breve · 22 sep. 2008 à 21:54
En cette rentrée parlementaire, un député manque à l'appel. Il s'agit de Renaud Dutreil. Député de la Marne, il a annoncé début août qu'il quittait la vie politique pour s'installer à New York et prendre la direction d'une filiale de LVMH. Sauf que Renaud Dutreil n'a toujours pas démissionné de son mandat de député et compte visiblement ne plus le faire.
Renaud Dutreil va-t-il devenir le premier député français à faire les lois en visioconférence depuis New York ?
Le 5 août dernier, le député de la Marne, Renaud Dutreil, a annoncé publiquement qu'il comptait se retirer de la vie politique afin de faire carrière dans le privé. C'est dans une tribune publiée par le journal Le Monde et intitulée « Pourquoi je quitte la vie politique » que le député de la Marne a fait cette annonce. Il venait de trouver un emploi de cadres à LVMH à New York. Depuis le début du mois, Renaud Dutreil préside donc la filiale américaine du leader mondial du luxe. Après vingt ans de carrière politique, une nouvelle vie a donc débuté pour Renaud Dutreil.
Quand un député écrit dans une tribune qu'il quitte la vie politique, on peut imaginer que cela signifie qu'il met fin à son mandat. Sauf que le site d'Arrêt Sur Images a révélé qu'aucun journaliste n'était allé vérifier les dires de Renaud Dutreil après l'annonce de son départ.
Le 29 août, dans l'Union de Reims, on apprend que le député compte finalement conserver son siège malgré les allusions faites par Le Monde. Le journal n'aurait en effet pas compris que Renaud Dutreil « arrête la politique partisane » selon son attaché parlementaire mais ne renonce pas à son mandat. C'est son suppléant Salim Saoud qui le seconde et Renaud Dutreil s'est engagé à revenir en France plusieurs fois par mois.
S'il est vrai que Renaud Dutreil s'installe aux Etats-Unis pour présider la filiale LVMH, une autre raison pourrait expliquer ce départ Outre-Atlantique. Sa femme, Christine Dutreil, est mêlée à une affaire juridique assez ennuyeuse, relayée depuis le printemps dernier dans plusieurs journaux. Le Monde a été le premier a enquêté sur le groupe Wendel qui a permis à quelques cadres, haut placés, de racheter des actions du groupe dans des conditions très avantageuses, mettant en péril les petits actionnaires. Ces derniers, soutenus et conseillers par des avocats pointus dans le domaine, sont parvenus à toucher près de 8 millions d'euros. Cette opération n'est pas illégale en soi mais pose un problème éthique. Une enquête fiscale a donc été ouverte pour mettre à jour ces placements et éclaircir les points obscurs. Christine Dutreil, directrice de la communication du groupe Wendel, a profité de cette opération juteuse et a empoché sa part du pactole. C'est donc dans ce contexte que les Dutreil ont quitté la France.
Le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a peu apprécié le revirement de Renaud Dutreil et son envie de rester député tout en habitant New York. Le 11 septembre dernier, il a exprimé son mécontentement expliquant que le député résidait trop loin de sa circonscription pour exercer correctement sa fonction. Le Bureau de l'Assemblée nationale devrait trancher prochainement afin de réguler cette situation singulière.
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Edit du 23 septembre : Suite à la polémique, Renaud Dutreil a remis sa démission à Bernard Accoyer. Le président de l'Assemblée nationale avait estimé qu'il n'était "plus à même de remplir de façon acceptable les obligations d'un parlementaire". En revanche, le secrétaire d'Etat en charge des relations avec le parlement avait estimé qu'il pouvait rester député. Finalement, Renaud Dutreil a renoncé.