Livres politiques · 8 mai 2008 à 23:48
Internet a été l'attraction de la campagne de 2007. Les candidats ont tenté d'innover, multipliant les vidéos en ligne, les tchats avec les électeurs. Ségolène Royal a même tenté d'écrire un livre à partir des contributions des internautes. La presse papier a également connu une hausse de ses ventes malgré un contexte économique négatif. Malgré tout cela, la télévision reste le média incontournable, tout comme la radio. En terme d'audience et de crédibilité de l'information, ces deux médias dominent les autres depuis de nombreuses années. Dès lors, ces outils façonnent l'opinion.
Dans "La revanche de l'opinion", Laurent Cayrol, directeur de l'institut de sondages CSA et chercheur au centre de recherches politiques de Sciences-Po, analyse le rôle de la télévision et de la radio dans la formation de l'opinion.
Cette semaine, à l'occasion du premier anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy, Politique.net publie une série en 5 volets sur la démocratie d'opinion, à un moment où le président de la République peine à remonter dans les sondages.
Malgré les différents multimédias, la télévision est et demeure le meilleur outil de communication pour les hommes politiques pour s'adresser aux citoyens. C'est Charles de Gaulle qui, le premier, s'est servi de la télévision pour parler aux Français. Persuadé que la presse écrite lui serait défavorable, il a voulu contrer les mauvais commentaires et parler directement aux citoyens pour les convaincre. En 1965 eut lieu la première élection présidentielle au suffrage universel. Lors de la campagne, tous les candidats ont eu droit au même temps de parole. Or, un seul refusa de se plier à la règle et de snober ce rendez-vous avec les téléspectateurs : Charles de Gaulle, persuadé qu'il serait réélu dès le premier tour. Finalement, il fut mis en ballottage. Entre les deux tours, il accepte de répondre aux questions d'un journaliste mais choisi l'un de ses partisans, Michel Droit qui se contenta de lui poser des questions orientées.
C'est à cette époque que les politiques ont eu recours à des experts en communication et depuis, lors des débats, ils savent mettre en scène leur corps, placer des phrases percutantes, et séduire le téléspectateur pour le convaincre.
Pourtant, même si le charisme est important, les Français sont sensibles aux arguments donnés par les candidats pour trouver des solutions à leurs problèmes. Lors du débat en 1981 entre Mitterrand et Giscard d'Estaing, les gens ont à la fois été sensibles aux pics des deux candidats ainsi qu'aux joutes verbales, mais surtout à la discussion de fond.
Alors qu'aux Etats-Unis, la télévision est reine dès le saut du lit, en France, on préfère écouter la radio, si bien que les émissions politiques des premières tranches de la journée, sur les grandes stations, sont très écoutées. Les hommes politiques se précipitent dans ces studios pour s'adresser directement aux auditeurs sans craindre de souffrir de la moindre concurrence sur un autre média.
Selon Roland Cayrol, il vaut donc mieux passer sur une radio nationale, le matin plutôt que sur une petite chaîne câblée à la télévision, qui n'a qu'un très faible audimat. Enfin, il semblerait que les arguments passent mieux à la radio plutôt qu'à la télévision où les téléspectateurs peuvent être tentés de zapper ou de s'attacher plus à l'apparence physique plutôt qu'au discours.
Série : "La revanche de l'opinion"
1. La revanche de l'opinion : l'importance des sondages dans la vie politique
2. Emotions et arguments : comment se forger une opinion ?
3. Les divisions de l'opinion : ceux qui votent, ceux qui s'abstiennent
4. Le rôle de la télévision et de la radio dans la formation de l'opinion
5. Divertissement et humour en politique : l'autre manière de toucher l'opinion
> Roland Cayrol, La Revanche de l'opinion, Médias, sondages, Internet, Editions Jacob-Duvernet, 205 p., 2007
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