Le Canard enchaîné · 9 sep. 2008 à 19:40
L'information a quoi de surprendre. Elle est à lire dans le Canard Enchaîné du 3 septembre 2008 : cet été, Brice Hortefeux, ministre de l'immigration, et Fadela Amara, secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville, se sont retrouvés fin août dans un château situé dans le Puy de Dôme pour un séminaire gouvernemental consacré à la sémantique : en clair, trouver un langage commun entre les deux ministres aux convictions diamétralement opposées pour parler de l'immigration et éviter les couacs gouvernementaux. L'année dernière, les tests ADN avaient suscité la colère de Fadela Amara qui avait jugé cette mesure "dégueulasse". La rencontre entre les deux ministres avait donc pour but d'aplanir les différents afin d'éviter de nouvelles frictions. Sauf que selon le Canard Enchaîné, ce séminaire s'est tenu dans un château rénové par des travailleurs clandestins. Et Brice Hortefeux pouvait difficilement l'ignorer...
Source : Didier Hassoux, "Hortefeux et Amara en goguette chez un employeur de clandestins", Le Canard Enchaîné n°4584, 3 septembre 2008
Fadela Amara, ancienne présidente de "Ni putes, ni soumises" et secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville depuis un an et demi, est hostile à la politique d'immigration de Brice Hortefeux. La secrétaire d'Etat, issue de l'immigration et marquée à gauche, peine à cautionner la dureté de la politique d'immigration du gouvernement : les reconduites à la frontière ont fortement augmenté, le ministère met la pression sur les préfectures pour "faire du chiffre", les élèves dont les parents sont sans-papiers sont systématiquement expulsés à la fin de l'année scolaire au grand dam de l'association "Réseau Education Sans Frontières", les conditions de naturalisation ont également été durcies.
Les éléments de friction sont donc nombreux entre Brice Hortefeux et Fadela Amara. Malgré la solidarité gouvernementale qui prévaut en pareil cas, Fadela Amara n'a pas hésité à exprimer son hostilité vis-à-vis de cette politique à plusieurs reprises. Pour éviter de nouveaux couacs, les deux ministres se sont donc retrouvés cet été pour s'expliquer et tenter de trouver une ligne commune.
Selon le Canard Enchaîné, Brice Hortefeux, Fadela Amara et leurs collaborateurs, se sont retrouvés les 22 et 23 Août dans un château du Puy-de-Dôme pour parler de la politique d'immigration. Ce séminaire a réuni une quarantaine de personnes pour un coût total de 20 000 euros dans un château du XIXe siècle qui contient un restaurant, 47 chambres et est entouré d'un parc de 8 hectares. Ce cadre était donc idyllique pour un séminaire gouvernemental. A ceci près que la bâtisse a été rénovée en début d'année par une trentaine d'ouvriers polonais, tous travailleurs clandestins, employés au noir. Une information judiciaire a été ouverte en débuté d'année, le gérant a été mis en examen et les travailleurs clandestins ont été expulsés.
Malgré cela, le ministère de l'Immigration n'a pas hésité à choisir ce lieu, et donc payer la note de 20 000 euros au gérant indélicat, pour organiser le séminaire. Et selon un enquêteur qui s'est confié à l'hebdomadaire : il était "étonnant de voir M. Hortefeux et Mme Amara venir au château. L'un et l'autre ne pouvaient pas ne pas être au courant des investigations en cours". Brice Hortefeux pouvait d'autant moins l'ignorer que les travaux de rénovation effectués par ces clandestins ont été en partie financés, à hauteur de 110 000 euros, par le conseil régional dont Brice Hortefeux fait partie. A l'époque, l'affaire avait fait grand bruit.
Alors, la tenue de ce séminaire chez un employer de clandestins, négligence ou Acte manqué ?
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Encyclopédie politique : Biographie de Brice Hortefeux
