Européennes 2009 · 5 sep. 2008 à 23:32
En 1999, celui qu'on surnommait Dany Le Rouge avait un retour remarqué sur la scène politique française en se présentant aux élections européennes. Dix ans plus tard, après un nouveau détour par les Verts Allemands entre 2004 et 2008, il espère pouvoir se représenter en France, mais cette fois-ci avec une liste écologique élargie aux non Verts. Face à la marginalisation grandissante des Verts français, il souhaiterait construire une liste allant de Nicolas Hulot à José Bové en passant par les Verts. Le pari est audacieux, mais rien n'est encore fait.
Portrait de Daniel Cohn-Bendit.
Daniel Cohn-Bendit est né le 4 avril 1945 en France, à Montauban. Ses parents, juifs allemands, se sont réfugiés en France dès 1933 au moment où Hitler arrive au pouvoir. Jusqu'à l'âge de 14 ans, Daniel Cohn-Bendit n'a pas de nationalité. Il opte pour la nationalité allemande pour échapper au service militaire français. Avec sa famille, il déménage en Allemagne où il étudie au lycée d'Oberhambach. Son baccalauréat en poche, il revient en France pour faire des études de sociologie à la faculté de Nanterre en Hauts-de-Seine, grâce à l'obtention d'une bourse.
C'est en mai 68 que Daniel Cohn-Bendit s'est fait connaître des médias et du public. En effet, c'est à Nanterre que les mouvements de contestation qui se propagèrent dans la France entière débutent. L'étudiant se fait alors porte -parole et leader de la révolte de Mai 68. Très vite, il apparaît sur la liste noire des étudiants de Nanterre. La police fait évacuer la faculté. Daniel Cohn-Bendit, suivi par d'autres étudiants, occupe la Sorbonne, à Paris. A la fin du mois de mai, alors qu'il rentre d'un séjour en Allemagne, il découvre qu'il n'a plus le droit de demeurer en France. Il parvient à entrer sur le territoire en se teignant les cheveux et assiste à un meeting à la Sorbonne où on le reconnaît et on l'acclame. Il lance un slogan qui restera célèbre depuis : « Nous sommes tous des juifs allemands ». Dans les médias on le surnomme : « Dany le rouge ».
Mais, expulsé par le gouvernement français, Daniel Cohn-Bendit doit rentrer en Allemagne, à Francfort. Il devient éducateur dans une crèche alternative qui refuse toute forme d'autorité, une crèche répondant aux slogans prônés par la jeunesse de Mai 68.
A Francfort, il poursuit son action révolutionnaire. Il participe à la création du groupe « Revolutionärer Kampf ». Il se lie d'amitié avec Joschka Fischer, qui lui aussi a participé aux émeutes de Mai 68 en Allemagne. Ensemble, ils fréquentent le milieu anarchiste de Francfort. Ils mènent ainsi plusieurs actions révolutionnaires en squattant dans des maisons, en manifestant dans des entreprises.
En 1978, alors que le gouvernement français ôte son interdiction de séjour en France, David Cohn-Bendit prend la décision de demeurer en Allemagne. En 1981, il soutient la candidature de Coluche qui se présente à l'élection présidentielle en France. Il quitte le milieu anarchique pour se rapprocher du mouvement écologique.
En 1984, il s'engage véritablement aux côtés des écologistes en adhérant à leur parti : « Die Grünen ». Il rejette la tendance au fondamentalisme écolo-socialiste préférant la tendance réaliste. En tant que tel, il soutient le ministre de l'environnement en Hesse, pendant son mandat. En 1986, pour bien marquer sa rupture avec l'anarchisme, il publie un ouvrage intitulé « Nous l'avons tant aimée, la Révolution ».
A la fin des années 1980, la mairie de Francfort change de majorité. Le maire Volker Hauff propose à trois membres du parti Die Grünen différents postes. Daniel Cohn-Bendit accepte celui de conseiller à l'Office des Affaires Multiculturelles.
En novembre 1993, le parti écologiste, Die Grünen, l'inscrit sur une liste pour les élections au Parlement européens. Il devient député en juin 1994, son parti ayant obtenu 10,1% des suffrages. Il demeure toutefois conseiller à la mairie de Francfort. Parallèlement, il devient animateur à la télévision, pour une émission littéraire : « Literaturclub ». Son contrat prend fin en 2003.
En 1999, il se présente de nouveau aux élections européennes, mais cette fois, il décide de passer la frontière et d'être tête de liste des Verts en France. Ce retour est un challenge personnel pour celui qui fut interdit de séjour en France jusqu'en 1978. Le parti obtient 9,72 % des voix : c'est le deuxième meilleur résultat des Verts français aux élections européennes après celui d'Antoine Waechter en 1989.
En 2004, il se présente de nouveau aux élections européennes mais côté allemand, dépité par la cacophonie qui règne au sein des Verts français. Il repasse donc du côté des Verts allemands. En février, le Parti Vert européen est lancé. Daniel Cohn-Bendit est désigné porte-parole du parti pour la campagne européenne. Il est ensuite élu co-président, avec Monica Frassoni, des Verts au Parlement européen. A Strasbourg, il devient membre de la Commission des affaires économiques et monétaires ainsi que membre de la Commission des affaires constitutionnelles.
Daniel Cohn-Bendit s'affiche comme un « libéral-libertaire » : il souhaite en effet que l'Etat intervienne moins dans l'économie et que le citoyen soit libre d'agir à sa guise, en connaissance de cause. Avec ses idées libérales, il s'éloigne des Verts qui ont une idée plus sociale de l'écologie comme de l'économie. Lors du referendum sur la Constitution européenne, il s'est engagé du côté du « oui » alors que la plupart des membres de son parti se sont inquiétés des conséquences de l'ouverture des frontières au niveau économique.
En 2008, Daniel Cohn-Bendit propose de créer un nouveau groupe écologique en vue des élections européennes de2009 : « Europe-Ecologie ». L'objectif est de présenter une liste écologique élargie aux non Verts afin de surfer sur la vague Hulot de la présidentielle de 2007.