Revue de presse · 25 sep. 2008 à 19:33
Le congrès du Parti Socialiste passionne peu les foules. Vue de l'extérieur, la succession de François Hollande s'apparente avant tout à un combat de personnes. Le nombre de candidats au poste de Premier secrétaire est tout aussi pléthorique que celui des postulants à l'élection présidentielle. Faute de leadership incontesté, le parti n'arrive plus à se faire entendre. Six motions ont donc été déposées. Deux motions sont défendues par des courants mineurs au PS (Utopia et pôle écologique) et sont peu représentatives. En revanche, les quatre autres motions sont défendues par quatre personnalités du PS. Et, contrairement aux apparences, la bataille du congrès est aussi une bataille d'idées.
- Le Figaro : Le PS lance la bataille
du congrès de Reims
- Le Monde : Des alliances à l'écologie, ce que disent les motions du PS
- Rue89 : PS : quatre « rassembleurs » et autant de divisions
Les alliances de dernière minute, lors du dépôt des motions, montrent à quel point le congrès de Reims peut être perçue comme une bataille d'egos : les uns s'allient avec les ennemis d'hier, d'autres hésitent puis finissent par se résoudre à soutenir une ligne politique qu'ils critiquaient la veille. Les militants ont alors l'impression que les idées ne comptent pas et que seules les alliances purement tactiques déterminent le choix des uns et autres. Alors qui est avec qui ?
Les principaux responsables ont fait leur choix : François Hollande soutient Bertrand Delanoë, tout comme Lionel Jospin, Michel Rocard, Jean-Marc Ayrault (ancien partisan de Ségolène Royal) et Pierre Moscovici, rallié de la dernière heure. Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Arnaud Montebourg (autrefois partisan de Ségolène Royal) et Pierre Mauroy soutiennent Martine Aubry. La gauche du parti incarnée par Jean-Luc Mélenchon et Henri Emmanuelli s'est rangée derrière Benoît Hamon. Enfin, Ségolène Royal est soutenue par Vincent Peillon, par les grands élus locaux comme le maire de Lyon, Gérard Colomb, mais aussi par Julien Dray, qui a longuement hésité avant de se prononcer. Si ces alliances sont stratégiques, elles correspondent aussi à quatre lignes politiques différentes : gauche, centre-gauche, social-démocrate, centre-droit.
Benoît Hamon incarne l'aile gauche du Parti Socialiste : l'Etat doit davantage intervenir dans le domaine économique et social, il doit préserver tous les acquis sociaux. Le PS ne doit pas s'accommoder d'un simple accompagnement du capitalisme, il doit profondément changer le système pour introduire plus de justice sociale. L'aile gauche du PS veut préserver l'Union de la gauche en s'alliant avec les Verts, le Parti Communiste et pourquoi pas entamer des discussions avec l'Extrême-gauche.
Martine Aubry est l'instrument des Fabiusiens et des Strauss-khaniens pour éviter qu'un présidentiable ne s'empare du Parti Socialiste. Sa candidature est née de la volonté des perdants de la primaire socialiste de 2006 de faire barrage à Bertrand Delanoë et Ségolène Royal. L'objectif est que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn préservent leur chance pour 2012. Depuis, la maire de Lille a enrobé sa candidature dans une orientation politique de centre-gauche : le discours est offensif, elle se place dans le camp des réformistes tout en s'appuyant sur les classes populaires. Elle critique fortement la direction sortante et souhaite mettre fin à la paralysie du parti née de la volonté d'aboutir systématiquement à des synthèses sans relief.
Bertrand Delanoë incarne le réformisme social-démocrate. A la différence de Martine Aubry, il s'est détaché de l'aile gauche du parti, notamment de ceux qui ont voté non au référendum européen, et n'hésite pas à se déclarer socialiste et libéral. Selon lui, il faut corriger les effets négatifs du libéralisme, tout en accompagnant le développement économique et social, avant tout impulsé par les entreprises. Soutenu par François Hollande, Bertrand Delanoë se place dans la continuité de la direction sortante : réformiste et gestionnaire.
Ségolène Royal, fidèle à sa stratégie élaborée lors de la présidentielle, continue de cultiver sa différence. Elle souhaite d'abord profondément changer les structures du PS. Faute du soutien des grands courants, à l'exception des élus locaux, elle souhaite davantage donner la parole et le pouvoir aux militants. Appliquer ainsi la démocratie participative au parti en ayant pour objectif d'augmenter le nombre d'adhérents. Sur le plan politique, elle multiplie les propositions iconoclastes et rejette toutes les solutions classiques, défendues par le PS ces dernières années. Et contrairement à Bertrand Delanoë et Martine Aubry, la question d'une alliance avec le MoDem n'est pas taboue. En discutant avec le centre-droit, elle se coupe volontairement de la gauche du PS.
Hormis l'aile gauche du parti, les trois courants appartiennent tous à la même famille politique, le "réformisme de gauche". Tout l'enjeu du scrutin est donc de savoir jusqu'où le PS est prêt à se déplacer vers le centre de l'échiquier politique.
Encyclopédie
- Qu'est-ce qu'une motion au Parti Socialiste ?
- Pourquoi les responsables socialistes sont-ils appelés les "éléphants" ?
- 20 portraits de responsables politiques du Parti Socialiste
Actualités
- Le Parti Socialiste voit ses effectifs baisser de 40% dans certaines fédérations
- Les dérives de certaines fédérations du PS : bourrage des urnes et adhérents fantômes
- Ségolène Royal change de stratégie et joue à quitte ou double son avenir au PS
Internet & Politique
- Où se trouve le Nouveau parti socialiste sur Internet ?
- Martine-aubry.fr, un copier/coller de Barackobama.com
- "Utile et serein .com" : la net communication de Ségolène Royal
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Quiz : Dans quelle ville se déroule le congrès du Parti Socialiste de novembre 2008 ?