Revue de presse · 19 mai 2008 à 21:15
En officialisant sa candidature au poste de Premier secrétaire du Parti Socialiste, Ségolène Royal a donné le coup d'envoi des grandes manoeuvres au Parti Socialiste. L'annonce anticipée a été faite vendredi pour couper l'herbe sous le pied à Bertrand Delanoë qui s'apprête à sortir son livre cette semaine. Le duel annoncé Royal/Delanoë est redouté au sein du PS, déjà profondément divisé. Après l'annonce de Ségolène Royal, les différents courants ont accéléré leur rapprochement. Ainsi, le courant d'Arnaud Montebourg a rejoint celui de Dominique Strauss-Kahn pour rédiger un texte commun. Ils ont lancé un appel à Martine Aubry pour qu'elle les rejoigne, mais celle-ci veut pour l'instant rédiger un texte seul. La bataille du PS devrait se jouer entre 3 grands courants : celui de Delanoë, celui de Ségolène Royal, et le troisième courant, parfois appelé "Reconstructeurs", qui considère que le premier secrétaire du PS ne doit pas être un présidentiable mais un homme de transition afin de reconstruire d'abord un programme, avant de choisir en 2010 le candidat.
Afin de mieux comprendre les enjeux de cette bataille interne, Politique.net consacre chaque jour de cette semaine une revue de presse spéciale "Congrès du PS". Pourquoi la ville de Reims a-t-elle été choisie ? Quelles sont les chances de Delanoë et de Ségolène Royal ? Qui est avec qui ? Quelle va être l'attitude de François Hollande ? Où sont les éléphants du Parti Socialiste ?
- NouvelObs : François Hollande tempère les candidatures à la tête du PS
- Le Point : Entre Royal et Delanoë, les lames s'aiguisent
- Libération : Le PS choisit Reims avec de sacrées arrière-pensées
Le choix d'une ville devant accueillir un congrès n'est pas anodin. D'abord, parce que c'est ce qui fait l'identité du congrès. Depuis 1971 et la création du PS, les socialistes ne numérotent plus leur congrès, comme peut encore le faire le Parti Communiste. Le congrès prend donc le nom de la ville d'accueil. Le congrès d'Epinay en 1971 a par exemple marqué la naissance du parti, celui de Rennes en 1990 a été une lutte fratricide entre Lionel Jospin et Laurent Fabius. Le dernier congrès, celui du Mans en 2005, a abouti à une synthèse des propositions des différents courants. Pour celui de la rénovation post-présidentielle 2007, il s'agira donc du congrès de Reims.
Le choix d'une ville est symbolique et dépend de plusieurs facteurs : il faut d'abord choisir une ville qui n'a pas déjà accueilli de grand congrès, la ville doit être suffisamment importante pour pouvoir accueillir tout le monde. Enfin, le choix est politique : à cet égard, Toulouse et Reims, qui étaient les villes candidates, sont deux symboles de la victoire socialiste aux dernières élections municipales. La ville de Toulouse a basculé à gauche après un long règne de la droite, la ville de Reims a également basculé à droite à la surprise générale et n'a jamais accueilli de congrès. Pour départager les deux villes, un vote final a eu lieu au Bureau National du PS et contre toute attente, Reims a obtenu 19 voix et Toulouse 9 voix.
Le vote du Bureau National a surpris tout le monde car Toulouse était largement favorite pour deux raisons : d'abord, la ville avait les capacités d'accueil nécessaires et avaient déjà été le lieu d'un congrès du PS, ensuite, il s'agit de la plus grande ville de France qui a basculé à gauche. C'était donc le symbole le plus fort du renouveau socialiste. Mais Toulouse n'a pas été choisie pour une raison plus politique : le nouveau maire, Pierre Cohen, est un des soutiens de Bertrand Delanoë. Et la fédération de Haute-Garonne est dirigée par Kader Arif, un autre proche de Delanoë.
Par conséquent, choisir Toulouse, c'était organiser un congrès sur les terres de Delanoë et favoriser ainsi le maire de Paris. Dans une salle acquise au maire de Paris, Ségolène Royal ou d'autres auraient pu être hués, ce qui en terme d'images aurait été désastreux et aurait pu faire basculer le vote.
Les partisans de Delanoë étaient persuadés que la ville de Toulouse allait être choisie. Le vote à bulletin secret proposé par François Hollande pour départager les deux villes a surpris tout le monde. D'ordinaire, pour prendre ce genre de décisions, le vote a lieu a main levée. Le choix définitif de la ville de Reims a donc été la douche froide pour le camp Delanoë. Les responsables socialistes qui sont hostiles à Ségolène Royal, ne sont pas prêts pour autant à faciliter la prise de pouvoir de Bertrand Delanoë. C'est la raison pour laquelle la ville de Reims, dirigée par une proche de Martine Aubry, Adeline Hazan, a été choisie. L'Est de la France n'avait jamais accueilli de congrès du PS et le choix de Reims présage d'une plus grande garantie d'impartialité. Voilà comment le congrès de rénovation du Parti Socialiste est devenu le "Congrès de Reims".