Un an après leur élection, quel était le bilan de Chirac, Mitterrand et Giscard ?

Enquête · 6 mai 2008 à 21:23

Bilan des présidents

Les commentateurs passent au crible toutes les mesures prises par Nicolas Sarkozy au cours de sa première année de mandat. Nicolas Sarkozy et François Fillon tentent de tordre le cou aux mauvais sondages en expliquant que jamais la France n'aura connu autant de réformes en l'espace d'une année. Au cours de son intervention télévisée de la semaine dernière, le chef de l'Etat s'est même risqué à chiffrer le nombre de réformes : 55.
Malgré cet activisme législatif, les enquêtes d'opinion révèlent la défiance des Français à l'égard de la politique de Nicolas Sarkozy. Son absence de résultats notamment sur la question du pouvoir d'achat explique en grande partie le jugement négatif des Français sur le bilan de la première année.


Mais quel était le bilan de ses prédécesseurs après une année de mandat ?

Le bilan de Giscard d'Estaing après une année de pouvoir

On compare souvent les débuts de la présidence Sarkozy à celle de Valéry Giscard d'Estaing. En 1974, VGE avait 48 ans et la même volonté de bouleverser les codes et de dépoussiérer la fonction présidentielle. La première année reflète cette volonté de changement : loi sur l'avortement, gratuité de la contraception, majorité à 18 ans, fin du monopole audiovisuel. En matière économique, en pleine crise liée au choc pétrolier, Valéry Giscard d'Estaing mène une politique plus confuse : les indemnités chômage sont fortement augmentées alors que l'Etat n'en a pas les moyens, et la décision de stopper net l'immigration fait débat. Un an après son élection, Valéry Giscard d'Estaing gardait tout de même une cote de popularité supérieure à 50%.

Le bilan de François Mitterrand au bout de la première année

L'élection de François Mitterrand suscite un immense espoir à gauche, après 23 ans d'opposition. Elu sur un programme comprenant 110 mesures, le chef de l'Etat va s'attacher à faire les réformes les plus symboliques au cours de la première année de son mandat : création de l'Impôt sur les Grandes fortunes, passage aux 39 heures, instauration de la 5ème semaine de congés payés, retraite à 60 ans, nationalisation des grandes entreprises, augmentation des allocations. La peine de mort est abolie en octobre 1981.
Au final, cette politique a un coût très lourd pour les dépenses publiques et un plan de rigueur est décidé dès le mois de juin 1982, faute d'une relance de la croissance économique. Mais en mai 1982, soit un an après son élection, François Mitterrand bénéficie encore de près de 58% d'opinions positives.

Le bilan de Jacques Chirac un an après son élection

Jacques Chirac est le président de la République qui a renié le plus vite ses promesses de campagne. Elu sur le thème de la fracture sociale et de la nécessité de s'attaquer aux inégalités sociales, il décide dès le mois d'octobre de renoncer à toutes ses promesses en raison du déficit budgétaire et de la nécessité de respecter les critères européens pour rester dans la course pour l'Euro.
Les grèves de décembre 1995 marquent une rupture entre le président de la République et l'opinion, rupture d'autant plus forte que Jacques Chirac n'a pas beaucoup réformé depuis son élection. La reprise des essais nucléaires un mois après son élection avait déjà suscité un vif mécontentement. Un an après son élection, après d'autres réformes moins impopulaires, comme la suppression du service militaire pour créer une seule armée de métier, Jacques Chirac peine à effacer les effets dévastateurs du "Plan Juppé" sur l'opinion, plan qu'il a été contraint de retirer. En mai 1996, Jacques Chirac n'a plus que 44% d'opinions positives.


Par rapport à ses trois prédécesseurs, Nicolas Sarkozy est donc celui dont la cote de popularité a baissé le plus rapidement. En outre, cette chute n'a pas que des raisons politiques (l'absence de résultats en terme de pouvoir d'achat assombrit son bilan), elle est aussi liée à un problème d'images. Si Nicolas Sarkozy se vante d'avoir lancé 55 réformes, dont très peu ont d'ailleurs abouti à ce jour, il reste dans la moyenne de ses prédécesseurs, à l'exception de Jacques Chirac, plus lent dans la mise en oeuvre des réformes.

Retour sur...

> Mitterrand, Chirac, Sarkozy : la rigueur après l'élection

Rigueur

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