Livres politiques · 12 mai 2008 à 23:41
Les acteurs de la vie politique ne sont pas seulement les élus locaux, les députés, les ministres, les collaborateurs plus ou moins médiatiques, il y a aussi les journalistes politiques. Retranchés derrière un micro, un stylo ou une caméra, les plus talentueux d'entre eux accèdent à une certaine notoriété en cumulant les fonctions. Désormais, les journalistes politiques de presse écrite participent à des émissions télévisées, témoins privilégiés d'une vie politique riche en rebondissement. Certains font preuve d'une longévité impressionnante, comme Alain Duhamel, actuellement éditorialiste sur RTL, et déjà présent lors du débat Giscard/Mitterrand de 1974.
D'autres ont une reconnaissance plus récente liée essentiellement à leur participation à des émissions de télévision, comme Raphaëlle Bacqué du Monde ou Christophe Barbier de l'Express, invités régulièrement sur le plateau de C Dans l'air sur France 5.
Dans ce classement des journalistes politiques les plus médiatiques, Jean-Michel Aphatie arrive en premier. Editorialiste à RTL, il interviewe tous les matins les responsables politiques de premier plan. Tous les députés et ministres se bousculent à son micro et reconnaissent à la fois son professionnalisme et sa pugnacité. Parallèlement à son activité radiophonique, il participe au Grand Journal de Canal +. Nouvelle star médiatique, il avait écrit en 2006 son autobiographie, Liberté, égalité, réalité, aux éditions Stock.
Parce que les journalistes politiques font partie intégrante de la vie politique, Politique.net propose un portrait du journaliste politique le plus médiatique du moment dans une série en cinq volets : de ses débuts à Politis en passant par RTL, retour sur le parcours atypique d'un journaliste politique qui n'hésite pas à afficher ses convictions.
Série 1/5 : Quand le garçon de café devient journaliste
Dans son autobiographie, Jean-Michel Aphatie raconte son parcours scolaire atypique qui l'a mené jusqu'au journalisme politique, profession qui a pourtant la réputation d'être réservée à une élite.
Jean-Michel Aphatie est né dans un petit village basque, comptant à peine cinq cents habitants : Viodos. Ses parents sont de simples commerçants : ils ont la gérance d'un petit café où les habités viennent y parler politique tout en buvant un verre. Dès cette époque, Jean-Michel Aphatie est intéressé par la politique mais dénigre l'école. Il quitte le système scolaire à 14 ans, après avoir obtenu, au repêchage, son BEPC. Il décide donc de travailler comme garçon de café à Lourdes. Après quelques années à faire divers petits boulots, il désire reprendre ses études et se présente à un examen spécial d'entrée à l'Université, à Pau, qui est un équivalent du baccalauréat. Grâce à ce diplôme, obtenu en 1982, à l'âge de 24 ans, il commence des études de droit et passe une maîtrise de droit public. Parallèlement à ses études, il adhère pour quelque temps au Parti socialiste.
En 1986, comprenant qu'il aime avant tout observer et analyser plutôt qu'agir, il se dirige vers le journalisme. Il entre alors à l'IUT de journalisme de Bordeaux. Son diplôme en poche, il fait différents stages dans la presse écrite puis pige pour des périodiques spécialisés. Dès 1987, il arrive à Paris et en janvier 1988, il est engagé dans un nouvel hebdomadaire, créé par Bernard Langlois, Politis. L'objectif est de soutenir le communiste dissident Pierre Juquin. Même si Jean--Michel Aphatie est aux antipodes des idéologies communistes, il souhaite devenir journaliste. Très vite, les affrontements politiques au sein même de la rédaction poussent certains journalistes à démissionner. Jean-Michel Aphatie entre alors au service politique et en 1989, il est promu chef de ce service. Pourtant, l'année suivante, il décide de quitter cette rédaction pour faire des piges pour Libération et Le Journal du Dimanche. Il se spécialise alors dans la gauche française.
En 1992, il entre au service politique du Parisien, en 1996 à l'Express et en 1998 au Monde. A partir de 1999, il travaille pour la radio : d'abord pour France Inter puis pour RTL où il anime l'interview politique du matin.
C'est donc un parcours tout à fait atypique qui a mené Jean-Michel Aphatie au journalisme politique. Depuis la publication de son livre, en plus d'interroger chaque matin des personnalités politiques sur RTL, il participe à l'émission télévisée, Le Grand journal sur Canal +, chaque soir. Il est chargé d'interviewer les politiques qui font l'actualité.
A différents moments de son récit, Jean-Michel Aphatie explique quelles sont les caractéristiques du métier de journaliste politique, lui qui a travaillé aussi bien dans la presse écrite qu'à la radio et la télévision.
Ainsi, lorsqu'il écrit pour les quotidiens nationaux, il note que les qualités requises sont la rapidité, le dynamisme, la vivacité d'esprit. Il doit travailler dans l'urgence, rédiger vite, avoir une capacité à sélectionner très rapidement les informations, à les analyser et à les digérer pour les rendre publiques le jour même. C'est un travail que Jean-Michel Aphatie affectionne particulièrement. Au Monde, les journalistes doivent se mettre à l'oeuvre dès 7 heures puisque ce quotidien doit être en kiosque dès 16 heures.
En revanche, il a moins apprécié son passage à l'Express à cause de son rythme de travail. Les hebdomadaires ont un rythme radicalement différent des quotidiens. Ici, les journalistes ont un temps de réflexion plus longs qui les contraint à ne pas prendre en considération toutes les informations que les dépêches déposent à chaque instant. Ils doivent les classer, prendre du recul et adopter une écriture adéquate.
Enfin, les interviews politiques à la radio sont un exercice très différent puisqu'une part d'improvisation est requise. Chaque matin, sur RTL, Jean-Michel Aphatie reçoit une personnalité politique pendant sept minutes, ce qui est très court. Il n'a guère le loisir de déborder puisque son temps d'antenne est limité par le journal de 8 heures. En sept minutes, il doit arriver à faire parler suffisamment son invité pour que les auditeurs puissent avoir l'information attendue. Mais, si le journaliste doit parler avec vivacité pour ne pas endormir ses auditeurs, il ne doit pas non plus se montrer oppressant ni agressif. Et si l'ironie est de mise, la violence est bannie. Pour respecter le temps imparti, l'invité qui n'a pas les questions d'avance, ne doit pas se perdre en digressions ni en répétition. Jean-Michel Aphatie n'hésite donc le couper si nécessaire et le relancer sur un autre sujet. Une fois l'interview terminée, il publie ses impressions sur son blog.
Portrait de Jean-Michel Aphatie : son parcours, ses convictions
1. Quand le garçon de café devient journaliste
2. Aphatie ou les désillusions du militantisme socialiste
3. Quand Jean-Michel Aphatie fustige le mensonge en politique
4. Quand Aphatie règle ses comptes avec Lionel Jospin
5. Les causes du désaveu des politiques, selon Jean-Michel Aphatie
> Jean-Michel Aphatie, Liberté, égalité, réalité, Stock, 2006
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