Zapping radio · 26 sep. 2008 à 20:25
Les détracteurs de Jean-Michel Aphatie, journaliste politique qui officie sur RTL et Canal +, lui reprochent souvent une différence de traitement selon le rang de l'invité. Il serait complaisant face aux plus hauts responsables de l'Etat et beaucoup plus pugnace face aux invités moins importants. Ainsi, l'interview de Nicolas Sarkozy sur RTL le 27 mai dernier avait donné lieu à une avalanche de critiques contre Jean-Michel Aphatie, qui avait écarté un certain nombre de questions embarrassantes pour le président de la République.
Le journaliste a constamment dénoncé un procès d'intention et assure préparer les interviews de la même manière, quel que soit le rang de l'invité. Illustration avec Gérard Larcher, futur président du Sénat et donc prochainement le deuxième personnage de l'Etat. Invité jeudi matin, après avoir remporté la primaire UMP pour succéder à Christian Poncelet, Gérard Larcher a dû répondre à un feu nourri de questions sur les privilèges des sénateurs et les dérives du palais du Luxembourg. Dans un premier temps, Gérard Larcher a tenté de faire bonne figure en dénonçant l'image caricaturale du Sénat dans les médias, mais sous la pression de Jean-Michel Aphatie, il a fini par reconnaître quelques problèmes.
Interview du jeudi 25 septembre 2008 - RTL
D'abord sur l'absentéisme des sénateurs (un tiers ne viendrait jamais au Sénat, d'après le livre d'Yvan Stefanovitch), Gérard Larcher a déclaré que ses collèges sénateurs travaillaient beaucoup en commission. Mais il a précisé par la suite qu'il fallait que le travail en séance publique et en commission soit plus attractif, manière détournée de reconnaître que les sénateurs ne sont pas tous motivés pour s'y rendre.
Jean-Michel Aphatie enchaîne ensuite sur la "cagnotte" des sénateurs appelée sobrement "réserve parlementaire" et qui est évaluée à environ 300 millions d'euros. Cette enveloppe budgétaire, dont les conditions d'utilisation restent très opaques, est destinée au financement de projets locaux dans les départements des sénateurs. L'utilisation de ces fonds est très décriée car la cagnotte alimente le clientélisme : un sénateur arrose sa circonscription de subventions pour s'attirer la sympathie des élus locaux à qui il doit son élection. Jean-Michel Aphatie fait remarquer que les fonds secrets ont été supprimés et demande à Gérard Larcher s'il compte supprimer cette obscure cagnotte. La réponse est un bel exemple de langue bois : le futur président du Sénat refus le terme de cagnotte ou de magot opaque et préfére parler de "levier pour l'aménagement du territoire".
Enfin, la dernière attaque de Jean-Michel Aphatie concerne l'appartement de 200m² près du jardin du Luxembourg à Paris, que l'Etat a acheté pour le président sortant, Christian Poncelet. Ce dernier va pouvoir en bénéficier "à vie". Gérard Larcher, visiblement embarrassé, a expliqué que ce problème serait examiné lorsqu'il prendra ses fonctions et que la notion d'un bien donné "à vie" n'avait pas de sens. Il laissait ainsi entendre qu'il pourrait revenir sur cette décision. A Politique.net, nous allons donc suivre l'affaire de près.
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