Livres politiques · 16 mai 2008 à 23:50
« Liberté, égalité, réalité » est un récit autobiographique du journaliste politique Jean-Michel Aphatie, c'est vrai, mais ce n'est pas que cela. L'auteur qui affirme voter blanc à toutes les élections depuis vingt ans a écrit un véritable plaidoyer pour le droit à la vérité. Il dénonce avec virulence, dans tous les chapitres, les mensonges des dirigeants politiques, et n'épargne pas en les socialistes et Lionel Jospin en particulier. Les autres partis ne sont pas épargnés non plus. Pour lui, les Français ont été trahis depuis des décennies par les politiques, mais se montrent aussi parfois trop indulgents face aux mensonges. Les journalistes ont leur rôle à jouer également, eux qui ont trop souvent des accointances avec les dirigeants politiques. Ils acceptent de se taire, de ne pas poser les questions qui fâchent.
Parce que les journalistes politiques font partie intégrante de la vie politique, Politique.net propose un portrait du journaliste politique le plus médiatique du moment dans une série en cinq volets : de ses débuts à Politis en passant par RTL, retour sur le parcours atypique d'un journaliste politique qui n'hésite pas à afficher ses convictions.
Série 5/5 : Les causes du désaveu des politiques, selon Jean-Michel Aphatie
L'abstention est le signe du désaveu des hommes politiques. En 2002, le grand gagnant du premier tour de l'élection présidentielle n'est pas le Front national comme certains l'ont prétendu mais l'abstention, selon Jean-Michel Aphatie. En effet, 28,4% des citoyens ne se sont pas déplacés pour aller voter. Ils étaient 21,6% en 1995 et « seulement » 18,6% en 1988. A chaque nouvelle élection, les électeurs se détournent de leur droit civique, n'ayant plus confiance en leurs élus, déçus de ne pas voir les programmes être appliqués. Selon Jean-Michel Aphatie, les élus doivent être davantage pédagogues et expliquer leurs projets, leurs choix politiques.
Les alternances de gouvernements telles que nous les connaissons depuis François Mitterrand sont un signe de malaise. Les Français ne sont pas satisfaits de la politique menée par les différents dirigeants et décident de changer de camp d'une élection à l'autre dans l'espoir de trouver une solution à leurs problèmes.
Enfin, au regard des résultats du scrutin de l'élection présidentielle de 2002, Jean-Michel Aphatie note encore une fois que c'est Lionel Jospin le grand perdant. Ainsi, contrairement aux idées reçues, Jean-Marie Le Pen n'a connu qu'une augmentation de 4,8% des suffrages par rapport à l'élection de 1995 tandis que le candidat socialiste a perdu 35% des suffrages ! Par opposition, les partis d'extrême gauche, les Verts et Jean-Pierre Chevènement ont connu une belle progression. Le journaliste en conclut que les électeurs se sont tournés plus volontiers vers ceux qui croyaient encore en la politique volontariste prônée par Lionel Jospin et non appliquée. Jean-Michel Aphatie constate que la droite comprenant les candidats François Bayrou, Jacques Chirac et Alain Madelin a également perdu 27,4% des suffrages. Il en conclut que les Français ont rejeté massivement la politique gouvernementale, de droite comme de gauche, parce qu'elle ne lui accorde plus de crédit.
Le jour où les politiques retrouveront une certaine éthique et se consacreront pleinement à leur mandat sans cumuler différentes fonctions, alors, selon Jean-Michel Aphatie, les électeurs iront voter.
Portrait de Jean-Michel Aphatie : son parcours, ses convictions
1. Quand le garçon de café devient journaliste
2. Aphatie ou les désillusions du militantisme socialiste
3. Quand Jean-Michel Aphatie fustige le mensonge en politique
4. Quand Aphatie règle ses comptes avec Lionel Jospin
5. Les causes du désaveu des politiques, selon Jean-Michel Aphatie
> Jean-Michel Aphatie, Liberté, égalité, réalité, Stock, 2006
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