Réorganisation de l'UMP : le deuxième remaniement

breve · 28 mar. 2008 à 23:41

Bertrand et Morizet

A défaut d'un grand remaniement ministériel, Nicolas Sarkozy vient de réaliser deux mini-remaniements. Le premier a eu lieu 48 heures après le deuxième tour des municipales avec la nomination de six nouveaux secrétaires d'Etat au gouvernement. Le second a été officialisé aujourd'hui avec la nomination de deux personnalités à la direction de l'UMP : Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand. Mais pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il procédé à ce deuxième remaniement ?

Le retour des Sarkozystes au gouvernement et à l'UMP

Le mini-remaniement du gouvernement donnait le signe d'une reprise en main du pouvoir par Nicolas Sarkozy. Contrairement à ce qu'il avait annoncé, l'ouverture politique n'a pas été approfondie. Les six nouveaux secrétaires d'Etat qui ont faire leur entrée dans le gouvernement Fillon sont tous Sarkozystes. Le remaniement avait donné l'impression que Nicolas Sarkozy avait voulu rééquilibrer les forces en confortant Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde sans toucher au portefeuille ministériel de Xavier Bertrand. Ce dernier apparaissait un peu comme le perdant de ce remaniement, n'obtenant pas le ministère de l'économie qu'il convoitait tant. En réalité, la manoeuvre avait pour but de confier de nouvelles responsabilités à Xavier Bertrand, à l'UMP cette fois-ci.

La promotion de deux ministres jugés très efficaces

Le ministre du travail devient ainsi secrétaire général adjoint de l'UMP, tout comme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a été nommée à ses côtés. La nomination de ces deux secrétaires généraux adjoints est une manière de mieux encadrer le secrétaire général, Patrick Devedjian. Celui qui était réputé comme un Sarkozyste pure jus est contesté au sein du parti. On lui reproche notamment son manque d'entrain pour faire vivre une machine électorale désormais à l'arrêt. En outre, Nicolas Sarkozy a peu apprécié les propos amers de celui qui briguait le portefeuille de la justice et qui avait déclaré dépité au mois de juin 2007 qu'il était pour l'ouverture politique "jusqu'au Sarkozyste, c'est dire".
Ce sont donc deux poids lourds qui rentrent à la direction de l'UMP, avec à terme, la possibilité pour Xavier Bertrand de prendre la tête du mouvement, avant peut être une nomination à Matignon pour la deuxième partie du quinquennat. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, le sérieux de son travail au ministère du développement durable lui permet d'accéder à un poste important, celui de secrétaire général adjoint en charge du "programme".

Réorganisation de l'UMP : équilibrer les forces et placer des Sarkozystes aux postes clés

La nomination de ces deux lieutenants pour encadrer Patrick Devedjian s'accompagne d'un changement plus large de l'organigramme de l'UMP. Quatre postes de délégués généraux ont été créés, et trois porte-paroles ont été nommés : Dominique Paillé (centriste), Frédéric Lefevre (député et ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy) et Chantal Brunel (femme issue de l'entreprise, réputée proche du président de la République). En guise d'ouverture, le villepiniste, Bruno Lemaire, a même obtenu un poste de délégué général au sein de l'UMP.
Pour le reste, la direction du Conseil national (parlement du parti) ne change pas : les centristes Jean-Pierre Raffarin, Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie conservent leur poste de vice-président.
A l'origine, la direction de l'UMP était bicéphale : Patrick Devedjian était à la tête de l'exécutif du mouvement, et Jean-Pierre Raffarin à la tête du Conseil national. En réalité, c'est Patrick Devedjian qui était le véritable patron du parti de la majorité. Mais contesté au sein de son propre camp pour son caractère jugé trop rigide et pour son manque d'écoute, il vient de recevoir un sérieux avertissement en étant épaulé par deux ministres qui deviennent de facto, numéro 2 du mouvement : Xavier Bertrand et Nathalie Kosciusko-Morizet.


Si la réorganisation du mouvement donne le sentiment d'un rééquilibrage avec la nomination de centristes et même de villepinistes, ce sont bien des proches de Nicolas Sarkozy qui occupent les postes-clés. Après quelques mois de flottement liés à sa baisse dans les sondages, le président de la République entend bien reprendre les manettes du pouvoir, à commencer par celles de l'UMP.

*** Liens

- Nicolas Sarkozy se donne deux ans pour remonter la pente
- Le mini-remaniement du gouvernement Fillon : une stabilité de façade
- Xavier Bertrand, le négociateur du gouvernement
- Nathalie Kosciusko-Morizet, l'écologiste de droite
- Vidéo : Patrick Devedjian et l'art de la politesse

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