Questions d'actualité · 30 juin 2008 à 23:01
Olivier Besancenot a officiellement lancé la création d'un Nouveau Parti Anticapitaliste, ce week-end, avec la réunion des 800 délégués issus des 300 comités locaux créés à la fin de l'année 2007. Si la Ligue Communiste Révolutionnaire constitue la principale force d'organisation de ce parti, les comités locaux sont composés majoritairement de personnes qui ne sont pas adhérentes de la LCR. C'est toute la force de ce NPA : accueillir des individus qui ne militaient pas auparavant à la LCR. Et la création de ce futur parti d'extrême gauche suscite de vives inquiétudes au sein d'un Parti Socialiste qui se déchire entre présidentiables pour le congrès de novembre.
Mais, concrètement, qu'est-ce que le Nouveau Parti Anticapitaliste ? Quelles sont les différences entre le NPA et la LCR, et quelles sont les ambitions de nouveau parti d'extrême gauche ?
Le Nouveau Parti Anticapitaliste que s'apprête à mettre sur les rails la LCR est portée par la popularité d'Olivier Besancenot. Lors de la présidentielle de 2007, Olivier Besancenot était arrivé en tête des "petits" candidats avec 4,25%, devançant très largement la candidate du PC et celle de Lutte Ouvrière, les deux autres organisations d'Extrême gauche. Un an après, la cote de popularité d'Olivier Besancenot n'a jamais été aussi forte : elle oscille entre 45% et 60% selon les instituts de sondage et dans les dernières enquêtes d'opinion, Olivier Besancenot est présenté comme le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy.
Cette popularité s'est construite en quatre temps : Olivier Besancenot a d'abord percé sur la scène médiatique lors de la campagne présidentielle de 2002. Sa popularité a commencé à s'envoler lors du référendum européen en 2005. Les manifestations du CPE en 2006 ont conforté son profil de premier opposant lors des mouvements sociaux. La présidentielle de 2007 a achevé cette montée en puissance en imposant la LCR comme le premier parti d'Extrême-gauche.
En souhaitant la création d'un nouveau parti, Olivier Besancenot veut concrétiser ce nouveau rapport de force en élargissant l'assise électorale de la LCR.
Au lendemain de la présidentielle, Olivier Besancenot a évoqué la possible création d'un nouveau parti, qui accueillerait tous les anticapitalistes (les déçus du Parti Communiste, les altermondialistes, les syndicalistes). Pour éviter que ce nouveau parti ne soit perçu que comme une nouvelle Ligue Communiste Révolutionnaire, 300 comités locaux ont été créés dans tous les départements pour réfléchir à la future organisation. Les militants de la LCR ont pris soin d'être minoritaires au sein de ces comités.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste ambitionne de devenir la 3ème force politique du pays, derrière l'UMP et le PS. Le PCF, LO et les Verts sont en perte de vitesse. Olivier Besancenot veut donc unir toutes les forces de l'autre gauche face à un PS qui penche vers la social-démocratie. Et avec la création du NPA, il veut combler l'écart entre sa popularité et la situation de la LCR, qui ne compte qu'environ 3000 adhérents.
Le passage de la Ligue Communiste Révolutionnaire à un Nouveau Parti Anticapitaliste est sémantique : exit la référence au communisme et à la révolution. L'altermondialisme, l'anticapitalisme, moins marqués historiquement que le communisme deviennent les éléments fondateurs de ce nouveau parti. Mais c'est surtout une toute nouvelle culture de parti que vont tenter de mettre en place les cadres du NPA : l'objectif est de s'implanter dans les entreprises, dans les cités, d'aller chercher les plus jeunes, les précaires. Le NPA s'affiche également écologiste, féministe et en lutte contre toutes formes de discriminations. L'objectif est donc d'intégrer un nouveau public, plus diversifié, plus ouvert et sans doute moins impliqué que le militant communiste de base des années 1970.
Ces transformations impliquent de nouvelles pratiques politiques. Par exemple, le processus d'adhésion de la LCR va être revu : la cotisation proportionnelle aux revenus devrait par exemple laisser la place à une cotisation unique. Par ailleurs, la direction devrait être collégiale : pas de premier secrétaire ni de président, mais plusieurs porte-paroles. Olivier Besancenot serait l'un d'entre eux.
La création de ce nouveau parti s'inscrit dans un contexte plus général de refonte de l'extrême gauche en Europe. En Allemagne par exemple, le nouveau parti d'Oskar Lafontaine, Die Linke, a accueilli les anciens communistes et les déçus du SPD (parti de gauche participant à la coalition d'Angela Merkel) et a percé lors des dernières élections. En Italie, l'extrême gauche a participé à la coalition de Romano Prodi. Olivier Besancenot veut donc profiter de la crise de la social-démocratie en Europe et de la faiblesse du PS en France pour créer un grand parti d'extrême gauche. Il ne reste plus qu'à lui trouver un nom, le sigle "NPA" n'étant que provisoire.
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