Revue de presse · 9 mai 2008 à 20:03
Si le congrès du PS s'achemine à une bataille à trois entre Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et un groupe de quadras décidés à prendre le pouvoir (Dray, Moscovici, Hamon), l'issue du scrutin est plus incertaine qu'il n'y parait. Il y a encore quelques mois, la prise du PS par l'ex-candidate socialiste ne faisait aucun doute, elle avait pris l'ascendant sur ses principaux rivaux. Mais le décalage d'une année entre la fin de la présidentielle et le renouvellement de la direction du PS change la donne. Non seulement ses adversaires ont commencé à s'organiser, mais l'attitude des nouveaux adhérents qui, pour l'essentiel, n'ont pas renouvelé leur adhésion, brouillent les rapports de force. Le Parti a perdu près de 40% de ses effectifs en un an et les conséquences de cet exode inquiètent les responsables socialistes qui se retrouvent dans le flou.
Dans un article publié le 5 mai dernier, le journal en ligne Mediapart a mené l'enquête et tenté de dessiner la nouvelle géographie des adhérents et les rapports de force au sein du PS.
Le PS a perdu près de 40% de ses affectifs en un an. L'information, parue dans la presse il y a quelques mois, est en partie confirmée par une étude du Bureau National des Adhésions (BNA) du Parti Socialiste dans un rapport récent envoyé aux premiers secrétaires fédéraux. Ce document dresse un nouveau portrait de la géographie des fédérations socialistes.
Officiellement, le Parti Socialiste compte 162 970 membres à jour de cotisation au 31 décembre 2007. Mais plusieurs responsables socialistes doutent de ce chiffre, notamment Jean-Christophe Cambadélis qui s'étonne, dans un entretien accordé à Mediapart, que le parti qui comptait 110 000 adhérents en septembre dernier en ait gagné près 50 000 en trois mois...
Au sein des fédérations, on soupçonne notamment certains premiers secrétaires d'avoir surévalué leur chiffre ou plutôt minimisé les pertes. L'enjeu est de taille puisque le poids politique d'une fédération dépend avant tout du nombre de ses adhérents.
Premier constat sur la nouvelle géographie : le Pas-de-Calais redevient la première fédération du PS avec 14 484 adhérents recensés et repasse devant Paris qui perd près de la moitié de ses adhérents avec seulement 9 087 militants recensés fin 2007. Le non-renouvellement des adhésions à 20 euros (promotion spécial 2006 pour la primaire socialiste) a massivement touché la fédération de Paris qui a vu fondre ses effectifs. Dans le Pas-de-Calais, l'adhésion au parti semble moins volatile.
Autre constat : les principaux bastions du PS ont toujours autant de poids. C'est le cas du Nord (8 472), des Bouches-du-Rhône (6 684) et de l'Hérault (4 784). Mais ces bastions sont rejoints par de nouvelles fédérations comme celles de la Haute-Garonne (5 159), de la Gironde (5 049).
En d'autre terme, la géographie des fédérations apparaît aujourd'hui un peu plus équilibrée que par le passé. Les principales fédérations sont désormais au nombre de 13 (sur 107) et représentent près de 45% des effectifs.
En 2006, le PS avait créé une adhésion promotionnelle à 20 euros pour attirer de nouveaux électeurs en vue de la désignation du candidat socialiste à la présidentielle. Ces adhésions à 20 euros avaient permis au PS de mener une campagne de recrutement dynamique, similaire à celle que Nicolas Sarkozy avait entrepris à l'UMP.
Sauf qu'après la défaite à la présidentielle, la plupart des ces adhérents à 20 euros n'ont pas renouvelé leur carte. C'est ce qui explique cette baisse spectaculaire (près de 40%) du nombre de militants. Or, l'attitude de ces derniers jette le trouble au sein du Parti. Selon l'un des proches de Ségolène Royal, 2/3 des nouveaux adhérents avaient voté pour elle lors des primaires. Ces adhérents à 20 euros partis, la candidate socialiste est-elle affaiblie ?
Deuxième interrogation : vont-ils revenir pour élire le premier secrétaire du parti ? Ces adhérents, essentiellement recrutés sur Internet, ont une attitude consumériste. S'ils prennent leur carte, c'est avant tout pour participer aux votes internes et pas pour débuter une longue vie de militants. L'enjeu du congrès va-t-il donc faire revenir une partie de ces adhérents ? Beaucoup en doute, car ces militants à 20 euros ne peuvent plus bénéficier de cette promotion puisqu'il s'agirait d'un renouvellement de cotisation.
Le congrès du Parti Socialiste est donc un véritable casse-tête. Les premiers sondages montrent que Ségolène Royal devancent légèrement Bertrand Delanoë, mais ces enquêtes d'opinion sont réalisées auprès des sympathisants et non des adhérents. Le départ des adhérents à 20 euros, qui avaient massivement voté pour Ségolène Royal, va-t-il affaiblir la présidente de la région Poitou-Charentes ?
Face à cette inconnue, l'attitude des premiers secrétaires fédéraux est tout aussi incertaine. Aucun d'entre eux ne prendra clairement partie pour l'un ou l'autre des candidats pour une raison simple : les rapports de force au sein même des fédérations sont brouillés. Aucun premier secrétaire fédéral ne sait véritablement vers quel candidat se portent ses adhérents et ne prendra le risque de donner une consigne de vote différente de ses militants.
Enfin, pour compliquer encore un peu plus le congrès, tous les courants existants au sein du PS ont plus ou moins explosé. Julien Dray s'est désolidarisé de Ségolène Royal et s'est porté candidat au poste de Premier secrétaire. Les Strauss-khaniens et les fabiusiens ont tenté de se rapprocher au sein d'un groupe appelé les "reconstructeurs" afin de faire barrage à Delanoë et Royal mais certains strauss-khaniens se sont déjà désolidarisés de cette démarche en tentant une aventure personnelle, comme Pierre Moscovici.
Les rapports de force sont donc brouillés par les militants, par les responsables politiques eux-mêmes. Et le Premier secrétaire actuel, François Hollande, aura certainement un rôle à jouer dans la désignation de son successeur.
Toutes ces données font dire à plusieurs responsables socialistes que le congrès de novembre prochain est l'un des plus incertains de l'histoire du PS.
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