Européennes 2009 · 16 sep. 2008 à 22:21
Poil à gratter de la gauche et surtout de la droite depuis des années, Jean-François Kahn est un journaliste politique reconnu. Enthousiaste, souvent avec excès, il a fondé et dirigé deux hebdomadaires au ton souvent corrosif à l'égard du milieu politique. Pourtant, à 70 ans, il vient de décider de se lancer en politique en se présentant aux élections européennes de 2009, sous les couleurs du MoDem de François Bayrou. Retour sur le parcours politique d'un journaliste atypique.
Portrait de Jean-François Kahn.
Jean-François Kahn est né le 12 juin 1938 à Viroflay, dans les Yvelines. Son père est un philosophe d'origine juive tandis que sa mère est catholique. Les parents se séparent : Jean-François Kahn part vivre avec son père mais ses deux frères suivent la mère. Il fait des études d'histoire, obtient une licence mais doit se mettre rapidement au travail et gagner sa vie en faisant des petits boulots. Il est donc embauché dans un premier temps au tri postal puis dans l'imprimerie, en tant que manoeuvre.
Finalement, il décide de se tourner vers le journalisme. Il est envoyé en mission en Algérie pour couvrir la guerre d'indépendance. Sur place, il mène une enquête sur l'affaire Ben Barka et multiplie les scoops qui lui permettent ensuite de faire carrière comme correspondant pour de nombreux journaux : il collabore ainsi à Paris-Presse, L'Express, Europe 1, Le Monde. Enfin, en 1977, il est nommé directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires
En 1984, il lance un nouvel hebdomadaire : l'Evénement du jeudi. L'objectif de ce journal au départ vise à analyser l'actualité dans un ton virulent, sans concession. En 1990, pour survivre, L'événement du jeudi est racheté par le groupe Lagardère et Jean-François Kahn cède la place à Georges-Marc Benamou. Le journal change alors de nom et devient L'Événement en 1998. Finalement, Jean-François Kahn refait surface et rachète le magazine grâce aux recettes de son nouvel hebdomadaire, Marianne. Il propose à Maurice Szafran la direction de L'Evénement qui change de ligne éditoriale en devenant un hebdomadaire culturel. Ce nouveau concept échoue, et L'Evénement perd son identité : il change encore de nom et s'insère comme supplément télévision à France-Soir. Il s'intitule L'Evénement France-Soir. Encore une fois, la formule ne convainc pas. Le journal disparaît définitivement.
Après avoir quitté L'Evénement du jeudi, Jean-François Kahn décide de créer avec Maurice Szafran un nouvel hebdomadaire d'information en 1997 : Marianne. La ligne éditoriale est plus radicale encore que L'Evénement du jeudi. L'hebdomadaire est souvent provocateur dans le traitement de ses sujets politiques. Sa position est le centrisme révolutionnaire c'est-à-dire qu'il rejette l'opposition gauche-droite, et souhaite proposer une voie différente.
Si Marianne est très critique à l'égard des deux grands partis, il l'est surtout à l'égard d'un Sarkozy trop médiatique et omnipotent, « un monarque », selon les dires de Jean-François Kahn.
Si Marianne fait recettes et devient en quelques années l'hebdomadaire le plus acheté en kiosque, en revanche, les publicitaires le boudent. Pour connaître les raisons de ce désintérêt pour son hebdomadaire, Jean-François Kahn fait un audit. Il semblerait que les publicitaires attendent une nouvelle maquette, moins de rubriques « cheap », de faits divers, etc. Enfin, les publicitaires ne veulent pas acheter des pages de publicités à un journal critiquant leurs clients que ce soit des constructeurs, entrepreneurs ou des enseignes de la grande distribution.
Jean-François Kahn est un véritable graphomane. Même s'il n'utilise pas d'ordinateur, il écrit de nombreux articles dans Marianne sous différents pseudonymes comme François Darras, Thomas Vallières ou P.M.O, au point d'écrire parfois près de la moitié des articles de chaque numéro.
A 70 ans, Jean-François Kahn décide de se retirer du journalisme et de mettre fin à sa collaboration à Marianne. Il cède également son poste de directeur.
Jean-François Kahn n'a jamais mâché ses mots ni tenté de se montrer modéré dans ses prises de position. Proche de François Bayrou, il a défendu le candidat MoDem à l'élection présidentielle de 2007. Il dénonce d'ailleurs l'attitude trop consensuelle et unanime des grands quotidiens dont aucun n'a soutenu la candidature de François Bayrou, préférant demeurer dans le clivage gauche/droite.
Après une carrière journalistique, Jean-François Kahn décide donc d'entrer en politique et de rejoindre le MoDem en se présentant aux élections européennes de juin 2009 en tête de liste sur la région Est. L'objectif de Jean-François Kahn, s'il est élu au Parlement européen, est d'ouvrir le débat sur le renouveau des sociétés en mettant l'individu au centre des préoccupations et non plus l'Etat ou l'argent, espérant ainsi mettre en application ses théories politiques.