Vidéos · 5 août 2008 à 22:04
Le thème de l'insécurité a fait la Une des journaux pendant plus de 5 ans. En 2002, Lionel Jospin est écarté du second tour de la présidentielle par Jean-Marie Le Pen, notamment à cause du thème de l'insécurité. Entre 2002 et 2007, Nicolas Sarkozy a construit sa popularité en cultivant l'image d'un ministre de l'Intérieur sans concession à l'égard des "multirécidivistes", des "mineurs délinquants" et en prônant la "tolérance zéro". Arrivé à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a poursuivi sur sa lancée en créant les peines planchers, c'est-à-dire des peines automatiques pour tout récidiviste. Au moment de la campagne présidentielle en 2007, le candidat de l'UMP avait pu aligner de "bons chiffres" : baisse générale de la délinquance, à l'exception des violences faites aux personnes. Mais où en est l'insécurité depuis la victoire de Nicolas Sarkozy ? Encore présente au quotidien dans certains quartiers, elle a en revanche totalement disparu... des médias.
Illustration avec deux cas de figure : les émeutes et incendies en 2007 et 2008.
Lors du bref passage de Barack Obama à Paris, Nicolas Sarkozy et le candidat démocrate à la présidentielle américaine ont tenu une conférence de presse commune. Des journalistes de la presse française et étrangère étaient présents et ont donc posé des questions à Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Au cours de la conférence de presse, une journaliste américaine a interrogé Nicolas Sarkozy sur les émeutes qui avaient éclaté en France en novembre 2005. Cet embrasement avait fait la Une des journaux américains qui avaient notamment insisté sur les problèmes d'intégration en France. La personnalité provocatrice de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur à l'époque, avait été montrée du doigt par certains pour expliquer l'embrasement généralisé.
En guise de réponse à la journaliste, Nicolas Sarkozy s'est contenté de préciser qu'au cours des émeutes de novembre 2005, il n'y avait eu aucune bavure de la part de la police et que depuis son arrivée à l'Elysée, il n'y avait eu aucune bavure. Sauf que le président de la République a zappé les émeutes de Villiers-le-Bel de novembre 2007. Montage effectué par Arrêt sur Images:
Si la délinquance a baissé depuis 2002, l'insécurité a surtout totalement disparu des 20 heures de TF1 et de France 2. Alors que pendant la campagne présidentielle de 2002, les reportages sur le sentiment d'insécurité, illustrés par quelques faits divers, étaient diffusés quotidiennement aux 20 heures, ils ont totalement disparu depuis...
Sous le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, la droite s'était notamment agacée de la banalisation d'un phénomène en expansion : les incendies de voitures lors du réveillon du 31 décembre et de la fête nationale du 14 juillet. Les chiffres communiqués chaque année faisaient l'objet de vives critiques de la part de la droite qui dénonçait l'impuissance des pouvoirs publics et le sentiment d'impunité très présent chez les délinquants. Quand Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur, le nombre de voitures brûlées battait toujours des records et illustrait, selon l'UMP, la nécessité absolue d'une politique plus répressive.
Et qu'en est-il depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée ? Les 20 heures de TF1, de France 2 et le 19/20 de France 3 ont été analysés en détail par Arrêt sur Images. Selon le site de décryptage des médias, seul le 20 heures de TF1 a parlé de "feux de poubelle et de l'incendie d'un gymnase" le 14 juillet. Sur France 2 et France 3, aucune information de ce type.
Or, le bilan du 14 juillet 2008 est connu et a fait l'objet d'une dépêche AFP : dans la nuit du 13 au 14 juillet, 297 voitures ont été incendiées selon le ministère de l'Intérieur, dont 211 en Ile-de-France. La nuit suivante, 295 véhicules ont brûlé. Autrement dit, ce sont près de 600 voitures qui ont brûlé lors du 14 juillet, et ce chiffre est en hausse par rapport à l'an dernier.
Nicolas Sarkozy a donc réussi le tour de force de faire disparaître l'insécurité... dans les médias.
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