Qu'est devenu Gilles de Robien, l'ancien ministre de l'Education ?

Enquête · 17 juil. 2008 à 23:39

Gilles de Robien

De 2002 à 2007, le centriste Gilles de Robien a participé à tous les gouvernements Raffarin et Villepin. En tant que ministre des transports, il a défendu la création de radars automatiques pour diminuer le nombre de morts sur les routes (-37% en 5 ans). A l'Education nationale, il a dû gérer la crise du CPE. Cet ancien maire d'Amiens s'était fait connaître en 1996 avec la première loi sur la réduction du temps de travail. Mais avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy et sa défaite aux municipales d'Amiens en mars 2008, Gilles de Robien a quitté la scène politique. Qu'est-il devenu depuis ?


Un an après l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, que sont devenus les chiraco-villepinistes et les anciens ministres du gouvernement Villepin ? Politique.net prend de leurs nouvelles dans une série intitulée "Que sont-ils devenus ?"

Chiraquiens

Ministre de Jacques Chirac entre 2002 et 2007

Membre de l'UDF, Gilles de Robien a été la seule caution centriste sous le quinquennat de Jacques Chirac. Alors que François Bayrou s'est montré de plus en plus critique à l'égard des gouvernements de droite, Gilles de Robien a servi de liens privilégiés entre l'UDF et l'UMP. Symbole de l'alliance UMP-UDF dans un contexte où les centristes cherchaient à s'émanciper de plus en plus, Gilles de Robien a participé à tous les gouvernements Raffarin et Villepin.
De mai 2002 à mai 2005, il occupe la fonction de Ministre de l'Équipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer des gouvernements Raffarin 1, 2 et 3. A ce titre, il met en place les radars automatiques. Lorsque Jean-Pierre Raffarin est remplacé par Dominique de Villepin, Gilles de Robien change de ministère et devient ministre de l'Education nationale. Critiqué au sein de l'UDF pour être resté au gouvernement, il est suspendu de ses responsabilités dans les instances exécutives de l'UDF le 14 juin 2005. Pendant les deux années suivantes, il mettra en oeuvre peu de réformes d'envergure si ce n'est la suppression de la méthode globale pour l'apprentissage de la lecture. En 2006, il doit également gérer les conséquences de l'agitation anti-CPE.

Ecarter du pouvoir avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy

Consensuel, rejetant les critiques contre le pouvoir chiraquien, Gilles de Robien s'est marginalisé au sein de l'UDF. Au cours de la présidentielle 2007, il a tardé à se rallier à Nicolas Sarkozy en affichant son soutien au candidat l'UMP seulement au mois de mars. En rupture avec François Bayrou, Gilles de Robien n'a plus de poids politique suffisant au sein de l'UDF pour se faire entendre sur une alliance UMP-UDF. Après la victoire de Nicolas Sarkozy, Gilles de Robien n'est pas repris dans la nouvelle équipe gouvernementale, trop marqué par les années chiraquiennes alors que le nouveau locataire de l'Elysée a fait toute sa campagne sur le thème de la rupture. En outre, de nouvelles personnalités centristes sont approchées, comme Hervé Morin, dans une logique de politique d'ouverture.

2007-2008 : la perte de tous ses mandats locaux et nationaux

Le 16 mai 2007, contre toute-attente, Gilles de Robien décide de ne pas se représenter aux législatives, dans la 2e circonscription de la Somme dont il est député depuis 1986 pour se consacrer pleinement à la politique locale à Amiens, dont il est maire depuis 1989. A l'approche de municipales risquées, Gilles de Robien veut mettre tout en oeuvre pour conserver sa mairie.
Malgré ses efforts, le contexte national complique sa tâche. Le renouvellement d'une partie de l'équipe municipale ne suffit pas à Gilles de Robien pour redresser son image. Il apparaît usé après 19 ans passés à la tête de la ville. Le 16 mars 2008, il est battu et annonce qu'il se retire de la vie politique locale. Quelques jours plus tard, il se ravise et prend la tête de l'opposition au conseil municipal d'Amiens. En l'espace d'une année, Gilles de Robien a donc perdu tous ses mandats locaux et nationaux.

Un ancien ministre décoré et recasé au Bureau International du Travail

Ecarté du gouvernement, déchu de ses mandats, Gilles de Robien a tout de même trouvé une porte de sortie. Le pouvoir parvient toujours à recaser ses cadres. En août 2007, il a ainsi été nommé représentant français au conseil d'administration du Bureau international du travail. En octobre 2007, il est aussi nommé en toute discrétion "ambassadeur, chargé de promouvoir la cohésion sociale" selon le décret signé par Nicolas Sarkozy. Enfin, en janvier 2008, il fait partie de la promotion pour la Légion d'honneur.
Ancien ministre, ancien député et ancien maire, Gilles de Robien a donc réussi sa reconversion hors de la politique active grâce au soutien du pouvoir qui s'attache à ne jamais laisser sur le côté des responsables politiques déchus.

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