20 heures de TF1 : l'éviction de PPDA est-elle politique ?

Vidéos · 9 juin 2008 à 23:35

PPDA au 20 heures

Depuis 24h et les révélations de RTL, la presse s'est emparée du transfert de l'année à la télévision : Laurence Ferrari remplace Patrick Poivre d'Arvor à la présentation du 20 heures de TF1. Officiellement, ce départ surprise de celui qui occupait ce poste depuis 21 ans est lié à la baisse des audiences du journal. Nonce Paolini, le directeur de TF1, poursuit donc l'éviction des historiques de la chaîne après le départ, entre autres, d'Etienne Mougeotte et de Charles Villeneuve, afin de donner un coup de jeune à l'antenne.

PPDA viré

Pourquoi parler de ce départ sur Politique.net ?

Tous les articles de presse qui évoquent l'information consacrent un paragraphe sur les raisons politiques de cette éviction. Selon plusieurs sources, Nicolas Sarkozy aurait exprimé à plusieurs reprises son souhait d'un renouvellement des présentateurs des 20 heures, jugés trop vieux. En outre, PPDA serait dans le collimateur du pouvoir depuis quelques mois en raison, notamment, de l'entretien du 20 juin 2007 au cours duquel PPDA avait comparé le président de la République à "un Président excité comme un petit garçon qui est en train de rentrer dans la cour des grands" à propos du sommet du G8. Nicolas Sarkozy avait sèchement remis à sa place le journaliste : "Petit garçon franchement à 52 ans, Monsieur Poivre d'Arvor, c'est parce que vous avez quelques mois de plus que moi que vous me voyez si jeune".



Sur Canal +, Serge Raffy, le rédacteur en chef du Nouvel Observateur, confirme que ce départ est politique. Le président de la République n'a pas forcément réclamé la tête du présentateur, mais le bouleversement du paysage médiatique (suppression de la publicité sur France Télévisions) fait que les groupes privés ont tout intérêt à être bien vu du pouvoir.




Samedi 7 juin, la veille de l'annonce de son départ, Patrick Poivre d'Arvor ne pensait pas être menacé.



Dans cette affaire, il est difficile de faire le tri entre ce qui relève du fantasme et les vraies raisons de cette éviction. Mais le plus étonnant est de lire partout dans la presse que des raisons politiques peuvent expliquer ce départ, comme s'il était naturel dans une démocratie que le pouvoir ait un droit de regard sur la nomination des journalistes.



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Post-scriptum : Ce n'est pas la première fois qu'on prête à Nicolas Sarkozy ce type de pouvoir. En février 2006, déjà, c'est lui qui avait annoncé en avant première l'arrivée d'Harry Roselmack à TF1 lors d'un rendez-vous au ministère de l'Intérieur avec le club Averroès, qui défend l'image des minorités dans les médias.
Toujours en février 2006, Le Canard Enchaîné avait révélé que le directeur d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach avait consulté Nicolas Sarkozy au sujet du recrutement du journaliste politique chargé de suivre l'UMP.

*** Liens

- Sarkozy et les médias : l'information neutralisée par la communication politique
- Le casse-tête du temps de parole du président
- Média : quand la publicité récupère les politiques
- Média : à qui profite la suppression de la publicité sur la télévision publique ?
- Média : le traitement de la grève par Jean-Pierre Pernaut

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