Vidéos · 19 mai 2008 à 22:05
Le président de la République est-il en train de reprendre en main la communication gouvernementale ? Ces derniers jours, deux événements ont démontré un retour aux sources de Nicolas Sarkozy et une tentative de mise à l'écart de François Fillon. Jeudi, au plus fort de la manifestation des enseignants, le chef de l'Etat a allumé un contre-feu médiatique pour les 20 heures de TF1 et France 2 : il a annoncé de l'Elysée le vote d'une loi sur le service minimum à l'école avant l'été. Cette annonce choc, jugée comme une provocation par les enseignants, avait pour but d'éclipser la grève dans l'éducation nationale. As du contre-feu, Nicolas Sarkozy a réussi son coup, quitte à s'inscrire dans un rapport de force déjà tendu entre le gouvernement et les enseignants.
Le lendemain, en déplacement à l'agence Assedic de Melun, Nicolas Sarkozy s'est offert un bain de foule et a improvisé un dialogue direct avec une syndicaliste de la CGT à propos de la fonction publique et de la fusion ANPE/Assedic. Face au président de la République, la jeune femme ne s'est pas démontée et a dénoncé le fameux "paquet fiscal" de 14 milliards d'euros comme étant autant de cadeaux faits aux plus aisés...
Cet échange rappelle ceux de l'hiver dernier avec les marins pêcheurs, ou avec les cheminots. Sauf que pour éviter tout dérapage, Le Monde a révélé, dans un article en date du 17 mai, que les conditions de sécurité entourant les déplacements de Nicolas Sarkozy avaient été considérablement renforcées. Les forces de l'ordre ont notamment pour mission de confisquer tout affichage militant (panneaux, casquette de syndicaliste, etc.).
Fidèle à lui-même, Nicolas Sarkozy n'a pu s'empêcher de jouer de sa proximité avec son interlocutrice en se permettant quelques gestes familiers...
Pendant que Nicolas Sarkozy renoue avec le terrain, François Fillon est à l'étranger. La semaine dernière, il était à Lima au Pérou pour le 5ème sommet Union Européenne et Amérique latine. Dans un reportage sur la chaîne BFM TV, la journaliste précise que le Premier ministre avait remplacé le chef de l'Etat car Nicolas Sarkozy était "retenu en France pour cause d'emploi du temps chargé". Le Premier ministre en a profité pour renouveler la demande de libération d'Ingrid Betancourt.
A peine rentré de Lima et juste le temps d'un séminaire gouvernemental express dimanche que l'on vient d'apprendre que François Fillon se rendra vendredi au Danemark et en Lettonie dans le cadre de la préparation de la présidence française de l'UE au second semestre.
Assiste-t-on ainsi à une inversion des rôles Président/Premier ministre ? La coutume veut que le Premier ministre s'occupe de politique intérieure et que la politique extérieure soit plutôt le domaine réservé du président de la République. Or, Nicolas Sarkozy est en train de se recentrer sur la politique intérieure et envoie son Premier ministre pour les déplacements internationaux. Toujours aussi bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy a donc entamé une nouvelle phase dans la reconquête de l'opinion en utilisant les ficelles qui lui avaient si bien réussi à l'Intérieur, et en écartant provisoirement son Premier ministre de la scène médiatique hexagonale.