Questions d'actualité · 24 juin 2008 à 22:50
La campagne de publicité du gouvernement sur le pouvoir d'achat a été élaborée par le Service d'Information du Gouvernement, en collaboration avec l'agence Young & Rubicam pour un montant de 4,33 millions d'euros. Cette institution, méconnue du grand public, est actuellement dirigée par Thierry Saussez.
Mais quelles sont les compétences du SIG ? Pourquoi et comment l'Etat finance-t-il sa propre communication ?
La création d'un service d'information du gouvernement date de 1976 à l'époque où Valéry Giscard d'Estaing voulait renforcer la communication du gouvernement. Le service s'appelait à l'époque "Service d'information et de diffusion" avant de devenir le "Service d'information du Gouvernement" (SIG) en 1996. Le SIG est chargé de coordonner la communication gouvernementale, et d'élaborer des campagnes d'information à destination du public. L'action du SIG entre souvent dans le cadre de campagne d'intérêt public : sécurité routière, santé publique.
Le service comprend 120 personnes pour un budget annuel qui avoisine les 6 millions d'euros. Organisme d'Etat, le SIG bénéficie de tarifs spéciaux pour acheter des espaces publicitaires. Les abattements peuvent dépasser les 50%.
Le statut du SIG est ambigu. Service d'Etat, il se consacre à des opérations d'intérêt public. Il contribue à faire de la pédagogie et à informer les citoyens sur toutes les décisions du gouvernement. A cet effet, le SIG édite "Le Mensuel du Gouvernement" qui vulgarise les décisions étatiques auprès des élus locaux, des fonctionnaires et des partenaires sociaux. Le SIG a donc une fonction d'information. Depuis quelques années, le SIG est aussi à l'origine de tous les sites web gouvernementaux. Outre les sites des ministères, des sites web thématiques ont été mis en ligne, comme celui sur les retraites.
Mais le SIG sort parfois de cette neutralité administrative en élaborant des campagnes plus politiques. En 1997, le SIG avait lancé une grande campagne de publicité pour expliquer la réforme des 35 heures. Le slogan "35 heures, du temps pour soi, une chance pour l'emploi" s'était décliné à la radio et dans la presse. Une brochure à destination des entreprises "35 heures, mode d'emploi" avait été éditée à 700 000 exemplaires. Dans ce cas de figure, la fonction d'information s'apparente à une forme d'engagement politique : défendre une réforme du gouvernement.
Le Service d'Information du Gouvernement dispose également d'un département "Etude de l'opinion et des médias". Les services du SIG répertorient les centaines de sondages publiés dans la presse et en font régulièrement une synthèse à titre d'information pour le gouvernement. De même, un service d'étude des médias est spécialisé dans le décryptage du discours médiatique et des différents argumentaires des principaux acteurs du débat public. L'objectif du SIG est de fournir ici tous les éléments d'information indispensables pour comprendre à la fois l'opinion, et les grandes lignes du discours médiatique. Une veille internet a également été créée pour suivre les principaux thèmes du débat public.
Outre ce travail d'opinion, le SIG a également travaillé ces dernières sur la communication de crise. Depuis Tchernobyl et la communication désastreuse du gouvernement de l'époque qui avait fait croire que le nuage radioactif n'avait pas touché la France, l'Etat a pris conscience de la nécessité d'élaborer un dispositif de communication de crise. Ainsi, en cas de crise, le SIG est chargé de coordonner la communication du gouvernement, c'est-à-dire du Premier ministre et des ministères concernés. La méthode et le discours varient selon le type de risques : risques terroristes, sanitaires, météorologiques ou technologiques.
A l'origine, le SIG était rattaché à Matignon, sous l'autorité du Premier ministre. Cet organisme d'information d'intérêt public et d'étude de l'opinion jouait plus un rôle de technicien que de stratège. En septembre 2007, le directeur du SIG, Vincent de Bernardi, a quitté ses fonctions. Mais il n'a été remplacé qu'en avril 2008 par Thierry Saussez. Pendant des mois, le SIG a donc tourné au ralenti. La raison principale est la volonté de Nicolas Sarkozy de transformer la fonction du Service d'Information du Gouvernement. Outil de pédagogie à des fins administratives, Nicolas Sarkozy a voulu en faire en priorité un instrument efficace de communication gouvernementale. Le SIG s'est donc émancipé de la tutelle de Matignon pour coller au plus près aux aspirations de l'Elysée. Un proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Saussez, a été nommé à la fois directeur du SIG et délégué interministériel à la communication gouvernementale. La campagne sur le pouvoir d'achat et l'impatience des Français, d'une ampleur sans précédent, illustre le travail du nouveau Service d'Information du Gouvernement.
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