Revue de presse · 1er juil. 2008 à 18:08
La présidence française de l'Union Européenne débute aujourd'hui. Pendant six mois, Nicolas Sarkozy préside les instances de l'UE. Après le non irlandais au traité de Lisbonne, le chef de l'Etat doit relancer la construction européenne. Quatre dossiers sont prioritaires : lutte contre le réchauffement climatique (réduction de 20% des gaz à effet de serre d'ici à 2020), mise en place d'une politique d'immigration commune, début des négociations sur la réforme de la Politique Agricole Commune, relance d'une politique de la Défense (objectif : mobilisation de 60 000 soldats européens en permanence). Mais surtout, Nicolas Sarkozy veut apparaître comme celui qui remet l'Union Européenne en mouvement et au coeur des préoccupations des citoyens. L'Elysée a donc élaboré un programme chargé d'événements censés mettre en scène la présidence française de l'UE pour un coût exorbitant, près de 190 millions d'euros, soit seize fois plus que le budget de la présidence anglaise en 2005.
- Le Monde : La rupture européenne de Nicolas Sarkozy
- La Tribune : Qu'est-ce qu'une bonne présidence de l'UE ?
- Mediapart : Le mystérieux mais gargantuesque budget de la présidence française (SUR ABONNEMENT)
Entre le 1er juillet et le 31 décembre 2008, la France préside l'Union Européenne. Et Nicolas Sarkozy compte faire les choses en grand : le budget consacré à cette tâche s'élève à 190 millions d'euros, soit quasiment 1 million d'euros par jour. Record absolu. En 2005, la présidence anglaise de l'UE n'avait coûté "que" 16 millions d'euros, seize fois moins que la France trois ans plus tard. Ces dépenses correspondent aux frais de communication et à l'organisation de la présidence. Mais il est difficile d'en savoir plus car l'Elysée refuse pour l'heure de communiquer le détail de la facture.
Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, a tenté de justifier l'explosion du budget en raison de l'élargissement : organiser une présidence à 27 n'a pas le même coût que l'organisation d'une présidence à 15. En 1995, dans une Europe à 15, la présidence française avait dépensé à l'époque environ 14 millions d'euros. En 2000, l'UE comptait toujours 15 membres et la présidence française avait coûté 57 millions d'euros. Cette fois-ci, le nombre de membres a quasiment doublé mais les dépenses ont triplé. L'élargissement n'est donc pas la seule raison de cette explosion des coûts d'autant plus que les deux conseils européens et la quarantaine de réunions ministérielles formelles qui se tiennent à Bruxelles sont payés par le secrétariat général du Conseil européen.
L'essentiel des dépenses de la présidence française est donc consacrée aux rencontres informelles organisées sur le sol français et aux différents événements prévus. Par exemple, aujourd'hui, un dîner de travail est organisé pour les 26 chefs d'Etat et de gouvernement, et une soirée de gala aura lieu le 14 juillet au soir. Par ailleurs, au cours des six prochains mois, une vingtaine de réunions informelles se tiendront en province, surtout dans le sud de la France (Cannes, Nice). A Avignon, Nicolas Sarkozy souhaiterait organiser une grande conférence internationale dédiée à l'exception culturelle. A cette occasion, il compte demander aux Etats membres de l'UE de réfléchir à une baisse de la TVA sur les produits culturels (disques, DVD) au même titre que la TVA réduite sur le livre.
Pour l'instant, l'Elysée ne livre qu'aux comptes gouttes les différentes manifestations culturelles qui auront lieu dans le cadre de la présidence française : conférences, colloques, défilés sont prévus pendant ces six mois. Mais le président de la République voit plus grand. Dans son édition du 24 mai, Le Monde avait révélé les pistes de réflexion du chef de l'Etat. Et en matière d'événements médiatiques, les services de l'Elysée semblaient avoir une imagination débordante :
- "réunir à Paris tous les médaillés européens après les Jeux olympiques de Pékin pour montrer que l'Europe est numéro un mondial des médailles et faire adopter un code de bonnes pratiques contre la violence dans les stades".
- "faire gravir le mont Blanc à 27 femmes des 27 pays européens, deux cents ans après l'exploit de Marie Paradis, pour défendre la cause des femmes et du changement climatique".
- "renvoyer les dirigeants européens dans le collège de leur enfance pour expliquer l'Europe".
- "rassembler des apprentis européens, pour montrer que la mobilité ne concerne pas seulement les étudiants d'Erasmus".
Dans un contexte de restriction budgétaire, les largesses de la présidence française de l'Union Européenne peuvent surprendre. La place accordée à la communication est sans précédent. Le détail des dépenses ne sera rendu public qu'en 2009, au moment du bilan. D'ici là, vous pouvez retrouver toute l'actualité de la présidence française sur la "PFUE TV", site internet conçu spécialement pour l'occasion.
- Présidence de l'UE : les coulisses de l'interview de Nicolas Sarkozy sur France 3
- Europe : Qu'est-ce que le traité de Lisbonne ?
- Traité de Lisbonne : pourquoi les irlandais ont dit non ?
- Traité européen simplifié : fallait-il un référendum en France ?
- Comment Nicolas Sarkozy est-il perçu à l'étranger ?
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Série "L'argent du pouvoir" : Combien y a-t-il de collaborateurs à l'Elysée et à Matignon ?