Enquête · 14 avr. 2008 à 23:48
Roselyne Bachelot a une place à part à l'UMP. Dépourvue de langue de bois, souvent gaffeuse, elle a réussi à s'imposer à droite malgré le scepticisme d'une partie des députés UMP. François Fillon lui a confié en juin dernier un ministère élargi, cumulant le portefeuille de la Santé avec celui des Sports. Si, pour l'heure, elle s'est faite très discrète sur le volet sportif de son ministère, refusant de prendre position sur le boycott ou non de la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin par exemple, elle vient de faire une sortie tonitruante ce week-end en tant que ministre de la Santé en affirmant que la Sécurité sociale pourrait ne plus rembourser les lunettes.
Portrait de Roselyne Bachelot
Roselyne Bachelot est née le 24 décembre 1946. Très tôt, elle baigne dans une atmosphère politique. Son père, Jean Narquin, était résistant pendant la Seconde guerre mondiale. C'était un député gaulliste du Maine-et-Loire. Roselyne Bachelot suivra bien plus tard les traces de son père. Dans un premier temps, elle préfère se consacrer à ses études scientifiques comme ses parents tous deux dentistes. Elle opte pour pharmacie. Elle sort major de sa promotion. Entre 1984 et 1991, elle est titulaire d'une pharmacie à Angers.
Comme son père, Roselyne Bachelot se présente dans sa région. Elle est élue au Conseil général du Maine-et-Loire entre 1982 et 1988. Elle continue son implantation dans la région en se faisant élire en 1986 au Conseil régional du Pays de Loire. Elle est alors Vice-présidente du conseil et préside la Commission de l'aménagement du Territoire et de l'environnement. Poursuivant son implication dans la région, elle devient députée en 1988 sur la liste RPR du Maine-et-Loire. Enfin, elle est tête de liste UMP du Grand Ouest en 2004 aux élections européennes. Elle est alors élue députée UMP-PPE au Parlement européen. Roselyne Bachelot bénéficie donc d'un fief électoral bien quadrillé.
Très vite, à l'Assemblée nationale, Roselyne Bachelot se fait remarquer par son style très décontracté, ses gaffes, sa liberté de parole. A l'écart de la logique droite-gauche, elle peut soutenir des idées provenant de l'opposition comme le Pacs. En 1999, elle participe à la gay-pride au grand dam de son parti. Son caractère atypique lui vaut d'être remarqué, parfois moqué par les politiques peu habitués à cette liberté de ton.
En 2002, Jacques Chirac lui propose de devenir son porte-parole de campagne à la présidentielle. Ce soutien lui vaut dès lors d'entrer dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin au poste de Ministre de l'Ecologie et du développement durable. Mais elle ne parvient pas à se faire entendre en proposant des projets qui font bondir les écologistes, l'opposition voire son propre camp. Elle déclenche de nombreuses polémiques en défendant l'énergie nucléaire ou la chasse aux animaux sauvages, souvent menacés de disparaître. De nombreuses associations écologistes manifestent contre ces projets jugés irresponsables. En août 2003, au moment de la canicule, pour tenter de trouver une solution à un événement tragique à l'origine de plusieurs milliers de morts, elle propose des idées très terre à terre qui font rire les politiques comme les humoristes. Elle est complètement discréditée dans sa fonction de ministre de l'écologie. Elle poursuit ses gaffes en osant affirmer sur RTL que Jacques Chirac est sourd et a recours à un sonotone. Cette révélation suscite encore les rires des uns et le mépris des autres, souvent issus du camp UMP.
En 2004, au moment du remaniement ministériel, Roselyne Bachelot n'est pas reconduite dans ses fonctions. Elle quitte donc le gouvernement pour devenir membre du bureau exécutif de l'UMP. Elle est enfin promue secrétaire générale adjointe de l'UMP.
Bien que fidèle à Jacques Chirac, Roselyne Bachelot sait que pour retrouver une place en politique, au sein du gouvernement, elle doit faire alliance avec la figure montante de l'UMP : Nicolas Sarkozy. Elle s'engage donc à ses côtés et fait partie de son équipe de campagne. Au lendemain de l'élection, François Fillon désigne Roselyne Bachelot ministre de la Santé, de la jeunesse et des Sports. Ce poste suscite moins de réactions que celui de ministre de l'écologie. En effet Roselyne Bachelot a montré son engagement sur les problèmes de santé publique et de droits des personnes. Depuis des années, elle milite dans les associations de lutte contre le SIDA et manifeste publiquement son soutien à cette cause ainsi qu'à celle du mariage et de l'adoption des homosexuels.
En tant que ministre de la Santé, Roselyne Bachelot doit s'occuper de la réforme de la Sécurité sociale ainsi que de la réforme des franchises médicales. D'autre part, elle doit mettre en place un plan de lutte contre la maladie d'Alzheimer, de celui contre le cancer. La révision de la carte hospitalière est également dans les cartons.
En tant que ministre de la santé, Roselyne Bachelot doit surtout accompagner une baisse du coût de la Sécurité sociale. Deux pistes sont à l'étude : la poursuite du déremboursement de nombreux médicaments et le transfert d'une partie des remboursements assurés par l'Etat à des prises en charge uniquement par les mutuelles. Mais sa proposition de réserver les remboursements des lunettes aux mutuelles a suscité un véritable tollé dans l'opposition, le risque étant d'instaurer un système médical à deux vitesses, entre ceux qui auront les moyens financiers d'avoir une mutuelle qui couvre tous les risques, et les autres, qui se contenteront d'un système de soins à minima. La question du financement de la Sécurité sociale se pose toujours avec plus d'acuité à chaque quinquennat.
- La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a couvert les fraudes des pharmaciens
- Vidéo : Bertrand Delanoë et Roselyne Bachelot, une entente cordiale affichée
- Rigueur budgétaire : le gouvernement n'alimente plus un Fonds d'insertion pour handicapés
- Fonds de réserve des retraites : 3 milliards perdus en bourse
_____________________________________________________
Quiz : Qui était ministre de la Santé dans le gouvernement Jospin en 2001 ?