Enquête · 22 juil. 2008 à 23:31
Symbole de la société civile, Thierry Breton est resté deux ans à Bercy, en tant que ministre de l'Economie et des Finances. Pressenti pour ce poste dès 2004 quand Nicolas Sarkozy fut contraint par Jacques Chirac de choisir entre le gouvernement et l'UMP, Thierry Breton n'est entré au gouvernement qu'en 2005, après la démission d'Hervé Gaymard suite à l'affaire du duplex à 14 000 euros par mois. En tant qu'ancien dirigeant de grandes entreprises publiques, il entendait gérer les finances publiques comme on gère une entreprise : il n'aura donc qu'une obsession pendant son passage à Bercy, réduire les déficits. En bons termes avec Nicolas Sarkozy, il n'est pourtant pas reconduit dans ses fonctions en mai 2007, au nom de la politique de rupture. Que fait-il aujourd'hui ?
Un an après l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, que sont devenus les chiraco-villepinistes et les anciens ministres du gouvernement Villepin ? Politique.net prend de leurs nouvelles dans une série intitulée "Que sont-ils devenus ?"
Ingénieur diplômé de Supélec, Thierry Breton a fait une grande partie de sa carrière dans le monde de l'entreprise : directeur général adjoint de Bull, président de Thompson puis de France Telecom en 2002. A ce poste, il réussit à redresser un groupe surendetté et en pleine tourmente après l'éclatement de la bulle d'Internet. Son arrivée en politique est due à la force de persuasion de Jean-Pierre Raffarin. En 2002, déjà, le Premier ministre de Jacques Chirac avait souhaité nommer un ministre de l'Economie issue du monde de l'entreprise en la personne de Francis Mer. En 2004, lorsqu'il a fallu remplacer Nicolas Sarkozy à Bercy, Jean-Pierre Raffarin a tenté, en vain, de convaincre Thierry Breton de devenir ministre. C'est finalement en février 2005, après la démission surprise d'Hervé Gaymard, qu'il entre au ministère de l'Economie.
Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin plaçaient beaucoup d'espoir en celui qui avait redressé France Télécom de manière spectaculaire. Dès sa nomination, Thierry Breton a endossé son costume d'ancien dirigeant d'une entreprise du CAC 40 bien décidé à appliquer les méthodes de l'entreprise à la gestion de l'Etat. Sa priorité constante sera la réduction du déficit budgétaire.
Mais l'arrivée de Thierry Breton en politique ressemble à un rendez-vous manqué. A force d'avoir repoussé son entrée au gouvernement, il est arrivé trop tard dans le gouvernement Raffarin. Entré à Bercy à l'initiative de Jean-Pierre Raffarin en février 2005, il n'a pas le temps de lancer un grand plan d'économies qu'il subit un changement de Premier ministre. Nommé trois mois plus tôt, Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont souhaité le maintenir à son poste. Mais désormais, c'est Dominique de Villepin qui dirige de facto toute la politique économique et sociale, la lutte contre le chômage étant l'obsession du nouveau Premier ministre.
Dès lors, coincé entre un Premier ministre qui consacre tout son temps à la politique économique et sociale du gouvernement, et un président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, qui prépare son programme présidentiel en lançant régulièrement des pistes de réflexion pour relancer la croissance, Thierry Breton peine à exister.
Trop chiraquien pour Nicolas Sarkozy, Thierry Breton est écarté de la composition du gouvernement Fillon malgré son ralliement au candidat de l'UMP pendant la campagne présidentielle. Deux mois après cette éviction prévisible, il est retourné à sa première activité d'enseignant (il avait été professeur au lycée français de New York entre 1979 et 1981) en acceptant une chaire d'économie à Harvard aux Etats-Unis. Actuellement, il exerce son activité à temps plein et vit l'essentiel de son temps à Boston, aux Etats-Unis.
Parallèlement à ses activités d'enseignant, Thierry Breton a accepté en septembre 2007 de devenir conseiller auprès de la banque Rothschild. En tant que "senior advisor" de l'entité américaine de la banque d'affaires, il travaille sur quelques dossiers internationaux.
Régulièrement dans la presse, on annonce le retour de Thierry Breton en France. Seul français à avoir été à moins de 50 ans patron de deux entreprises du CAC 40, cotées à Paris et à New York, Thierry Breton pourrait prendre la présidence du directoire du groupe Carrefour, selon un confidentiel de la Tribune en date du 17 juillet 2008.