarkozy a rappelé que la victoire n'était pas une condition indispensable pour rester au gouvernement, une défaite affaiblirait considérablement le ministre de l'Education nationale. Explications.

La contre-performance de Xavier Darcos au premier tour

Depuis près de 40 ans, Périgueux a toujours élu un maire de droite. En 1995 et 2001, Xavier Darcos avait été élu dès le premier tour. Mais les résultats du premier tour des municipales 2008 ont surpris les observateurs : le maire sortant est devancé de 56 voix par le candidat socialiste.
L'actuel ministre de l'Education doit donc affronter un second tour qui s'annonce serré. L'issue du scrutin dépend de deux facteurs : la mobilisation des abstentionnistes et le report des voix du divers droite Jean-Louis Demaret. Ce candidat dissident du MoDem a obtenu 6,05 % alors que les sondages ne l'accréditaient que de 2 %. Normalement, le report des voix devrait profiter à Xavier Darcos, mais rien n'est moins sur. En effet, il n'est pas évident que des électeurs du centre et de la droite, qui n'ont pas voté pour Xavier Darcos, fassent la démarche d'aller voter au deuxième tour pour celui qu'ils ont voulu désavouer au premier tour. Dans ce cas de figure, les chances du socialiste Michel Moyrand d'arracher la ville à la droite sont réelles. Il peut espérer récupérer quelques voix au MoDem, mais aussi à une liste composée de candidats issus de la société civile qui a obtenu près de 3% des voix. Quoi qu'il en soit, l'élection se jouera dans un mouchoir de poche.

Les enjeux locaux sont éclipsés par l'enjeu national

L'une des raisons de l'échec de Xavier Darcos est l'ambivalence de sa stratégie. Après sa contre-performance du premier tour, Xavier Darcos veut à tout prix faire oublier le ministre de Paris pour montrer qu'il est un élu bien implanté localement. Dans le même temps, il n'a pas pu s'empêcher de s'afficher avec les principales têtes de l'exécutif. Avant le premier tour, Nicolas Sarkozy avait fait l'une de ses rares sorties pour soutenir le ministre de l'Education. Entre les deux tours, le déplacement de François Fillon et d'Alain Juppé à Périgueux ont bien montré que cette élection avait un enjeu national. Une défaite de Xavier Darcos serait perçue comme une sanction pour le gouvernement.
De son côté, le candidat de la gauche, Michel Moyrand, joue à fond la logique du vote sanction et donne à sa campagne une dimension nationale. Le Premier secrétaire du PS, François Hollande, a d'ailleurs fait lui aussi le déplacement à Périgueux pour soutenir le candidat du PS. L'enjeu à Périgueux n'est donc absolument pas local. La gauche attaque Xavier Darcos sur son statut de ministre et sur la politique du gouvernement Fillon mais pas sur son bilan à Périgueux puisque de l'avis des observateurs, son bilan local est bon.

Le vote socialiste dans le Sud-Ouest : entre vote sanction et vote d'adhésion

Périgueux se trouve dans une zone géographique, le Sud-Ouest, qui a connu une forte poussée à gauche aux dernières élections de 2007, présidentielle et législatives. Dans les villes du Sud-Ouest, dont Périgueux, Ségolène Royal était arrivée largement en tête. Les candidats socialistes aux municipales ont donc essayé de surfer sur cette vague.
A Périgueux, la gauche n'a pas attiré les électeurs mais la droite a découragé les siens. Il s'agit surtout d'un vote sanction plus que d'un vote d'adhésion. Ce qui se passe à Périgueux est très révélateur de ce qui se passe ailleurs. Sur des critères strictement locaux, Xavier Darcos aurait du être réélu dès le premier tour. Mais l'actuel ministre de l'Education pourrait chuter en raison de l'impopularité du chef de l'Etat.

Hollande à Périgueux

Ministre, atout ou handicap pour être maire ?

Sur ce sujet, les électeurs ont souvent une position ambiguë. Ils veulent un maire à plein temps et en même temps, un maire qui a de bonnes relations à Paris, qui peut faire jouer ses relations pour la ville peut être utile. C'est aussi une manière de donner à la ville une visibilité plus grande. Etre ministre est donc à la fois un atout et un handicap. A Périgueux, le candidat socialiste mise à fond sur cet effet repoussoir. Son principal argument est de dire que si Xavier Darcos est élu, il ne serait pas un maire à plein temps.


La mobilisation des abstentionnistes pourrait donc faire la différence au second tour. En difficulté, le ministre de l'Education bénéficie d'un report de voix légèrement plus favorable par rapport au candidat socialiste. Mais si le vote sanction joue à plein, le ministre de l'Education pourrait perdre la mairie et sortir très affaibli de ces élections.

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