Le Canard enchaîné · 1er avr. 2008 à 22:31
Pendant la campagne des municipales, l'ex-candidate socialiste à la présidentielle s'est dépensée sans compter pour faire le tour des grandes villes et venir soutenir les candidats socialistes. Cette campagne a marqué le début de sa tournée des fédérations en vue du congrès socialiste de novembre prochain qui doit désigner la nouvelle direction du Parti socialiste.
Mais selon le Canard Enchaîné, c'est le Parti Socialiste qui aurait financé une partie de la tournée de Ségolène Royal alors qu'elle n'occupe aucune fonction officielle de premier plan au sein du PS. Ses rivaux protestent déjà en coulisse...
Dans le cadre de la campagne des municipales, Ségolène Royal aurait reçu plus de 200 invitations de la part de candidats socialistes pour venir les soutenir en province. La présidente de la région Poitou-Charentes, qui n'était pas candidate, n'a donc pas ménagé sa peine : elle a multiplié les déplacements, notamment dans le Sud-ouest où la gauche avait fait une percée aux dernières législatives. Ces municipales ont été l'occasion pour elle d'occuper l'espace médiatique, les autres responsables socialistes étant concentrées sur leur propre réélection, comme Bertrand Delanoë à Paris. De l'avis de tous, ces déplacements étaient une première tournée de repérage en vue de la campagne interne pour le congrès du Parti Socialiste.
Sauf que ces déplacements, destinés à faire de Ségolène Royal la principale opposante à Nicolas Sarkozy, n'auraient pas tous été réglés par la candidate elle-même. Selon une indiscrétion du Canard Enchaîné du 26 mars 2008, une partie de la tournée de Ségolène Royal a été financée par le Parti Socialiste. Et le journal satirique de prendre l'exemple de deux factures arrivées Rue de Solferino : un aller-retour "Paris-Luxembourg" du 12 mars, et un aller-retour "Paris-Valence" et "Aix-Paris" le lendemain. Ces notes de frais, facturées par la société Air-Taxi-Charter, s'élèveraient à 20 300 euros. Un membre du bureau national, qui a requis l'anonymat, s'est agacé de ces largesses dans les colonnes du Canard Enchaîné : "Elle n'était pas mandatée par le parti pour faire sa propre campagne électorale".
Prévenu de ces notes de frais, François Hollande a cherché à éviter tout risque de polémique en précisant que d'autres dirigeants, lors des campagnes précédentes, avaient financé leur déplacement sur le compte du parti.
Il n'est pas sur que les rivaux de Ségolène Royal pour le poste de Premier secrétaire du PS soient du même avis. Car avec cette anecdote se pose la question cruciale du financement de la campagne interne pour le congrès de novembre. Plusieurs candidats se sont quasiment déclarés : Julien Dray, Pierre Moscovici. Bertrand Delanoë attend l'été avant de se prononcer. Si Ségolène Royal a déjà pu financer une partie de ses déplacements par le PS, qu'en est-il des autres responsables socialistes alors que la campagne interne n'a officiellement pas commencé ? Vont-ils également se faire financer leurs tournées des fédérations ? Et à partir de quand ? Au moment où le Parti Socialiste enregistre une forte baisse du nombre de ces adhérents, donc des cotisations, les questions de financement ne sont pas accessoires.
*** Sources
- "Ségolène Royal vaut le déplacement", Le Canard Enchaîné n°4561, 26 mars 2008
- Jean-Michel Normand, "En tournée, Ségolène Royal cherche à distancer ses rivaux socialistes", Le Monde, 27 février 2008
- Les hésitations stratégiques de Ségolène Royal
- Ségolène Royal passe à l'offensive pour contrer Bertrand Delanoë
- Michel Rocard déplore la faiblesse du PS et flingue Ségolène Royal
- Désirs d'avenir, l'outil de conquête de Ségolène Royal
- Ségolène Royal échoue, mais veut préparer 2012
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Quiz : Dans quel pays étranger s'est rendue Ségolène Royal pendant la campagne des municipales ?
