Au Sénat, l'UDF existe toujours, le MoDem et le Nouveau Centre espèrent créer un groupe

Revue de presse · 15 sep. 2008 à 21:21

Sénateurs UDF

Dimanche prochain, les élections sénatoriales vont renouveler un tiers des sièges du Sénat. Seuls les grands électeurs (conseillers municipaux, généraux, régionaux, députés) sont appelés à voter. Avec un mode de scrutin qui surreprésente les petites communes rurales, la droite est assurée de garder la majorité. Mais une autre bataille se joue au sein de l'assemblée : la bataille des Centres. Car contrairement à leurs collègues députés, plusieurs sénateurs centristes n'ont toujours pas tranché entre le MoDem et le Nouveau Centre. Et certains souhaitent même maintenir l'existence de l'UDF...

Revue de presse du lundi 15 septembre 2008

- AFP : Hervé Morin veut faire du NC un "carrefour" pour les centristes dispersés
- L'Express : Pour Bayrou, le Modem doit prendre du poids
- NouvelObs : Le Nouveau centre courtise les sénateurs UDF

L'explosion des centres : MoDem, Nouveau Centre... et UDF ?

L'élection présidentielle de 2007 a abouti à l'explosion des centres. La déflagration remonte à l'entre deux tours de la présidentielle, quand François Bayrou a refusé à appeler à voter Nicolas Sarkozy. Alors que l'UDF a participé à toutes les majorités de droite depuis sa création, François Bayrou amorçait un changement d'alliance du parti centriste, désormais ouvert au dialogue avec la gauche. La plupart des cadres de l'UDF n'ont pas suivi François Bayrou dans sa stratégie autonomiste, considérant que leurs électeurs étaient avant tout des électeurs de droite. Entre le deuxième tour de l'élection présidentielle et les législatives de juin, François Bayrou a acté sa rupture politique en créant le Mouvement Démocrate (MoDem). La plupart des députés centristes ne l'ont pas suivi afin de recevoir le soutien de l'UMP. Dans la précipitation, ils se sont organisés autour d'Hervé Morin, ancien bras droit de Bayrou rallié à Nicolas Sarkozy, en créant le Nouveau Centre. L'UDF de Bayrou s'est donc scindé en deux : au MoDem, la légitimité du suffrage universel de celui qui est arrivé troisième de l'élection présidentielle, au Nouveau Centre, la légitimité des élus centristes de l'ex-UDF. Mais au Sénat, le groupe "Union Centriste - UDF" est resté intact.

L'Union Centriste - UDF refuse de se dissoudre et tente de s'organiser

Dans un premier temps, les sénateurs centristes, qui ont toujours participé aux majorités de droite, ont refusé de trancher en ne rejoignant ni le Nouveau Centre, ni le MoDem. Le groupe "Union Centriste - UDF" s'est maintenu.
Mais après la dissolution de l'UDF au sein du MoDem, les 33 sénateurs centristes ont dû choisir : 26 d'entre eux se sont affiliés financièrement au MoDem qui a reçu ainsi un financement public grâce à eux. Les autres ont rejoint l'UMP ou le Nouveau Centre. Malgré ces ralliements, les sénateurs centristes ont maintenu leur groupe "Union Centriste - UDF". Mais après l'échec du MoDem aux municipales de 2008 et la prise de conscience collective que la stratégie d'isolement de François Bayrou condamnait le MoDem politiquement, une partie des sénateurs centristes ont tenté de faire revivre l'UDF, arguant du fait que la structure juridique existait toujours. La fronde, menée par Jean Arthuis, a abouti à la tenue du comité directeur de l'UDF en avril 2008. Mais la manoeuvre a échoué et François Bayrou a conservé la propriété du sigle UDF.
Depuis, Jean Arthuis a créé une association intitulée « Union centriste-UDF Mayenne » qui a vocation à devenir un organisme politique national à destination des centristes qui ne se reconnaissent ni dans le MoDem, ni dans le Nouveau Centre. La fuite des sénateurs du MoDem s'est donc poursuit après les municipales. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 10, affiliés financièrement au parti de François Bayrou.

Sénatoriales 2008 : MoDem et Nouveau Centre espèrent créer un groupe

La situation au Sénat reste donc confuse. Il n'existe qu'un seul groupe centriste, présidé par Michel Mercier, et dont le nom est "Union Centriste - UDF". Pour l'instant, ni le Nouveau Centre, ni le MoDem n'ont suffisamment de sénateurs pour pouvoir créer leur propre groupe autonome. Mais ils espèrent pouvoir le faire à l'issue des prochaines sénatoriales. Il faut pour cela que chaque parti réussisse à faire élire au moins 15 sénateurs. Le pari du Nouveau Centre, grâce à sa stratégie d'alliance avec l'UMP, est possible. En revanche, en raison de son isolement politique, les probabilités pour le MoDem de constituer un groupe autonome au Sénat sont quasi nulles.
A l'issue du scrutin, une clarification devra s'imposer pour les sénateurs centristes : choisir entre le MoDem et le Nouveau Centre, ou décider de poursuivre la fragmentation des centres en relançant un canal historique des ex-UDF avec le risque d'affaiblir un peu plus une tendance politique visiblement en pleine crise identitaire.

*** Liens

- Sénatoriales : mode d'emploi d'une élection oubliée
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