Revue de presse · 26 mai 2008 à 08:25
Président du pouvoir d'achat, voilà comment Nicolas Sarkozy s'était autoproclamé pendant la campagne électorale. Malgré les mesures sur les heures supplémentaires, les Français estiment dans les enquêtes d'opinion que le président de la République a échoué sur cette question. Dans une logique de reconquête de l'opinion, le chef de l'Etat contre-attaque à nouveau sur la question du pouvoir d'achat en annonçant aujourd'hui, lors d'un déplacement dans une usine de l'Oise, un nouveau dispositif encourageant l'intéressement aux résultats pour les salariés. Après le travailler plus, pour gagner plus, voici le travailler mieux, pour gagner mieux.
- Les Echos : Pouvoir d'achat, Nicolas Sarkozy mise sur le développement de l'intéressement
- Libération : Sarkozy veut intéresser les salariés
- NouvelObs : Sarkozy promet de doubler l'intéressement en quatre ans
Depuis quelques semaines, le président de la République reprend un à un tout ce qui n'a pas fonctionné et a entraîné sa chute dans les sondages. Sa vie privée a disparu de la Une de la presse, une plus grande sobriété dans l'exercice de sa fonction a été constatée, les rendez-vous avec les chefs de la majorité à l'Elysée se sont resserrés pour tenter d'endiguer les erreurs de com, François Fillon est désormais envoyé à l'étranger très régulièrement, laissant le champ libre au président pour la politique intérieure. En plein conflit avec les enseignants, la loi sur le service minimum a été annoncée par Nicolas Sarkozy afin d'allumer un contre-feu médiatique, méthode appliquée systématiquement lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Par ailleurs, le chef de l'Etat entend également reprendre la main sur son gouvernement et sur le calendrier des réformes : tous les jeudis, il reçoit un conseil restreint de 7 ministres, les plus politiques, pour faire passer ses consignes et discuter stratégie politique. Dans cette lente reconquête de l'opinion qui s'amorce, il reste un thème sur lequel le président bute toujours : le pouvoir d'achat. Nicolas Sarkozy doit donc annoncer des mesures sur ce thème.
La pierre angulaire de la hausse du pouvoir d'achat devait être l'augmentation du nombre des heures supplémentaires : travailler plus pour gagner plus. Pour encourager les heures supplémentaires, le gouvernement avait décidé la défiscalisation de ces heures. L'effet sur les salaires devait être immédiat. Cependant, l'impact sur le pouvoir d'achat est resté limiter pour trois raisons : tout d'abord, ceux qui ne veulent ou ne peuvent travailler plus sont de fait hors du dispositif. Dans certains cas, la défiscalisation des heures supplémentaires (pas d'impôts, pas de charges sur ces heures) a surtout profité aux heures supplémentaires déjà existantes et n'a pas forcément entraîné une augmentation du nombre de ces heures. Enfin, même pour les salariés qui ont vu leur salaire augmenté grâce à cette mesure, le pouvoir d'achat ne s'est pas forcément amélioré en raison des hausses de charge : le prix du baril de pétrole a littéralement explosé et dépasse aujourd'hui les 130 dollars. Les prix des matières premières ont fortement augmenté depuis un an, entraînant sur son passage une hausse sans précédent des prix des biens de consommation courants dans les hypermarchés.
Nicolas Sarkozy doit donc annoncer aujourd'hui de nouvelles mesures permettant d'augmenter le pouvoir d'achat. Cette fois-ci, il s'attaque à la participation et l'intéressement. Aujourd'hui, la loi oblige les entreprises de plus de 50 salariés de verser à ses salariés une somme équivalente à la moitié du bénéfice après impôt. Les salariés, puisqu'ils participent aux bons résultats de l'entreprise, perçoivent donc une partie de ces bénéfices. Cette somme est bloquée pendant cinq ans sur un compte ouvert au nom du salarié. C'est le principe de la participation. En 2005, plus de 7 milliards d'euros avaient ainsi été distribués aux salariés au titre de la participation.
L'intéressement fonctionne de la même manière mais est facultative et la somme est immédiatement versée au salarié. Ce dispositif concerne les PME de moins de 50 salariés. Le calcul de cet intéressement prend en compte le travail du salarié : assiduité, productivité, travail qualitatif. En 2005, près de 6 milliards d'euros avaient été distribués aux salariés au titre de l'intéressement.
Nicolas Sarkozy veut donc inciter les entreprises à généraliser l'intéressement. L'objectif est de doubler en quatre ans les sommes distribuées aux salariés grâce à des exonérations fiscales. Pour aboutir à ce résultat, il faudra une négociation entre les partenaires sociaux de l'entreprise. Et si syndicats et patronat d'une entreprise ne trouvent pas un terrain d'entente, le gouvernement envisagerait de légiférer pour imposer aux PME de moins de 50 salariés le principe de participation obligeant l'entreprise à reverser une partie de ses bénéfices.
Faute d'avoir une quelconque marge de manoeuvre pour enrayer la hausse des prix des matières premières ou du baril de pétrole, Nicolas Sarkozy s'attaque donc à l'autre versant du pouvoir d'achat, les salaires par l'intermédiaire des heures supplémentaires et de l'intéressement. Pas sûr que les Français en perçoivent les effets positifs si les charges continuent inexorablement à augmenter.
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