Revue de presse · 12 sep. 2008 à 23:14
Lorsque Nicolas Sarkozy était devenu président de l'UMP, il avait fait de l'augmentation du nombre d'adhérents à l'UMP son baromètre personnel. En deux ans, le parti était passé d'environ 160 000 membres à un peu plus de 350 000. Ce bon spectaculaire avait été permis grâce à la mise en place de nouvelles méthodes de recrutement : simplification des modalités d'adhésion, objectifs chiffrés à tenir pour chaque fédération, organisation de manifestations festives pour faire vivre le mouvement. Le doublement des effectifs obtenus est directement lié à la personnalité de Nicolas Sarkozy. Mais depuis son élection et sa chute dans les sondages, le niveau des adhésions à l'UMP a chuté. De 370 000 adhérents en 2007, le parti dépasserait à peine les 200 000 membres en 2008. Le président de la République, qui veille de près sur l'UMP, a donc demandé aux Jeunes du parti ("les Jeunes Pop") de recruter de nouveaux militants en allant les chercher... dans les lycées et les universités.
- NouvelObs : L'UMP veut envoyer ses jeunes "partout"
- Le Monde : Les jeunes UMP sommés de conquérir 20 000 nouveaux adhérents
- Les Echos : Darcos favorable à la création d'une « UMP-lycées »
Officiellement, les partis politiques n'ont pas le droit de cité dans les établissements scolaires. Le PS, l'UMP, les Verts ou toute autre organisation politique n'ont donc pas le droit d'installer une permanence, ni un stand, pour faire du démarchage ou du prosélytisme. Pour autant, la politique n'est pas absente des lycées et des universités car si les partis sont interdits, les syndicats ne le sont pas. Or, ce sont essentiellement des syndicats de gauche qui sont bien implantés dans les lycées et les universités. A l'Université, l'UNEF, syndicat proche du Parti Socialiste, est le syndicat le plus puissant. Dans les lycées, l'UNL (Union Nationale des Lycéens) est le syndicat le mieux implanté. Marqué à gauche et proche du PS, il exerce une certaine influence sur les lycéens notamment en période de mouvements sociaux. C'est précisément l'influence de ces syndicats de gauche que Nicolas Sarkozy souhaite contenir.
Lors du "campus" de l'UMP, Nicolas Sarkozy, qui avait envisagé de s'y rendre dans un premier temps, a laissé un message à destination de l'équipe dirigeante des "Jeunes Pop", l'organisation des moins de 30 ans de l'UMP. Il leur a demandé de quasiment doubler leurs effectifs en 2 ans. Le chef de l'Etat souhaite que les Jeunes Pop passent de 30 000 membres en 2008 à 50 000 membres en 2010.
Nicolas Sarkozy entend donc appliquer la culture du chiffre, qu'il avait mis en oeuvre lorsqu'il était président de l'UMP, aux Jeunes Pop pour recruter de nouveaux militants dans la tranche 18-25 ans. Double avantage : renouveler son vivier d'électeur dans une tranche d'âge qui a massivement voté Ségolène Royal au second tour de la présidentielle, et tenter de limiter l'influence des syndicats de gauche dans les lycées afin de prévenir tous mouvements sociaux.
Si les partis politiques sont interdits dans les établissements scolaires, comment l'UMP va-t-elle pouvoir recruter ? Pour contourner l'interdiction, l'UMP va mettre en place un nouveau dispositif de recrutement. Le parti va nommer dans les lycées et les universités des "référents". Des lycéens et des étudiants, coachés par l'UMP, vont essayer de recruter de nouveaux adhérents pour leur parti. Pour y parvenir, ces "référents" devront créer un effet de groupe en utilisant tous les moyens de communication : espaces communautaires sur Internet, Forums, réseaux sociaux. L'idée n'est pas de faire de la politique dans les lycées, c'est juridiquement interdit, mais de recruter dans les lycées pour amener ces militants potentiels à entrer dans la vie militante à l'extérieur du lycée.
La gauche s'est immédiatement élevée contre ce prosélytisme déguisé. Mais à droite, le ministre de l'Education en personne, Xavier Darcos, est sorti de son devoir de réserve pour soutenir l'initiative. L'UMP-lycée est née.
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